Interview. Paule Renée Etogo : «Le RAF voudrait affirmer son leadership sur les grandes problématiques du développement et de l’émergence de l'Afrique »

Samedi 2 Septembre 2017 - 15:25

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Paule Renée Etogo est la déléguée générale du Rebranding Africa Forum (RAF), dont la quatrième édition aura lieu le 6 octobre prochain à Bruxelles sur le thème « Enjeux et défis des systèmes financiers africains face au dividende démographique » . 

Le Courrier de Kinshasa : quel bilan faites-vous des précédentes éditions du Rebranding Africa Forum ?

Paule Renée Etogo : une entreprise humaine est toujours perfectible. Le RAF est un rendez-vous jeune, qui s’est institutionnalisé dans la foulée de sa création et qui suscite un certain engouement sur le continent et en Europe.  L’une de nos fiertés est aussi de mettre en lumière, à travers les Rebranding Africa Awards, des innovateurs technologiques qui sont désormais des repères et des lanternes qui éclairent le chemin de notre développement commun. C’est notamment le cas du jeune innovateur burkinabé Cédric Toe.  Son invention, le LAAFI BAG consiste en un sac réfrigérant capable de maintenir les vaccins à la température adéquate afin qu’ils restent actifs. La Banque Coris a également promis un investissement de 155.000 euros. Certes, beaucoup de travail reste à réaliser, mais on peut louer les pas accomplis qui, de notre point de vue, s’inscrivent comme des avancées dans cette quête vers un meilleur devenir de notre continent.

LCK : qu’est-ce qui justifie le choix du thème « Enjeux et défis des systèmes financiers africains face au dividende démographique » ? Quels sont, selon vous, ces enjeux et défis ?

PRE : la 4e édition du RAF se tiendra sur le thème « Enjeux et défis des systèmes financiers africains face au dividende démographique ». C’est un plaidoyer pour une meilleure articulation entre la démographie africaine et les systèmes financiers. En effet, la démographie est considérée comme un atout capital du continent, mais en même temps comme un poids qui plombe son évolution. À côté de cela, le constat a été fait d’une implication insuffisante des systèmes financiers africains dans le développement de l’Afrique. Dès lors, il sera question de réfléchir à la meilleure manière de mobiliser les acteurs du secteur privé en vue de créer des synergies et partenariats susceptibles de faire profiter le continent africain du bonus démographique.

LCK : Quelle est la particularité de cette quatrième édition RAF ?

PRE : Cette année, nous avons quelque peu dérogé à la tradition des deux précédentes éditions en ayant choisi aucun “pays à l’honneur”. Le RAF va  rassembler les Africains et leurs partenaires pour mieux comprendre la pleine mesure de cet atout démographique commun à tout le continent. Le cap qui a été mis vers l’émergence, lors du RAF 2014, est donc maintenu cette année, avec un nouveau rendez-vous de personnalités prestigieuses d’Afrique et d’ailleurs qui vont plancher sur la vulgarisation du concept de dividende démographique comme opportunité pouvant impulser un souffle nouveau au développement du continent.

LCK : Le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville prennent-ils une part active au RAF ? Des personnalités de ces deux pays sont-elles attendues cette année ?

PRE : Cette troisième édition du RAF, à l’exception des deux dernières, mettra en exergue des experts, consultants et spécialistes qui viennent des quatre coins du continent et d’ailleurs pour nourrir avec les participants des réflexions majeures et de haute volée le concept démographique et les opportunités qui l’entourent. Toutefois, Une forte délégation de la sphère économique du Congo-Kinshasa prendra part au forum. Cette mission est composée des membres de la Fédération des entreprises du  Congo (FEC) ainsi que de  L'Agence nationale pour la promotion des investissements (Anapi) . Mais peut-être que les éditions futures consacreront une place de choix aux deux Congo. Nous ne pouvons que le souhaiter !

LCK: Un forum sur l’Afrique mais organisé à Bruxelles, n’est-ce pas un peu paradoxal, même si vous dites vouloir servir de tribune à l’Afrique au cœur de l’Europe ? Pourquoi ne pas l’organiser dans un pays africain et servir de tribune à l’Afrique au cœur de l’Afrique ?

PRE : Lorsqu’en 2014, Thierry Hot, a pensé, avec un groupe d’amis, à lancer ce rendez-vous annuel, Bruxelles était apparue comme le lieu idéal pour rassembler des expertises et développer des synergies par des Africains et pour les Africains, mais en partenariat majeur avec le monde. Nous avons donc estimé, à la fois pour des raisons logistiques que pour un positionnement stratégique, que la capitale de l’Europe, place forte des relations de coopération avec notre continent, est plus indiquée pour tirer le meilleur profit possible d’une exposition à un carrefour des sensibilités et des opportunités.

LCK : Quelles sont les opportunités d’affaires que le RAF a pu générer depuis sa première édition ?

PRE : la journée du Business day consacrée au Burkina Faso, lors du RAF 2016,  a été très fructueuse. Plusieurs accords de coopération ont été signés entre, d’une part, le gouvernement burkinabé et le gouvernement belge puis l’Union européenne. Et, d’autre part, entre la Chambre de commerce du Burkina et celle de la région Wallonie de Bruxelles.  À titre d’exemple, Fidelis Finance, un établissement de crédit spécialisé dans la microfinance a annoncé la mobilisation de 70 milliards de CFA pour financer des PME au Burkina Faso en 2017. Bien plus, SEMAFO société minière , a annoncé l’investissement de 119 milliards  de CFA en 2017 dans le secteur des mines dans l’est du Burkina Faso. En outre, CGE Immobilier, société leader du marché burkinabè de l’immobilier, a annoncé un plan de construction de 13.000 logements dans la périphérie de la capitale Ouagadougou dans les prochaines 10 années à venir. L’Union européenne, pour sa part, s’est engagée pour 55 milliards d’euros pour un appui budgétaire au gouvernement du Burkina Faso. Nous avons , à cet effet, organisé une mission de suivi et d’évaluation à l’issue du RAF 2016 au Burkina Faso. Nous pouvons vous confirmer que les travaux en ce sens sont déjà amorcés.

LCK : Quels sont les projets du RAF pour les prochaines éditions ?

PRE : Dès son lancement en 2014, le Rebranding Africa Forum s’est défini comme « le cadre où se pensent les transformations en profondeur dont l’Afrique a besoin aujourd’hui pour faire peau neuve et réaliser progressivement ses aspirations ».  Après les trois premières éditions et celles à venir, le RAF voudrait affirmer son leadership sur les grandes problématiques qui sous-tendent le développement et l’émergence du continent. Et s’inscrire ainsi davantage comme le creuset idéal où se pensent les transformations dont a besoin l’Afrique pour son épanouissement économique et social.  Telle était notre vocation de départ, qui s’appuie au fil des années sur notre volonté de changer le regard des autres sur le continent en contribuant nous-mêmes à soigner l’image de l’Afrique. Je ne doute donc pas que nous continuerons à avoir, au cours des prochaines éditions, des débats constructifs et des esquisses de solutions concrètes et pertinentes, pour faire un pas de plus vers le développement réel de notre continent.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Paule Renée Etogo. Crédit photo : Ghislain Zobiyo

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