Immigration : un fonds italien pour l’Afrique

Jeudi 2 Février 2017 - 17:24

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Investir dans les pays de provenance ou de transit des migrants pour assécher les flux et les trafics.

Tout à fait logique avec lui-même, le gouvernement italien a ajouté un cran concret à la liste de ses propositions pour freiner, d’une manière plus humaine, les flux de migrants. Rome a porté de l’avant un projet, le migration compact, basé sur le principe d’investir le plus possible pour offrir aux jeunes africains les opportunités qu’ils viennent chercher, au risque de leur vie, en Europe. Le projet est censé recueillir les contributions des pays membres de l’Union européenne.

Mais l’Europe est une machine lourde. Or, tous les jours que Dieu fait des dizaines de migrants quittent les côtes libyennes pour se diriger principalement vers le port italien de Lampedusa, en Sicile. Cette situation contribue à gonfler le nombre des clandestins dans la Péninsule, et contribue à la montée des populismes qui exploitent le ressentiment et la peur des opinions.  L’Italie ne peut pas se donner autant de temps que ses partenaires européens pour aborder promptement la question de l’immigration.

Des visites au Niger, au Sénégal et en Ethiopie ont préparé le terrain. Partout les émissaires italiens sont allés prôner les vertus de la responsabilité partagée. Freiner les flux avant même que les migrants quittent leurs pays, prennent le risque de franchir le désert du Sahara ou, pire, tentent de traverser la Mer Méditerranée où déjà 5000 désespérés ont péri noyés cette année. Une véritable hémorragie dont souffre l’Afrique sans doute, mais aussi l’Italie qui ne doit pas être littéralement à la joie de ramasser chaque matin des cadavres échoués sur ses plages !

C’est partant de ces considérations que Rome vient de mettre sur pied un « fonds africain », distinct de l'enveloppe habituellement consacrée à la coopération au développement, a précisé le ministre des Affaires étrangères Angelino Alfano. Il devrait servir « à la lutte contre le trafic d'êtres humains et l'immigration clandestine ». Prévu par la loi de finances 2017, ce "Fonds Afrique" est appelé à faire partie des dispositifs italiens de lutte contre les migrations clandestines.

Les trois pays particulièrement concernés par la mesure, la Libye, le Niger et la Tunisie, points de départ ou de transit d'une grande partie des migrants qui arrivent chaque année par dizaines de milliers sur les côtes italiennes. Les sommes versées aux Etats pourront être consacrées à la formation des forces de sécurité, à des équipements ou à des instruments techniques visant à renforcer les « frontières extérieures » de l'Italie, a indiqué M. Alfano.

« Nous ne construisons pas de mur en Méditerranée, nous ne pourrions pas le faire et nous ne le ferons pas. Nous donnons de l'argent à ces pays mais ils doivent en retour utiliser cet argent pour réduire le nombre de migrants clandestins qui arrivent chez nous. Nous leur demandons une grande loyauté, une loyauté vis-à-vis de l'Italie qui sauve des centaines de milliers de vies et qui finance le dispositif », a ajouté le ministre, qui souhaite étendre cette collaboration à d'autres pays dont le Nigeria, le Sénégal, l'Egypte ou l'Ethiopie.

L’Union européenne est au moins d’accord sur la nécessité de « fermer la route allant de la Libye à l'Italie ». Recevant cette semaine à Bruxelles le chef du gouvernement d'union nationale (GNA) libyen Fayez al-Sarraj, le président du Conseil européen Donald Tusk, a dit avoir abordé la question mercredi avec le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni. « Je peux vous assurer que c'est à notre portée. Ce dont nous avons besoin est une détermination totale pour le faire », a-t-il dit.

Lucien Mpama

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