Immobilier au Congo : ici maison à louer !

Samedi 28 Septembre 2013 - 8:09

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Une porte entrouverte et des pièces vides signifient tout simplement que la maison est à louer. Un autre moyen de repérage peut être une enseigne « Ici maison à louer » maladroitement écrite mais dans certains quartiers cette formule est désuète. Des propriétaires scrupuleux sur certaines règles n’auront pas à poser de panneau pour trouver locataire

Le constat général est qu’au Congo les locaux en location n’ont pas été construits à dessein, pas du tout destinés à la location dans la plupart des cas. Résultat, ces maisons souffrent de certains inconforts essentiels, à commencer par un minimum d’espace. Ce point peu sensible chez certains logeurs est pourtant source de conflits, car ce qu’ils oublient c’est que « là où s’arrête ma liberté commence celle d’un autre ». Famille avec ou sans enfants, ou encore célibataires, voici les catégories de personnes qui chaque jour sont à la recherche d’un mieux-être, d’un chez soi.

Des personnes qui proposent des maisons à la location, on peut dire qu’elles ont, pour la plupart, reçu leur bien immobilier en héritage. Location déclarée ou non, les propriétaires attendent la fin de mois pour réclamer leur dû. Certains d’entre eux ont des biens acquis au cours de leur carrière par des activités productives de tout genre.

Des « démarcheurs » véritables as de l’arnaque

Les personnes à la recherche d’une location passent par des parcours différents pour trouver une maison. Elles se sont soit rapprochées d’agences immobilières bien structurées et reconnues, soit elles se sont dirigées vers des officines qui se sont implantées dans les quartiers. Deux chambres, salon ; salon, chambre ; villa : ce sont des propositions que nous pouvons lire çà et là. Ces maisons tant recherchées actuellement se font de plus en plus rares.

Denise, une mère de famille habitant le quartier de Poto-Poto, explique qu’elle a attendu près d’une année avant de trouver la maison où elle se trouve aujourd’hui : « Les prix ne font que galoper. On ne saurait comprendre réellement pourquoi. Une maison de trois pièces peut atteindre de 80 à 100 000 FCFA, cela varie selon le quartier et l’état de la maison. Ce qui décourage, c’est la caution – deux, trois, voire quatre mois parfois – et ce qui fâche c’est qu’il faut verser en plus un mois de plus au démarcheur ! » Ces démarcheurs, à qui les Congolais soumettent leurs vœux de trouver rapidement une maison, savent pour les plus professionnels d’entre eux quel type de logement proposer à telle ou telle autre personne. Ils possèdent dans les quartiers de véritables réseaux qui repèrent pour eux d’éventuels mouvements de personnes. D’autres sillonnent les rues comme des voleurs. Mais ce qui déçoit, au-delà du manque de vraies politiques d’encadrement dans ce secteur, ce sont les rémunérations de ces démarcheurs : 5 000 FCFA non remboursables pour ce qu’ils appellent « un droit de visite », c’est-à-dire pour visiter la future habitation. Les problèmes naissent quand la maison proposée est déjà prise…

De la « cour commune» de Dosso, nous retiendrons…

Une grande leçon de vie. Une cour réputée comme il en existe partout en Afrique par les scènes de jalousies, rivalités et « palabres », discutions à longueur de journée entre les occupants de cette habitation. La série ivoirienne Ma famille, qui a eu un succès fou à Brazzaville et ses environs en 2006, nous a renvoyé une image ou une réflexion qui s’offrent à nous sur cette tribune aujourd’hui et dont chacun pourra tirer les conclusions qu’il souhaite. Sommes-nous fait pour vivre réellement confinés et ensemble ? Y a-t-il des exemples heureux de cohabitation ? Quels sont pour les propriétaires les critères pour vivre ensemble sans problèmes ? Quelles sont les attentes des locataires lorsqu’ils vivent à plusieurs ? Comment définir de bons critères de cohabitation, surtout que ceux-ci changent d’une famille à une autre, selon leur niveau de vie ou leur éducation.

