Interview. Mirna Kintombo: « Cette exposition raconte une histoire autre que celle dont le monde est habitué concernant la rue »

Lundi 4 Mars 2024 - 17:22

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Après des thématiques comme "Nuit belle à Brazzaville" qui parle de la prostitution, "Les soûlards" qui s’articule  sur des petits bars dans la capitale congolaise…, Mirna Kintombo revient dans une nouvelle série photographique intitulée « La rue » dont le vernissage a eu lieu, le 2 mars dernier, aux ateliers Sahm. À travers cette exposition, le photographe congolais démontre combien la rue est porteuse d’histoires tant émotives qu’inspirantes. Entretien. 

 

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Pouvez-vous vous présenter à nos chers lecteurs? 

Mirna Kintombo (M.K.) : De mon nom complet Mirna Francely Kintombo, je suis un photographe autodidacte. Ma passion pour ce métier a commencé en 2002 en faisant des photos amateurs. Cette passion prend corps jusqu’au lycée. Après une décennie, je me suis contenté de la photographie utilitaire avant d’intégrer le Collectif Génération Elili qui regroupe plus d’une vingtaine de photographes professionnels. Dans mes travaux, j’aime capturer l’essence de l’expérience humaine, que ce soit un instant précis de la réalité, une réalité souvent ignorée ou méconnue ou une réalité brute et sans artifices. Cela se justifie par le fait que j’admire la photographie documentaire où la spontanéité reste la clef du succès.

Mon parcours est, à ce jour, jalonné de plusieurs expériences et récompenses comme le deuxième prix spéciale à la deuxième édition de la semaine de la photographie du Bénin ; la participation à l’exposition du 140e anniversaire de Brazzaville organisée par l’Institut français du Congo en partenariat avec la mairie de cette ville en 2020 ; l'exposition en 2021 et 2022 au festival Kokoutan’art ; la participation à l’exposition internationale itinérante de Brazzaville dénommée « Flash Brazza » en 2022 ; la certification au septième concours international annuel de photographie 35Awards, en mars 2023 ; lauréat du premier prix d’appel à visuels pour la communication de la Saison de l'Institut des Afriques 2023 ; etc.

L.D.B. : Parlez-nous de votre exposition « La rue ».

M.K. : Sur des bâches tendues sur des châssis, cette collection photographique retrace la vie de la rue vue à partir d’un objectif photo. Des cadrages rapprochés suivis de gros plans, les images racontent une histoire autre que celle dont le monde est habitué concernant la rue. La rue, voie de circulation, de rencontre, lieu de travail pour les uns et de repos pour d’autres. La rue, cette source d’inspiration pour plusieurs artistes. Bagarres et disputes, travaux manuels et étincelles de soudures, joie de vivre et pleurs de solitude, dans cette collection, je vais au-delà du simple concept de la rue qui généralement n’est vue que comme un lieu de frustration, de mauvaises rencontres, de très mauvaise éducation, de banditisme, et de personnes toxiques. Ici, je démontre combien la rue est porteuse d’histoires tant émotives qu’inspirantes. Des milliers de kilomètres que parcourent des jeunes à la recherche d’une vie meilleure, la rue est ce lieu d’échange et de partage pour des milliers d’habitants de la ville verte.

L.D.B. : Comment est-elle née et quel objectif poursuit-elle ? 

M.K. : Cette exposition est née du désir de vouloir changer la perception négative de plusieurs personnes face à la rue. Aujourd'hui, il y a des gens qui profitent positivement de la rue et c’est ce que plusieurs doivent comprendre. À travers mon appareil photographique, j'ai voulu immortaliser la rue pour montrer aux gens comment est-ce qu'ils ne doivent pas baisser les bras. Ils doivent travailler toujours, même avec les petits moyens, et nourrit leurs familles. Et pour ceux qui pensent qu'on doit toujours attendre le gouvernement pour travailler, cette série met en lumière des métiers manuels qui permettent de survivre.

L.D.B. : Qu’attendez-vous du public brazzavillois à travers cette exposition ? 

M.K. : Je voudrais que cette exposition soit un canal éducatif aux yeux du  public brazzavillois et du monde entier afin qu’il comprenne que l’on ne gagne pas sa vie en critiquant les autres mais plutôt en travaillant et la rue offre plusieurs opportunités positives en lieu et place de la délinquance. Il suffit d’être observateur et créatif. 

L.D.B. : Combien de photos sont exposées pour cette série et jusqu’à quand durera-t-elle? 

M.K. : L’exposition dénommée « La rue » est ouverte du 2 au 16 mars aux ateliers Sahm et elle regroupe quinze tableaux. La visite est libre et gratuite.

L.D.B. : D’autres perspectives pour cette année 2024?

M.K. : Pour l’instant, je suis focalisé sur ma participation à une exposition photographique dans le cadre du projet combo, en mai prochain, en Allemagne. Je sollicite, d’ailleurs, un soutien financier pour ne pas manquer cet événement.

Propos recueillis par Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Le photographe congolais Mirna Kintombo/DR

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