Hommage : repos éternel pour Gérard Athané

Jeudi 9 Mai 2019 - 21:07

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S’il existe un paradis pour les lions, Gérard Athané y repose en paix. Celui que l’on surnommait affectueusement le lion ou, plus communément encore Gaps, a tiré sa révérence sur la terre des hommes le 6 mai 2019.

Originaire de la région d’Ariège en France, embarqué sur le sol gabonais dès l’âge de ses 15 ans, posant ses bagages de longues années après à Dolisie, Gaps aura vécu mille vies, mille aventures, écrivant d’une encre indélébile une partie de l’histoire de la capitale de l’or vert. 

Trois quarts de siècle d’une vie bien remplie, une scierie qu’il crée à son arrivée à Dolisie et détruite durant la guerre civile en 1998, des boulots de maigre fortune pour survivre à Pointe-Noire pendant ce temps, un nouveau départ forcé. Ainsi nait le restaurant hôtel le Mess Gaps.

A cette table dolisienne la plus réputée de la ville, celle de tous les voyages, on vient goûter les "missala", boire un verre sous les paillotes, se rafraîchir d’un plongeon dans la piscine ou trouver repos dans l’une des treize chambres de ce havre de paix. A peine quelques pas plus loin, le voyageur découvre le musée privé de Gaps,  une collection rare de plus de six cents pièces dont de très nombreux « masques premiers ».

Le lion de la vallée du Niari était connu comme le loup blanc, aimé comme personne. RFI ou encore le magazine Jeune Afrique lui avait consacré reportages et articles. L’écrivain Bénédicte Froger-Deslis avait également co-écrit, avec ce citoyen d’honneur de la ville de Dolisie, une biographie "Niafora – Paroles de Gaps" sur la base de six petits cahiers d’école noircis par le lion à l’encre bleue. A son propos, cette femme écrivait ceci :  « Gérard Athané, dit Gaps, est à la fois mi-Conrad, mi-Tarzan ; mi-homme, mi-sorcier. Rien ne l’effraie : ni sortilèges, ni féticheurs, ni éléphants, ni mambas verts. Il pourrait être qualifié de Dernier des Mohicans, nous dirons ici le Dernier des Blancs, de ceux qui ont voué leur existence à l’Afrique, qui lui ont légué leur âme ».

Gaps, avec humour et philosophie, aimait écrire son Afrique, transmettre son héritage. Sur les réseaux sociaux, livrant bataille avec la maladie qui aura eu raison de lui, il aura écrit jusqu’à ses derniers souffles de vie, plongeant dans sa mémoire encore vive pour narrer récemment des souvenirs de chasse d’une autre époque ou évoquant avec sensibilité les jours qui le rapprochaient des cieux : «  Si vous attendez un bouquet de fleurs à la main ou un billet de loterie, l’attente devient espérance. Dans mon cas, elle devrait être délivrance… ». Pour ceux qui le lisaient, Gaps avait fait de la mort programmée une touchante leçon de vie !

A travers tout le Congo, s’abat une pluie d’hommages, de messages d’amitié et de reconnaissance pour saluer le dernier voyage du lion vers les étoiles.

 

Philippe Edouard

Légendes et crédits photo : 

Gérard Athané

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