Mais avant de poursuivre, un recadrage est à faire parce que deux cas de figure s’offrent à nous, voire trois. Le premier est celui où de nombreuses personnes vivent dans l’enceinte d’une concession, à partir de deux foyers des problèmes peuvent surgir. Un autre exemple concerne les maisons à cohabitation forcée avec les logeurs. Selon l’expérience de Laurence Badila, « là où les logeurs cohabitent avec leur locataire, ce sont des règlements à n’en pas finir. Calendrier de nettoyage des douches, de balayage de la concession… Mais ce qui fait le plus mal, c’est qu’on a l’impression que tout est observé, qu’on a toujours besoin de rendre des comptes. » Pour Pierre Mouk, « c’est là où il y a un certain nombre de femmes dans une même parcelle que les problèmes naissent. Les hommes en général n’ont pas le temps de savoir si l’autre s’est bien habillée avant de sortir le matin où si la famille d’à côté a cuisiné tel ou tel plat aujourd’hui ! » Dans le cas de Doriane, son expérience a été traumatisante. Elle a vécu avec son mari et sa petite fille de quatre ans à Brazzaville quelques mois avant de retourner définitivement dans son pays d’origine, de l’autre côté du fleuve Congo. Son mari avait souhaité s’installer à Brazzaville pour des raisons professionnelles. Il devait travailler quinze jours à Brazza et quinze autres jours à Kinshasa : « Nous avions réussi à avoir un studio pas mal du tout du côté de Bacongo. Notre logeur, un monsieur d’une cinquantaine d’années, surveillait tous nos faits et gestes. Notre fille ne pouvait même pas jouer dans la petite cour. Mais à part les règles que lui seul dictait, le plus difficile était qu’il pouvait faire irruption chez nous pour vérifier si les murs de la maison n’étaient pas sales. Il agissait comme ça avec tout le monde. Quant au loyer, on était toujours parmi les derniers à le payer, et tous nos voisins étaient au courant de cette situation. Un jour, il décida en notre absence d’enlever tout simplement la porte d’entrée ! Pour toute conclusion, j’ai demandé à mon mari de repartir chez nous bien que l’on commençait à se faire de vrais amis. » Enfin, dans le troisième cas de figure, c’est lorsqu’on pas à se plaindre de qui que ce soit, parce que l’on vit seul dans une concession.

Locataire aujourd’hui, propriétaire demain !

Des expériences riches des uns et des autres, parfois bonnes ou souvent mauvaises, poussent les Congolais à ne rêver que d’une chose : avoir son chez-soi. Un bout de terre quel que soit l’endroit du côté de Kintélé où les prix sont plus ou moins abordables, où du côté de Madibou et de ses environs quelle que soit la distance, l’objectif est d’avoir son propre terrain. Respirer enfin un parfum de liberté où les règles ne seront dictées que par soi même ! Si certaines personnes ont réussi pendant leur expérience locative à s’acheter un lopin de terre et à s’y installer après avoir vécu sans trop de difficultés avec les voisins, cette situation n’est pas commune à tous. D’autres n’ont pas cette chance d’espérer un jour construire par manque de moyens financiers.

 

Partout les mêmes problèmes
Les chefs de quartiers, de blocs ou de zone, des arrondissements gèrent et arbitrent régulièrement des problèmes liés à la cohabitation. Les différends qu’ils tranchent relève le plus souvent de l’intrusion à la vie privée, à la médisance, querelles à répétition, rivalité, etc.…

Selon un chef de quartier de l’arrondissement Mfilou, qui requiert l’anonymat vient de trancher une affaire incroyable, si l’on vous la racontait. « Tout a commencé à cause d’une pièce de 25Frs qui de nos jours ne représente presque rien vous conviendrez. Deux personnes vivant dans une même parcelle, se sont disputée et ont emmené l’affaire chez nous. L’une d’entre elle a un petit commerce devant leur domicile. L’autre va envoyer l’enfant pour les besoins du petit déjeuner du matin, sucre, pains etc.… mais cette dernière va oublier, de remettre la différence 25Frs. La maman constatant qu’il manquait va demander à l’enfant de repartir chez a voisine, qui va répondre que l’argent de la caisse ne peut plus ressortir, voilà tout le problème. Pour conclusion, nous avons demandé aux deux personnes de se demander mutuellement pardon parce que selon ce que nous prodiguons comme conseil ‘La colère est une courte folie, la rancune est sa cuisine’».

Luce-Jennyfer Mianzoukouta