Infrastructures : le contrat sino-congolais bat de l’aile

Mercredi 29 Janvier 2014 - 18:00

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Le partenariat serait en panne suite au non-respect par le gouvernement de ses engagements, notamment la prise en compte des risques politiques encourus par ces investissements.

Le fameux « contrat chinois » ainsi que le commun des Congolais désignent le partenariat que la RDC a conclu avec un groupe d’entreprises chinoises pour la construction de quelques infrastructures de base. Après la rumeur vite démentie sur un prétendu retrait d’Exim bank qui finance les firmes chinoises engagées dans cette opération, la tendance est aujourd’hui à l’arrêt des travaux. Les ingénieurs et ouvriers chinois tournent les pouces, faute de chantier. L’activisme qui les avait caractérisés au début a baissé d’un cran. Plusieurs chantiers ouverts ont été carrément abandonnés tant à Kinshasa qu’à l’intérieur du pays. Et pour cause ? Cela fait pratiquement près de six ans que les entreprises chinoises engagées dans ce partenariat ne libèrent plus les fonds nécessaires pour l’exécution des travaux.

Le groupe d’entreprises chinoises (GEC) agissant dans le cadre de la Sicomines, la joint-venture minière née du partenariat avec le gouvernement congolais avec 68% des parts lui revenant, peine à trouver des moyens financiers devant soutenir l’exécution des travaux. La Sicomines, pour rappel, est censée gérer les apports de deux parties pour le respect des droits et obligations des uns et des autres. Apparemment, entre le consortium chinois et Exim Bank, le courant ne passe plus bien. D’où le flou entretenu autour du financement des travaux au grand dam du gouvernement obligé d’attendre que Gec réalisa sa part du Contrat. A la cellule de suivi desdits contrats, on ne pipe mot du dossier préférant parler des « difficultés passagères ». Des sources gouvernementales au faîte du dossier évoquent la nécessité d’examiner en profondeur la question.

Du côté du gouvernement, il y a également beaucoup des choses à redire en termes de respect des engagements librement souscrits. La RDC, entend-on dire dans les milieux concernés, ne prend pas en compte les risques politiques encourus par les investissements consentis dans le cadre desdits contrats. Alors qu‘elle s’était engagée à adopter une loi devant sécuriser le régime fiscal, douanier et de change applicable à ce projet de coopération en raison de sa spécificité, la RDC ne donnerait pas suffisamment de gages pour assurer la protection des entreprises chinoises engagées dans ce partenariat. Les chinois craindraient, d’après des sources, la nationalisation de leurs entreprises ou encore l’expropriation de la Sicomines dans laquelle ils détiennent la majorité des parts (68% contre 32% à l’Etat congolais). Les tergiversations du gouvernement congolais dans l’adoption et la promulgation de la loi susdite seraient à la base, d’après certaines indiscrétions, du décaissement en 2013 par les entreprises chinoises des fonds nécessaires à l’exécution des projets d’infrastructures, notamment la construction de routes et d’hôpitaux.

Notons que l’apport de contractants dans le cadre dudit contrat a consisté en un échange, du côté de la RDC, des droits et titres miniers couvrant les gisements naturels de cuivre et cobalt (Dikulwe et Mashamba) enfouis dans les régions de Kolwezi au Katanga. Et dans le cadre de la Sicomines, les entreprises chinoises ont accepté apporter le financement et la RDC la concession minière.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Une route impraticable à Kinshasa