Interview. Christian Dzellat : « La peau noire, un héritage qu'il faut chérir »

Samedi 3 Novembre 2018 - 10:46

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Avec la vague d’émigration qui ne cesse d’accroître de l’Afrique vers l’Europe, certains Africains prennent de plus en plus position sur une autoprotection culturelle. A 36 ans, Noir, fier de ses origines et de sa culture, Christian Dzellat, un jeune entrepreneur de la diaspora, fait partie de cette communauté noire qui revendique la valeur et le bienfondé de la conservation de sa culture en Occident et dans le monde. Il nous livre son parcours et ses réalisations.                                      

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.): Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Christian Dzellat (C.D.): ,Je suis Christian Dzellat, d’origine congolaise, né et grandi en France, président fondateur de la société Nofi Group.

L.D.B. : C'est quoi Nofi ?

C.D. : Il s'agit simplement de la contraction de deux mots : Noir et fier, qui ont donné Nofi. De ce dernier, découlent d’autres concepts tels que Nofi store, Nofi play, Nofi…. Au fil du temps, cela est devenu une marque  car je voulais au fait une marque forte et il fallait un nom fort qui devait donner un sens.

L.D.B. Comment est née cette idée ?                    

C.D. : Au début, Noir et fier était juste une marque des T-shirts engagés que j’ai créés en 2004, ensuite est venue l’idée d’aller plus loin qu’un bout de tissu. Avec l’arrivée des réseaux sociaux dans nos vies, j’ai eu la volonté de porter le projet plus haut et loin que des simples posts sur Facebook. Par la suite, nous avons décidé de créer un média après avoir attendu que les planètes s’alignent (rires…) pour associer l’idée finale et d’appeler ce média Nofi qui a vu le jour le 21 février 2014 ( date hautement symbolique car elle rappelle l'assassinat  de Malcom X).

L.D.B. Qu'en est-il de Negus?

C.D. : Negus est le bébé de Nofi. C’est un journal qui symbolise, comme je le dis souvent, la parole noire. Le but était que la communauté noire retrouve, dans les kiosques, quelque chose qui lui ressemble, qui la rassemble. Il faudrait savoir que Négus s’intéresse à toutes les communautés noires dans l’ensemble,  en particulier des Noirs de la diaspora ici en France, en passant par ceux en Amérique, aux Antilles, ceux de Tahiti, du Brésil, de l’Ile de la réunion et tant d’autres à travers le monde.

L.D.B. Pourquoi ce nom  ?

C.D. : C’est une appellation qui désignait, sous l’empire Aksoum en Ethiopie, les rois et les empereurs. Aujourd’hui, Negus représente la noblesse africaine (noblesse de la peau noire, sa culture, etc. ).

L.D.B. Sur quoi sont fondées les publications de Négus ?

C.D. : Elles sont fondées sur l’actualité noire, française et bien au-delà de la frontière. Partout où il y a un Noir. Son public a priori est la population noire. Avec Négus, nous voulons toucher plus ce qui est en rapport avec cette communauté noire.

L.D.B. En quoi Négus est-il différent des autres journaux ?

C.D. : Pour la simple et bonne raison qu’il n’existe pas d’autres journaux ici en France qui traitent exclusivement les sujets que nous publions. Ensuite, la spécialité de la parole noire qu’on trouve dans Negus n’est retrouvée dans aucun autre média. Ce qui touche dans Negus, c’est notre culture, nos aspirations, nos traditions, les débats, les interviews, la mise en lumière de la communauté noire. Dans Negus, on protège la parole noire et on la diffuse.

L.D.B. Que représente le panafricanisme pour vous ?

C.D. : C’est mon phare d’Alexandrie dans la nuit, je me sens guider par ce dernier. Tous mes projets ont toujours eu un nonce panafricain, parce qu’aujourd’hui, nos actions et activités sont en faveur de l’Afrique pour son développement tant éducatif que sanitaire et surtout économique.

L.D.B. On trouve le rappeur noir américain 2PAC dans nombreuses de vos publications. Que représente-t-il pour vous ?

C.D. : Pour moi, 2PAC est une histoire, une incarnation, de par la transmission de ses messages dans ses chansons, ses interviews. J’ai toujours eu une sensation d’avoir su décoder tous ses enseignements sur la communauté noire. L’ouverture d’esprit, l’attention entre nous, honnêteté sur soi même et vis-à-vis de sa communauté, rester loyal envers les siens, bref être vrai et savoir s'accepter, voilà ce qu’il a essayé de nous transmettre de son vivant.

L.D.B. Et c'est quoi la peau noire pour vous ?

C.D. : C’est ma source d’inspiration. C’est un héritage, dont il faut être fier et digne, savoir le chérir, le magnifier à son tour. En faire quelque chose de grandiose, de beau, d'exceptionnel.

L.D.B. Un souhait pour les Africains à travers le monde ?

C.D. : Que l’Africain, où qu’il se situe en ce moment, se reconnecte avec son passée, avec ses origines pures, avec sa culture. Nous devons nous servir de ces bases pour être unis, afin d’avancer encore et toujours pour l’Afrique, rester Noirs et fiers .

 L.D.B. Des perspectives ?

C.D. : C’est faire de Nofi et de Negus des médias incontournables. Pour Nofi, un media web sans précédent et pour Négus, un journal d’information  sur la culture noire incontestable qui sera présent dans tous les kiosques de France.

 

 

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Propos recueillis par Karime Yunduka

Légendes et crédits photo : 

Christian Dzellat T- shirt Nofi

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