Hydrocarbures : la baisse de prix attendue sera sans impact social

Samedi 4 Mai 2019 - 17:30

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L’option de réduire de cinquante francs congolais (FC) le prix du litre à la pompe ne saurait soulager le maigre pouvoir d’achat des automobilistes et des usagers du transport en commun, pour la simple raison qu’elle ne produirait aucun effet d’entraînement social. A contrario, les transporteurs penchent plutôt sur une baisse de l’ordre de 1 500 FC pour influencer dans le sens voulu la tarification du transport en commun.

Les avis restent toujours partagés après l’annonce, le 24 avril dernier, d’une baisse prochaine de l’ordre de 50 FC du prix du carburant à la pompe. Du côté du gouvernement de la République, il y a eu une volonté affichée « de soulager le pouvoir d’achat et de baisser le prix de la course ». Cela entrait également dans le cadre du volet social du programme d’urgence de cent jours du chef de l'Etat, Antoine-Félix Tshisekedi Tshilombo. Une opération qui ne constitue qu’un simple effet d’annonce car les pétroliers distributeurs ont adhéré effectivement à l’initiative gouvernementale, moyennant bien entendu des mécanismes de compensation comme la suspension prochaine de la taxe de pollution.

Pour la petite histoire, le 22 avril, soit deux jours plus tôt, il y avait eu l’adoption d’une nouvelle structure des prix par les représentants du gouvernement (les ministères de l’Economie, des Finances et des Hydrocarbures), la Banque centrale du Congo (BCC) et les pétroliers. Au cours de la réunion du 24 avril présidée par le ministre du Plan, Modeste Bahati Lukwebo, l’option semblait bien retenue et son application effective au bout d’une semaine. Une décision qui semble, d’ailleurs, plus politique qu’économique, car la réduction du prix à des proportions négociées arrivait après une succession de hausses (850 FC, 1 150 FC, 2240 FC…). Pour certains analystes, le gouvernement de la République a cherché davantage à lancer un signal fort à l’économie qui recommençait à revivre après les tensions politiques.     

Des réactions mitigées

Plus d’une semaine après, aucun bilan n’est toujours disponible. En fait, cette réduction de 50 FC du prix du litre à la pompe n’est pas effective au niveau des stations-service de la capitale. Encore que les prix divergent selon l'endroit du territoire congolais où l’on se trouve. Vendu à 2240 FC dans la capitale, le même litre d’essence qui atteint plus difficilement le centre du pays (provinces enclavées) est vendu à 3 300 FC à Mbuji-Mayi. Par contre, Lubumbashi, la capitale du cuivre, distribue son litre d’essence à 1 630 FC. Dès lors, une baisse de l’ordre de 50 FC ne représente en fait que moins de 3 %, un niveau bien insignifiant pour avoir un effet d’entraînement possible. En effet, le calcul sur la baisse ou la hausse prend en compte un certain seuil établi à plus de 5 %. Par ailleurs, des interrogations subsistent toujours sur l’étendue de la mesure : Kinshasa seulement ou Kinshasa et le reste du pays ?

Dans la perspective d’une baisse à Kinshasa, le nouveau prix de l’essence à la pompe reviendrait théoriquement à 2 190 FC contre 2 240 FC actuellement. Les réactions restent mitigées sur une telle perspective dans la capitale. La proportion n’atteint pas le seuil décisif pour conduire à la révision à la baisse du prix de la course et à d’autres effets sociaux. Si l’on sait que le transport intervient à plus de 60 % dans la fixation du prix des produits agricoles venant de l’intérieur du pays, l’on comprend mieux l’intérêt stratégique d’agir sur un tel levier. Pour obtenir le miracle social, il faut compter sur une baisse d’au moins 1 500 ou 1 000 FC du prix du litre à la pompe.

Laurent Essolomwa

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