Interview : Olivier Bonte : « L'eau de qualité peut diminuer le taux de mortalité»

Lundi 6 Novembre 2017 - 11:57

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L’accès à l’eau potable est un facteur clé dans la lutte contre les maladies hydriques telles  que le choléra. Caritas Allemagne, l’un des partenaires du gouvernement à travers le Programme école et village assainis, s’investit dans ce domaine pour offrir à la population une eau de qualité afin de contribuer à la réduction du taux de mortalité liée au manque d’eau, surtout dans les zones rurales. Dans un entretien avec Le Courrier de Kinshasa, le représentant de la Caritas Allemagne en RDC, Olivier Bonte, explique ce que fait son organisation pour appuyer des actions mises en œuvre dans le cadre de l’exécution du projet Eau, hygiène et assainissement de Caritas Congo.

Le Courrier de Kinshasa: En quoi consistent vos interventions dans le cadre du programme Eau, hygiène et assainissement (EHA) ?

Olivier Bonte : Caritas Allemagne est un partenaire du Programme national école et village assainis piloté par la division 9 du ministère de la Santé publique. La finalité de ce projet est de réduire les maladies liées à l’eau. En donnant une eau de qualité aux communautés rurales, nous pouvons fortement diminuer le taux de mortalité dont les causes sont liées à l’eau. Concrètement, nous construisons des puits, des forages d’eau, nous les améliorons, nous les dotons en équipements tels que de pompes manuelles. Nous assurons aussi la maintenance de ces équipements, la fourniture des intrants. Au niveau de l’hygiène et assainissement, dans le cadre du projet école et village assainis, les villages vont suivre  toute une série de critères pour atteindre le statut de village assaini qui est confirmé par  la zone de santé. Nous assurons aussi la formation des gens sur des règles d’hygiène telles que le lavage des mains, l’utilisation des latrines, la localisation des latrines, comment éviter la contamination des maladies. Il y a un gros volet communautaire et nous avons beaucoup d’expériences en travaillant avec les communautés rurales. Nous leur donnons des informations importantes pour un changement de comportement dans le cas de crises  de choléra à travers les radios rurales.

L.C.K: Comment collaborez- vous avec la Caritas Congo ?

O.B. Concrètement, notre collaboration avec Caritas Congo se fonde sur le partenariat. Nous établissons avec elle un accord de partenariat. Après, nous la renforçons techniquement avec un appui lors de l’exécution des projets en conseil, suivi et évaluation des projets mis en œuvre. Nous jouons aussi un rôle dans le plaidoyer et dans la mobilisation des ressources.

 

L.C.K. Quels sont les rayons d’intervention dans le cadre de l’exécution du programme EHA ?

O.B. Le principe va dans le partenariat. Nous ne sommes pas une agence d’exécution. Nous n’allons pas intervenir nous mêmes sur le terrain avec un personnel full time à la Caritas Allemagne. Nous travaillons à travers les partenaires locaux  que nous allons bien identifier, sélectionner sur le terrain et nous les évaluons. La raison majeure est que le projet puisse durer le plus longtemps possible.

Le fait d’utiliser le personnel local,  qui est sur le terrain en permanence, nous garantit que demain ce projet pourra continuer et perdurer plutôt que d’être dans une région pour travailler pendant un temps et partir.  Après, le personnel en place engagé dans le projet n’a plus de moyens de subsistance. Nous utilisons les moyens et les ressources locales, car ils sont un garant de la continuité des projets et de présence du personnel

L.C.K. Estimez-vous avoir atteint de bons résultats  dans l’exécution de ce programme?

 

O.B. Nous  cherchons la perfection. Nous sommes sans cesse en train de se remettre en question. Les défis liés à l’eau, l’hygiène et assainissement sont énormes. Nous travaillons dans ce secteur depuis plus de cinq ans. Aujourd’hui, nous sommes dans douze endroits  à travers douze Caritas locales qui sont impliquées dans ce projet et nous continuons nos actions selon les indications de notre plan stratégique. Notre travail ne s’arrête pas là et nous ne sommes pas prêts d’arrêter. Caritas Congo et Allemagne ont été des acteurs dans le pic d’une épidémie de choléra, il ya deux ans, sur l’axe du fleuve entre Tshopo et la Mongala. Nous avons participé à la riposte.

L.C.K. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la mise en œuvre du projet ?

 

O.B. Les  difficultés et les défis  sont nombreux. La première difficulté est de l’ordre logistique. Nous travaillons dans des zones difficiles d’accès comme la zone d’Opala. L’accès dans cette zone n’est pas facile. Les routes sont très compliquées, on y va par pirogue motorisée.  En plus, travailler avec les communautés villageoises n’est pas une chose aisée non plus, nous avons de thèmes sensibles, presque tabous comme l’utilisation des latrines, il y a  un côté un peu intime.  Il faut aborder ce sujet avec tact et  faire comprendre  surtout aux vieilles personnes les risques liés à une mauvaise hygiène, même une hygiène intime. Ces difficultés font partie de notre travail, donc on ne s’arrête pas. On transforme ces difficultés en challenge.

L.C.K. Quelles sont les perspectives dans le cadre de ce projet ?

 

O.B. Nous avons un projet qui nous tient à cœur, celui de centre de santé assaini. On constate que de nombreux centres de santé,  dans le milieu rural, ne disposent pas du minimum relatif à l’eau, l’hygiène et assainissement. Ils ne disposent ni des points d’eau ni de latrines de qualité. Nous avons un autre projet à Kinshasa financé par l’Unicef  et piloté par le réseau Caritas sur la diffusion des messages de sensibilisation avec des radios rurales. En plus, nous continuons le plaidoyer  en Europe pour mobiliser les fonds dans le souci de donner de l’eau de qualité aux communautés rurales.

Propos recueillis par Aline Nzuzi

Légendes et crédits photo : 

Olivier Bonte

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