Immigration : l’Italie débordée

Lundi 18 Août 2014 - 16:45

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Le ministre de l’Intérieur excédé estime que son pays a fait sa part ; que l’Union européenne prenne désormais le relais du poids des flux débarquant !

S’il ne comportait pas aussi des morts d'hommes - le drame de l’immigration en Italie serait vite devenu un feuilleton lassant. Il ne passe pas de jour désormais, depuis le mois de juin, qu’une nouvelle vague de téméraires poussés hors de chez eux par les guerres en Syrie ou en Irak ; en Centrafrique ou en Somalie n’arrive par milliers sur les côtes européennes. L’Italie, pays cerné par les mers, reste le plus proche point d’accostage lorsqu’on a quitté les ports de Libye ou de Tunisie à bord d’une embarcation de fortune.

La péninsule est exsangue. Ses autorités débordées et dépassées par le coût élevé de l’opération maritime de surveillance qui se réduit désormais à sauver les migrants de la mort, appellent l’Union européenne à la rescousse. « L’opération ‘Mare Nostrum’ ne célèbrera pas un deuxième anniversaire », a averti le ministre de l’Intérieur Angelino Alfano. Il affirme qu’en un an, cette opération navale a permis de sauver 70.000 personnes en Méditerranée. « Nous sommes champions du monde de l’accueil ; à l’Union européenne de prendre la relève ! », a-t-il martelé.

En attendant, la presse italienne soulignait lundi, alors que le pays était « en attente » de 800 nouveaux migrants interceptés en mer, la diversification et la sophistication des moyens utilisés désormais par les trafiquants pour tenter de forcer le blocus européen. Les iles italiennes du sud, la Sicile et la région de Calabre dont elle est en quelque sorte l’appendice détachée en particulier ne sont plus les seules visées par les rafiots débordants de désespérés. La Sardaigne, un peu plus au nord-ouest, et tous les ports sur les flancs est et ouest de l’Italie voient désormais débarquer des files d’immigrants. Ou compter les morts sur leurs plages.

À l’Italie s’ajoute aussi désormais l’Espagne comme point de débarquement. À vrai dire ce pays a toujours été dans « le viseur » des trafiquants de clandestins. Régulièrement, des dizaines de migrants vivant dans des forêts aux abords des enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla, incluses dans le territoire marocain, vont à l’assaut de la barrière de séparation pour tenter de gagner l’Europe par cette partie du continent. Le détroit de Gibraltar, qui sépare de l’Afrique, est de plus en tentant aussi pour toutes les témérités de traversée.

Selon la presse italienne toujours, les trafiquants n’hésitent plus désormais à jouer de l’audace. Ils n’hésitent pas à embarquer sur de très rapides motonautiques les clandestins qui en ont les moyens pour leur faire franchir le détroit. Cela ne prend que 15 minutes, mais près d’un million de francs et demi à qui veut jouer à la roulette russe dans ce qui est une vraie tentation du sort. Les trafiquants, indiquait-on, baisseraient de quelques milliers de francs le prix de la traversée pour tout clandestin acceptant, en plus, de se charger d’un petit paquet dont on peut deviner qu’il est de drogue. Un trafic dans le trafic en quelque sorte !

Lucien Mpama