Interview. José Ntumba : « La coordination des équipes nationales doit être restructurée ou abolie »

Le Courrier de Kinshasa : Vous êtes agent des joueurs et des matches. Quels sont les joueurs congolais et étrangers qui ont été sous vos ailes ?

José Ntumba Ngandu : Je vais juste préciser que je ne suis pas agent des matches, mais je collabore avec une agence organisatrice des matches amicaux. En tant que conseiller sportif, j'ai eu sous ma coupe plusieurs jeunes. Je citerai Dieumerci Mbokani, Eric Bokanga, Jean-Marc Makusu, Guylain Kisombe, le Gabonais Romaric Rogombe, le Camerounais Yazid Atouba, ... Actuellement, je m'occupe de Jonathan Bwanga du Renaissance du Congo, Guillaume Nyanguile de la Jeunesse sportive de Kinshasa (JSK) actuellement à Chypre, et quelques jeunes des centres de formation ici en Europe.

LCK : Avez-vous décroché des matches pour la RDC ?

JNN : J'ai participé à l'organisation des matches amicaux de la RDC contre l'Arabie Saoudite, l'Egypte, l'Irak, le Cameroun, le Nigéria, le Gabon, la Roumanie, le Chili U20.

LCK : En mai dernier lors d'un live sur Instagram, vous avez chargé la coordination des équipes nationales de la RDC. Quels sont tes principaux griefs ?

JNN: Je n'aime pas le terme charger. Pour moi, je n'ai fait que constater des choses qui ne cadrent pas avec la bonne marche et un meilleur environnement de l'équipe nationale. Il s’agit notamment du manque criant de vision, du manque d'un programme des matches amicaux pour l'équipe nationale, après plusieurs années à la tête de la coordination, la gestion calamiteuse du dossier des Léopards U23 lors des éliminatoires des jeux olympiques. Il y a aussi l'improvisation récurrente concernant la participation de nos équipes nationales dans des tournois sous-régionaux, des sorties médiatiques approximatives à l'égard du staff technique et j'en passe... Les hommes passent, mais les structures peuvent rester. Que va-t-il (Théo Binamungu, coordonnateur des équipes nationales de la RDC. Ndlr) laisser comme héritage à celui qui pourrait le succéder ?

LCK : Quelles sont aujourd'hui les relations que vous entretenez avec les membres du comité exécutif de la Fédération congolaise de football association  après vos critiques, d’autant plus que Théo Binamungu est aussi l’un des vice-présidents ?

JNN : Les mêmes relations, je suppose. Mes critiques sont objectives et je continue à penser que la coordination des équipes nationales doit soit être restructurée soit abolie. C'est une structure qui a montré ses limites. Et dans l'intérêt de notre football, il nous faut un sang neuf afin de mieux aborder les échéances qui se profilent à l'horizon. La RDC ne doit plus se contenter de rester grande dans les esprits. Il est grand temps de prouver qu'elle est grande en jouant dans la cour des grands, c’est-à-dire en se qualifiant à la coupe du monde et en remportant la Coupe d’Afrique des nation (CAN) prochaine. Tout ce qu'on considère comme petits détails comptent dans le football actuel. Même le lieu d'internement doit être un endroit qui puisse permettre à l'équipe nationale de vivre dans une concentration totale.

LCK : Quel est votre commentaire d'observateur et d'acteur dans le football congolais sur le changement du staff technique national avec le départ d'Ibenge et l'arrivée de N'sengi ?

JNN : D'emblée, je dirais que la fonction de coach a toujours été éphémère. C'est une fonction ingrate et personne ne peut rester éternellement. C'est semblable à une course de relais où chacun joue sa partition à un moment précis et passe le relais. Le coach Florent Ibenge a fait son temps, il a su amener l'équipe nationale à un certain niveau, il l'a fait progresser. Maintenant, c'est au tour du coach Christian N'sengi qui va aussi jouer la sienne et tenter de porter haut le drapeau de notre pays. J'ai confiance en lui et à tout le staff actuel. Je déplore par contre cette fâcheuse tendance à essayer de les mettre en concurrence sur les réseaux sociaux.

LCK : De plus en plus de jeunes binationaux manifestent leur désir de jouer pour la RDC. Comment appréhendez-vous cet état des choses ?

JNN : C'est bien pour l'équipe nationale, mais ils doivent venir pour mouiller le maillot. Il y en a qui choisissent la RDC plus pour étoffer leur Curriculum Vitae que par amour du drapeau. C'est pour cela qu'il est impératif, parallèlement, de mettre en place une politique sportive qui puisse permettre à notre football local d'évoluer. Notre équipe nationale doit aussi être accessible aux joueurs évoluant en Afrique. De manière générale, les locaux montrent plus de volonté et plus d'amour du maillot que certains pros.

LCK : A propos, après les critiques des internationaux Youssouf Mulumbu et Arthur Masuaku sur la gestion de l’équipe nationale par l’ancien sélectionneur Florent Ibenge, ce dernier a, dans une sorte de réplique, dit que la RDC n’a pas de top joueurs. Votre analyse des propos d’Ibenge ?

JNN: J’ai un peu suivi les critiques de Mulumbu et Masuaku dans les réseaux sociaux. Ce sont des propos qui n’engagent que ceux qui les ont sortis. Et par rapport au fait que le coach Ibenge a dit qu’on n’a pas de top joueurs, je dirais plutôt qu’on n’a pas de joueurs qui ont fait de très grandes carrières. Le potentiel intrinsèque est là, mais tout le monde n’a pas la même carrière. Nous n’avons pas de joueur avec de grosses carrières. Mais dire qu’on n’a pas de top joueurs, je n’irai pas dans ce sens-là.

LCK : La Covid-19 a tout paralysé depuis bientôt quatre mois. Comment voyez-vous la reprise déjà effective en Allemagne, en Espagne et bientôt dans toute l’Europe et peut-être en Afrique ?

JNN : Je pense qu'il était temps que cela reprenne. Pas seulement pour le plaisir, mais aussi pour l'aspect financier. Ça commençait à être intenable.