Interview. Claudy Siar : « The Voice est une aventure artistique et humaine extraordinaire »

Jeudi 2 Février 2017 - 16:37

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Depuis le 15 octobre dernier, Claudy Siar est le présentateur vedette de la première édition de « The Voice Afrique francophone », version africaine du plus grand show télévisé de la planète. La finale de l’émission est prévue pour le 4 février.

Les Dépêches de Brazzaville : Comment évaluez-vous le déroulement de The Voice Afrique francophone jusqu’à présent ?

Claudy Siar : C'est une aventure artistique et humaine extraordinaire. Une union autour de nos talents, une envie réelle de la production, la chaîne Vox Africa (propriétaire des droits de The Voice pour l'Afrique francophone) de permettre à notre continent de briller par la culture. Au-delà du rendez-vous télévisuel, The Voice est un programme qui fédère les générations et crée de la fierté. Et pour cela, je voudrais saluer le travail et l'engagement de Rolande Kamogné la fondatrice de Vox Africa et Jules Domché le directeur général de la chaîne. Respect.

 LDB : Quels sont, selon vous, les particularités de chaque coach et qu’ont-ils apporté aux talents de leurs différentes équipes ?

CS : Lokua Kanza, Charlotte Dipanda, Asalfo et Singuila sont des figures de nos musiques populaires. Ils appartiennent à des univers différents et à des générations différentes. Voilà pourquoi ces quatre stars ont été complémentaires et essentielles pour la crédibilité du programme. Nos téléspectateurs ne s'y sont pas trompés en prenant fait et cause pour l'un ou l'autre des coachs mais en saluant la pertinence de la présence de tous. Lokua, le sage ; Charlotte, la femme à câlins, machine de séduction ; Asalfo, le stratège. Singuila, le maître du jeu, avec lui tous les rêves sont possibles. Tous ont distillé un enseignement et des conseils précieux à leurs talents. Ces derniers ne sont pas prêts d'oublier l'expérience majeure qu'ils ont vécue à The Voice Afrique francophone.

LDB : Qu’est-ce que les concours musicaux apportent au secteur de la musique en Afrique ? Pensez-vous que le vainqueur de the Voice Afrique francophone pourra effectuer une carrière musicale, quand on sait que les vainqueurs d’autres concours sont tombés dans les oubliettes ? Que faut-il pour que cette carrière soit réussie ?

CS : Tout d'abord, ces concours sont de fabuleux divertissements. C'est le premier objectif. Vous me demandez si le vainqueur pourra faire une carrière ? Cela ne dépend pas que de la production de The Voice, ni de Universal qui a en charge l'album du vainqueur. J'aime à dire aux artistes qu'au-delà du talent, il faut avoir l'intelligence des métiers de la musique. Avoir le bon positionnement, choisir les bonnes chansons, contrôler son image, avoir une vision à long terme de sa carrière. Bref, autant d'éléments que seul l'artiste et son entourage peuvent apprendre à gérer.

LDB : Avec Africastar, vous aviez initié le premier concours musical panafricain. Quel souvenir en gardez-vous ? Et comment évaluez-vous les différents concours de musique organisés en Afrique ?

CS : Dans une Afrique désireuse d'être dans ce bain des grands shows musicaux télévisés, mon militantisme m'a poussé à imaginer, à créer, à produire un programme qui nous ressemble et qui soit une marque africaine. En 2008, la première saison d'Africa Star au Gabon fut exceptionnelle. La seconde en Côte D'Ivoire une catastrophe. Nous sommes très peu en Afrique à avoir une vision pour l'émancipation de notre continent. Un ami me disait il y a quelques jours "Claudy, aujourd'hui en Afrique lorsque tu es porté par un projet novateur pour l'intérêt général, déterminé à le mettre en œuvre, c'est là que les puissants du continent te diront bravo face à toi et ne lèveront pas le petit doigt pour t'aider. On a peur des gens qui voient grand dans le désintéressement".

Effectivement, personne ne peut imaginer mes projets, et dans plusieurs domaines afin de poursuivre la construction de l'indépendance de l'Afrique et l'émancipation de nos pays confrontés à la pression occidentale. Après l'esclavage et la colonisation, nous assistons à une troisième ruée vers l'Afriquefrancophone. Nous paierons très cher le fait de ne pas avoir , aujourd'hui, pris notre destin en main, pour construire demain. Cet engagement qui est le mien n'est pas un sprint mais une course de fond dans laquelle on est toujours seul. Revenons à la musique. D'autres concours musicaux ont été de belles opérations et d'autres des échecs mais je salue le courage des femmes et des hommes qui s'engagent afin que l'Afrique joue son rôle dans ce monde de l'hypermédiatisation.

LDB : N’est-il pas mieux d’organiser un « The Voice » par pays (Comme l’ont fait le Nigéria, l’Angola ou l’Afrique du Sud et comme cela se fait à travers le monde) plutôt que par région ? Quels sont, selon vous, les avantages et les inconvénients de cette formule par région ?

CS : Vous n'allez pas reprocher à Vox Africa d'avoir voulu offrir ce show international à des pays qui n'ont ni les moyens financiers, ni techniques d'organiser un tel barnum ? Le budget de The Voice c'est plusieurs milliards de F CFA, des millions en euros. Évidemment que ce serait l'idéal d'avoir des éditions nationales. C'est dans ces moments là que les réalités politiques et économiques nous rattrapent. Elles nous rappellent les faiblesses de nos États.

LDB : Y-a-t-il des artistes et des producteurs africains ou internationaux qui s’intéressent à The Voice Afrique francophone. Quelques noms à citer ?

CS : Tout le monde s'intéresse à The Voice ! N'oublions jamais que c'est le plus célèbre show télévisé de la planète. Voilà pourquoi The Voice est internationale. Beaucoup d'artistes souhaitaient (et souhaitent encore) devenir coachs, être producteurs des talents...mais je ne vous donnerai pas de noms...

LDB : Serez-vous encore le présentateur de la saison 2 ?

CS : La production me l'a assuré. Il semble que je n'ai pas démérité. J'en profite pour saluer toutes les équipes, tous les professionnels qui ont conjugué leurs talents pour offrir le plus magique des shows télévisés de musiques. Et puis adresser mon admiration à tous ces jeunes talents de la chanson qui ont offert des moments inoubliables aux téléspectateurs afin de trouver « The Voice, la plus belle voix d'Afrique francophone ». Toutes ces sonorités musicales sont porteuses d'une part importante de nos identités. C'est ça la musique.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 - Claudy Siar Photo 2 - Claudy Siar sur le plateau de The Voice

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