Interview. Benoît Janin : « Airtel va continuer à investir et à se développer ici au Congo »

Samedi 28 Juillet 2018 - 16:00

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Malgré la morosité de l’économie ces derniers temps, la société de téléphonie mobile poursuivra ses investissements dans le pays, a confié son nouveau directeur général, dans cet entretien qu'il nous a accordé. Avec un parcours de vingt ans dans les télécommunications, dans des fonctions marketing puis ventes et distribution, essentiellement en Afrique, notamment dix ans chez Orange et plus de cinq ans chez Millicom Tigo, il est pour la quatrième fois à ce poste dans une société de téléphonie  mobile.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) :  Vous êtes arrivé dans un pays où Airtel est challenger, quelles sont vos ambitions et quelle est votre approche pour changer la tendance ?

Benoît Janin (B.J.) : Mon objectif est de refaire d’Airtel le n°1 du marché au niveau national, ce que nous sommes encore dans certaines régions comme Pointe-Noire. D’un point de vue nombre de clients, nous sommes déjà quasiment le leader et nous allons donc renforcer nos positions sur les dix-huit prochains mois et investir dans notre réseau, dans les nouvelles technologies et dans nos services clients pour cela.

L.D.B. : Pouvez- vous nous partager la vision d’Airtel Congo à court et moyen terme ?

B.J. : Airtel va continuer à investir et à se développer ici au Congo, dans les mois et les années qui viennent. Nos priorités sont l’internet (qualité, couverture et nouvelles technologies) et la meilleure expérience client du marché, Airtel Money où nous voulons démocratiser les moyens de paiement et favoriser l’inclusion financière grâce aux technologies mobiles, le secteur entreprise dans lequel une organisation adaptée et des ressources dédiées nous permettront d’être plus compétitifs et d’offrir la meilleure offre aux société du pays. Enfin, nous voulons aussi concentrer nos efforts de façon plus efficace sur certaines régions qui étaient jusqu’à présent moins bien servies que les grands centres urbains en matière de services mobiles, notamment internet.

 

L.D.B. : Récemment, votre entreprise a défrayé la chronique au sujet d’un plan social, qu’en est-il exactement ?

B.J. : Il n’y a jamais eu de projet de plan social chez Airtel. Mon prédécesseur souhaitait initier un plan de départs Volontaires pour les employés qui auraient été intéressés par cette démarche. Mais cela a été abandonné avant même mon arrivée et le président directeur général du Groupe Bharti Airtel en Afrique ainsi que moi-même avons déjà eu l’occasion de confirmer ceci à plusieurs reprises à l’ensemble de nos employés ainsi qu’aux autorités compétentes.

L.D.B. : La population congolaise a vu le prix des forfaits voix et internet augmenter le mois dernier. Pouvez-vous nous expliquer la raison de cette hausse ? Quel est l’impact de cette situation sur la société Airtel ?

B.J. :Tout d’abord, il faut comprendre que cette démarche d’encadrement des prix par le régulateur (Arpce) correspond à une réalité économique. En effet, le secteur des télécommunications au Congo Brazzaville est entré depuis plus de trois ans maintenant dans une spirale infernale avec un déclin du chiffre d’affaires sectoriel à  deux chiffres. Ceci était avant tout lié à une guerre des prix continuelle que se sont livrés les opérateurs et qui a conduit à des prix parmi les plus bas du continent, alors que les coûts de bande passante pour l’internet sont parmi les plus élevés du continent. Ce modèle économique ne peut plus durer si l’on veut éviter la chute complète du secteur dans les mois ou les années qui viennent. Il faut tout de même se souvenir que notre secteur est le deuxième contributeur après le pétrole en matière de recettes fiscales pour l’Etat et qu’il est aussi un très grand pourvoyeur d’emplois directs et indirects dans le pays. Pour remettre les choses dans leur contexte, les prix, même après cet encadrement, demeurent nettement inférieurs aux prix d’il y a un an et se situent dans une moyenne basse lorsque l’on compare avec d’autres pays dans la région.

L.D.B. : Généralement, les entreprises commerciales sont plus intéressées par le profit que tout autre chose. Mais nous remarquons en ce temps de crise que votre entreprise est très active dans le domaine social, quelles en sont les raisons ?

B.J. : En effet, comme tout le monde le sait, le pays traverse depuis quelque temps déjà une période difficile au point de vue économique, ce qui rend le quotidien des Congolais pas toujours évident. En tant qu’entreprise citoyenne, Airtel a toujours beaucoup investi dans le domaine social, que ce soit dans l’éducation, la santé (comme à Dolisie et Oyo récemment), l’environnement, etc. Etant donné le contexte actuel, il nous semble donc très important de redonner à nos communautés et d’intensifier nos efforts de soutien et d’appui social.

L.D.B. : Un litige oppose Airtel à un certain M. Mbere. La société a été sommée de lui payer une forte somme d’environ cinq milliards, pouvez-vous nous éclaircir sur cette relayée par la presse locale ?

B.J. : Dans ce dossier, contrairement aux allégations faites dans la presse, la société Airtel Congo n’a jamais été condamnée à payer cinq milliards de FCFA à M. Daniel Mbere. La condamnation a été plutôt faite à l’encontre d’une autre société n’ayant aucun lien capitalistique avec la nôtre. En effet, M. Daniel Mbere se présente comme un agent ayant facilité l’obtention de la licence Warid au Congo pour le compte d’Abu Dhabi Group (ce qu’Abu Dhabi Groupe nie formellement, par ailleurs). Il allègue l’existence d’une prétendue créance sans en produire la preuve. De plus, au lieu de s’en prendre à Abu Dhabi Group, partie au procès avec lui, il a décidé de s’attaquer aux intérêts d’Airtel Congo.

Nous avons donc plutôt été surpris de voir que des huissiers de justice ont commencé à poser des actes d’exécution de cette décision du tribunal directement sur les avoirs de notre société. Notre action a consisté, depuis lors, à ne combattre que cela. Depuis le 31 mai 2018, la Cour suprême a, d’ailleurs, ordonné un sursis à exécution contre la décision dont se prévaut M. Daniel Mbere à notre encontre. C’est à notre sens déjà très significatif. Sur le fond, nous attendons en toute sérénité l’examen de notre pourvoi par la Cour suprême.  Cette affaire est clairement, à notre avis, une véritable tentative d’escroquerie sur la base d’un jugement dont notre société est la cible. A ce sujet, nous avons porté plainte pour faux et usage de faux ainsi que pour escroquerie. Les procédures sont toujours en cours.

Propos recueillis par Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Benoît Janin

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