Interview. Pucette Sassou N’Guesso : « Nous relançons les clubs de lecture au cours de cette rentrée des classes »

Vendredi 28 Septembre 2018 - 19:45

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À quelques jours de la rentrée des classes, il est plus que nécessaire que les parents sachent occuper leurs enfants au-delà des activités scolaires. La directrice générale de l’agence de communication I-Com et initiatrice des clubs de lecture apporte des précisions sur ces espaces de divertissement et d’apprentissage.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Il y a quelques temps, paraissait la bande dessinée " La tchoukoumeuse", dans laquelle il est question de la conscientisation de la jeune fille congolaise. Aujourd’hui qu’en est-il ?

Pucette Sassou N'Guesso (P.S.N'G.) : Après la parution de cette bande dessinée, nous en avons ensuite fait une version en dessin animé. A cet effet, nous avons l’opportunité de le diffuser dans certains établissements scolaires dans le but effectivement de conscientiser la jeune fille congolaise. Aujourd’hui, nous sommes toujours à la quête des partenaires susceptibles de nous accompagner dans la production des supports DVD afin de pouvoir faire une large diffusion pour que cette histoire soit finalement vulgarisée et assimilée.

L.D.B. : Le terme « tchoukoumeuse » est très péjoratif en lui-même. Ne pensez-vous pas que l’associé à une lecture dédiée aux enfants serait mal interpreté ?

P.S.N'G. : Ne nous voilons pas la face devant les tristes réalités de notre société. Ce mot a toujours existé et il est utilisé par les jeunes et les moins jeunes. Bien qu’il soit péjoratif, nous voulons faire le relais d’un quotidien existant. Ça ne sert à rien de faire la politique de l’autruche ou de jouer les prudes pour ne pas choquer certaines personnes. Le choix de « tchoukoumeuse » est pour moi une façon de m’adapter à la société. Mais au-delà du mot, l’histoire relatée dans la bande dessinée est très instructive pour les jeunes filles.

Nous conscientisons la jeune fille sur la vision qu’elle peut avoir de l’avenir et comment s’y prendre pour s’en sortir. Nous l'incitons à se former à un métier et à ne pas se fier à son corps pour subvenir à ses besoins.

L.D.B : Quel est le feedback que vous avez déjà eu depuis la parution de cette bande dessinée ?

P.S.N'G. : Aujourd’hui, je ne peux pas encore me prononcer sur un quelconque retour car comme je l’ai déjà relevé, nous sommes toujours en quête de partenaires pour pouvoir faire une large diffusion.

L.D.B. : Vous avez mis en place des clubs de lecture dans différents quartiers de Brazzaville. Qu'en est-il à la veille de la rentrée scolaire ?

P.S.N'G. : Nous comptons justement sur cette rentrée de classe pour relancer ce concept avec plus de dynamisme afin que les parents d’élèves puissent inclure les clubs de lecture dans le calendrier des activités extrascolaires de leurs progénitures. Toutefois, je tiens à préciser que ces espaces de lecture sont accessibles aux enfants dont la tranche d’âge varie entre 6 et 17 ans. En ce qui concerne les livres disponibles, il s’agit des manuels scolaires, des bandes dessinées. Il y a aussi des livres de jeux tels les mots croisés ou les mots mêlés, qui permettent aux enfants de connaître les mots et leur signification, en un mot d’enrichir leur vocabulaire.

L.D.B. : Avec l’avènement du numérique, les enfants sont plus accrochés à leur smartphone qu’aux livres, comment pensez-vous inverser la situation ?

P.S.N'G. : Vous êtes sans ignorer que l’avènement du smartphone a aussi apporté son lot d’inconvénients, je veux parler du langage SMS. En effet, aujourd’hui nos enfants ont réellement un problème à écrire tout une phrase en français et sans fautes d’orthographe. C’est ainsi que je pense qu’il faille impérativement que nous revenions aux fondamentaux de la langue française. Je compte pour cela sur nous, les parents, qui avons connu le livre avant le smartphone et qui connaissons l’importance de promouvoir les bienfaits de la lecture auprès des enfants.

L.D.B.: Outre la lecture, y-a-t-il d’autres activités organisées à l’endroit des enfants ?

P.S.N'G. : Au club de lecture qui se trouve dans la rue mbochis, à Ouenzé, nous avons commencé avec des projections des documentaires et autres films instructifs, dans le but de lier le divertissement et l’apprentissage. A cet effet, nous pensons créer les salles de projection dans les autres clubs. Aussi envisageons-nous de lancer des cours de théâtre et de musique afin que ces clubs de lecture deviennent des clubs culturels. Je tiens à préciser que toutes ces différentes activités favorisent l’épanouissement des enfants.

L.D.B. : Auriez-vous prévu une collaboration entre les clubs de lecture et certains établissements scolaires ?

P.S.N'G. : Nous en avons déjà échangé avec certaines écoles qui sont favorables pour un tel partenariat et qui voudraient bien nous ajouter dans leur programme d’activités extrascolaires. Cependant, il y a plusieurs écoles qui sont encore très réticentes parce qu’elles ne voudraient pas ajouter de charges supplémentaires aux parents.

L.D.B.: Pouvez-vous nous parler du magazine « L’évènementiel », dont vous étiez la directrice de publication ?

P.S.N'G : « L’évènementiel » est une publication de l’agence de communication I-COM. Vous êtes sans ignorer que ce sont les annonceurs qui permettent à des magazines de demeurer dans le temps en y insérant de la publicité. Avec la crise financière que traverse le Congo, les budgets qui ont été amputés dans la plupart de sociétés sont ceux de la communication et « L’évènementiel » fait partie des premières victimes de cette crise.

Par ailleurs, je souligne qu’aujourd’hui, nous avons besoin des parents qui prennent conscience de l’éducation de leurs enfants et qui favorisent l’épanouissement de ceux-ci au travers des activités ludiques et instructives.

Propos recueillis par Sage Bonazebi

Légendes et crédits photo : 

Pucette Sassou N'Guesso

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