Interview. Pr Mikolélé-Ahoui Apendi : « Au Congo, le cancer colorectal touche plus les jeunes dans la vingtaine »

Vendredi 8 Mars 2024 - 13:59

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La société congolaise de gastro-entérologie du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville a organisé, le 6 mars à Brazzaville, la campagne de sensibilisation au cancer colorectal. Peu connue des Congolais, cette maladie tue en silence à travers le monde. Le Pr Mikolélé-Ahoui Apendi, spécialiste des maladies de l’appareil digestif et présidente de ladite société, explique le bien-fondé de cette campagne. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Vous avez organisé la campagne de sensibilisation au cancer colorectal. Pouvez-vous nous parler de cette pathologie ?

Mikolélé-Ahoui Apendi (M.A.A.) : C’est une activité de sensibilisation à la maladie de plus en plus répandue mais pas assez connue par les Congolais. Ce cancer attaque le colon et le rectum. Le colon c’est le gros intestin et le rectum, c’est la partie terminale. Il est très mortel et très répandu. Seulement, il est découvert trop tard. C’est l’objet de notre sensibilisation. Les gens ne connaissent pas les signes et la confondent à une maladie banale.

L.D.B.C. : Quels sont alors les signes de cette maladie ?

M.A.A. : Ce sont des signes un peu banals : constipation, diarrhée. Et il y a des signes qui peuvent interpeller le médecin et le malade lui-même quand il chie le sang ne doit pas rester à la maison. S’Il fait la constipation accompagnée d’amaigrissement, il y a peut-être quelque chose de trop. Parce que quand nous faisons la constipation ou la diarrhée, nous ne nous inquiétons pas ; nous nous disons que ça va passer. Parfois nous pensons que ce sont des amibes alors que derrière ces amibes, nous pouvons trouver un cancer.

L.D.B.C. : Quelle est la fréquence de réception des cas de cette maladie ?

M.A.A. : La fréquence est régulière. Généralement, nous les recevons tardivement. Voilà pourquoi nous sortons pour parler à la population. Nous ne voulons donc pas que les malades restent chez eux et attendent la fin pour venir en consultation. Quand ils viennent nous voir, c’est souvent à la fin, et nous ne pouvons plus rien faire. C’est une maladie qui est guérie si elle est diagnostiquée tôt.

L.D.B.C. : Comme tout type de cancer ?

M.A.A. : Pas comme tout type de cancer. Il y a des cancers qui sont silencieux. Lorsque nous les découvrons, ils sont déjà à un stade avancé. Le cancer colorectal, nous pouvons le découvrir tôt avec des signes au début. Or, il y a des cancers, quand les signes apparaissent, la maladie est déjà très avancée. Ce cancer, nous pouvons le traquer mais nous ne sommes pas très efficaces surtout dans notre contexte. Ailleurs, il y a des moyens de le traiter parfois à un niveau très avancé. Je dis parfois, parce que la mortalité de ce cancer est très élevée. C’est la deuxième cause de mortalité par cancer. La particularité c’est qu’au Congo, il touche plus les jeunes âgés de la vingtaine d’années, contrairement sous d’autres cieux où il touche les personnes âgées de 70 ans.

L.D.B.C. : Comment faire pour éviter cette maladie ?

M.A.A. : Vous savez, en terme de cancer, nous ne parlons pas de causes mais de facteurs de risque. Il y a certainement plusieurs facteurs qui sont impliqués.  Ce que nous faisons c’est de trouver ces facteurs associés au cancer pour essayer de lutter contre la maladie. L’alimentation riche en fibre protège contre le cancer. Nous recommandons de réduire la consommation de la viande rouge ; de ne pas manger trop gras ; lutter contre la consommation de l’alcool et du tabac et, lutter contre la sédentarité et l’obésité. Nous espérons lutter contre ces facteurs pour lutter contre le cancer colorectal. Pour finir, nous insistons sur les signes. Surtout les signes d’alarme que sont le saignement anal, l’amaigrissement… Ce sont des signes qui doivent attirer notre attention.

Propos recueillis par Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Pr. Mikolélé-Ahoui Apendi, spécialiste des maladies de l’appareil digestif/DR

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