Interview. Jorus Mabiala : « A travers l’ouvrage "Mukukulu", je fais écho à la mise en place du Fonds bleu pour le Bassin du Congo »

Jeudi 3 Octobre 2019 - 12:40

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Qualifié dans le milieu artistique comme étant le globe-trotter du conte, Jorus Mabiala, entre deux voyages, répond aux Dépêches de Brazzaville.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : En cette période de rentrée littéraire, où avez-vous posé vos valises ?

Jorus Mabiala (J.M.) : Quelle que soit mon actualité, Marseille, en France, demeure ma ville de résidence et le lieu de départ vers mes représentations en Afrique et ailleurs. C’est là que je me suis trouvé le plus souvent durant cet été. Les états généraux de la cité phocéenne ont rassemblé des intellectuels ainsi que des hommes et  femmes de culture. Une réflexion a été menée sur une question récurrente, celle de la visibilité de l’impact arc-en-ciel de Marseille dans tous les lieux et milieux de la culture. J’ai saisi cette occasion pour organiser  des activités en parallèle. Elles ont démarré sur la Côte d’Azur avec un spectacle intitulé « Papa, parle-moi de l’Afrique », monté avec l’association Sud fraternité. Nous avons poursuivi vers la Côte Bleue, pour reprendre la série des apéros contes des Afro-descendants. Nous sommes revenus à Marseille pour les séances de dîners littéraires. En collaboration avec les amis de la Tour Sainte, de Culture hôpital et l’appui des éditions Acoria de Caya Makhélé a suivi l’événement livre Afrique Caraïbe Océan Indien pour sa deuxième édition. Enfin, le 5 octobre, nous ferons la rentrée littéraire de la littérature africaine à laquelle les auteurs, conteurs et slameurs congolais sont majoritairement bien représentés.

Jorus MabialaL.D.B. : A propos des créations congolaises du conte, quelle est la place qu’occupe l’écosystème du Bassin du Congo ?

J.M. : Aujourd’hui, l’actualité voudrait que l’on fasse référence au climat. En ce qui me concerne, je ferai référence, par exemple, au dernier ouvrage jeunesse Mukukulu. Dans ce format album, j’explique et je rappelle que le Bassin du Congo est la base même des contes et légendes sur la vie écologique. A travers cet ouvrage, je fais écho à la mise en place du Fonds bleu pour le Bassin du Congo. Dans un autre ouvrage, la Caravane du merveilleux, je rappelle la philosophie de nos ancêtres. J’ouvre la porte de la conscience collective des anciens et de notre jeunesse pour les sensibiliser aux méfaits du changement climatique. C’est en même temps une invitation pédagogique faite aux Congolais et à toute l’Afrique à préserver et promouvoir la civilisation écologique de cette sous-région.

L.D.B. : Pensez-vous que cette pédagogie a permis aux organisateurs d’Africa 2020 de vous confier une mission au sein de la programmation de l’année prochaine ?

J.M. : J’ai été à la fois surpris et honoré par le choix porté en ma modeste personne pour remplir cette mission 2019-2020. Je pense effectivement que le développement durable étant omniprésent dans mes récits, les organisateurs ont été favorables à ce que je travaille avec eux. J’ai proposé la mise en place d’une création autour d’un aller-retour artistique entre le Maghreb et la France, avec des personnalités telles que Caya Makhélé, mon éditeur; Chrysogone Diangouaya, artiste-comédien; et Vincent Mambachaka, de l’espace Lingatéré. Ensemble, nous poursuivrons l’objectif de monter un spectacle en rapport avec une nouvelle réflexion sur les indépendances africaines.

L.D.B. : Comment allez-vous procéder?

J.M. : Je multiplie les rencontres avec les probables partenaires en France. Depuis Marseille, trois grands ateliers de création ont été programmés pour des représentations dans les différentes villes d’Algérie dans la Kabylie, les villes d’Alger et Oran. Le travail rapporté de Moroni, aux Comores, jusqu’à  Marseille, au Mucem, à propos du grand projet sur la mémoire du conteur franco-comorien Salim Hatubou, spectacle intitulé "Contes et légendes des îles de la lune" (Salim Ô Comores)  sera en tournée  à Paris, à l’Institut des cultures d’islam de la ville de Paris, et à Septèmes-les-Vallons dans le sud-est de la France. Cette programmation associe aussi le Congo : le Centre de ressources du conte et de l’oralité de Pointe-Noire accueillera des spectacles en rapport avec la programmation Africa 2019-2020.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Jorus Mabiala Crédit photo : Sophie Gillman

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