Interview. Rodrigue Malanda Samba : « le Pasteur Ntoumi doit profiter de cet accord pour prouver à tous qu’il est un homme de paix »

Jeudi 4 Janvier 2018 - 10:24

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Président du parti Action permanente pour le Congo, Rodrigue Malanda Samba fait l’historique de la création de sa formation politique et donne son point de vue sur l’accord signé récemment entre le gouvernement et les représentants de Frédéric Bintsamou visant à régler la situation sécuritaire dans le département du Pool. Cet économiste de formation, manager d’une entreprise belge implantée au Congo, commente aussi le discours du président de la République sur l’état de la nation et apprécie les pourparlers en cours avec le Fonds monétaire international.

 

 

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Vous êtes président fondateur du parti Action permanente pour le Congo (APC). Depuis quand cette formation politique parti existe-t-elle? 

Rodrigue Malanda Samaba (R.M.S): : A sa création, en 1999, l’APC était une association de jeunesse. Nous l’avons mutée en parti politique en 2013 au cours d’une assemblée générale, avant d’obtenir, en 2014, le récépissé du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation.

L.D.B.: En tant que jeune, qu’est-ce qui vous a motivé de créer un parti politique ?

R.M.S. : Nous n’avions pas, à l’époque, de réelles motivations pour créer cette formation politique. Il s’agissait juste de créer un espace qui pouvait nous permettre de participer, aux côtés des concitoyens, au développement du pays parce que nous pensions que nous avions des idées pour cela.  

L.D.B.: Votre parti est-il d’opposition ou de la majorité présidentielle ?

R.M.S.: L'APC est un parti du centre. Mais nous soutenons le président de la République qui est pour nous l’homme qu’il faut pour le Congo. Nous pensons surtout qu’avec lui, le message passe bien. Cela peut étonner plus d’un, mais c’est notre choix. Dans des pays de grande démocratie, les centristes soutiennent le pouvoir.

L.D.B.: : La nouvelle loi électorale prévoit de dissoudre les partis politiques non représentatifs dans tout le pays. Votre parti est-il représenté dans tout le Congo?

R.M.S : Actuellement, notre parti a construit des sièges dans tous les départements du Congo. Nous avons commencé par l’essentiel, mais très bientôt, nous allons amorcer la mise en place des instances au niveau de tous ces départements. Nous ne craignons donc pas cette loi que nous pensons être normale, parce que les partis doivent être représentatifs.

L.D.B.: : Parlant de la crise du Pool, un accord de cessez-le-feu vient d’être signé entre le gouvernement et les représentants du Pasteur Ntoumi, quelle appréciation faites-vous de cet acte ? 

R.M.S. :Nous sommes totalement satisfaits de la signature de cet accord de cessation des hostilités. Déjà, le fait que le pasteur Ntoumi a accepté cet accord est un bon signe. Je crois qu’il a compris que nous ne pouvons pas construire le pays sans la paix. Nous encourageons les deux parties à travailler d’arrache- pied pour accélérer le processus, afin que la population reparte dans les villages pour vaquer librement à ses occupations.

Au XXIe siècle, le Congo ne doit pas avoir des zones de non droit. Tous les Congolais doivent plutôt se mettre ensemble afin de bâtir une nation unie, forte et prospère. Pour moi, cet accord est le bienvenu. Nous félicitons les deux parties et souhaitons qu’on aboutisse à un accord définitif pour tourner désormais la page à cette histoire qui ternit l’image du Congo au plan international.

Le président de la République a même rappelé que la cimenterie de Mindouli est prête, mais n’a pas encore démarré ses activités à cause de l’insécurité dans cette zone. C’est un manque à gagner pour les jeunes du terroir qui attendent impatiemment le travail.

L.D.B.: Homme politique que vous êtes, quel message pouvez-vous lancer à l’endroit du pasteur Ntoumi ?

R.M.S. :  Je demanderais au pasteur Ntoumi de profiter de cet accord pour prouver à tous qu’il est un homme de paix, qu’il a envie de voir le Congo se développer. Qu’il saisisse cette perche et n’écoute pas les oiseaux de mauvais augure qui veulent profiter de ce conflit pour régler leurs problèmes personnels. Nous ne voulons pas qu’il conditionne la réussite de cet accord par la libération des supposés « prisonniers politiques ». Il n’y a aucun sens, car en justice chacun a son dossier. Cet accord ne parle que du règlement de la situation du Pool. La population du Pool a trop souffert, nous voulons plutôt qu’elle retrouve la paix et la quiétude.

Si les gens ont des problèmes entre eux, ils doivent les régler autrement que de profiter de la situation du Pool. Je suis moi-même originaire de ce département et je ne veux plus que la population soit instrumentalisée pour les intérêts égoïstes.

L.D.B. : Le président de la République s’est adressé à la nation le 30 décembre dernier devant le parlement réuni en congrès, quelle lecture faites-vous de son discours ? 

R.M.S.: C’est un discours de qualité. Pour une fois, les Congolais sont restés unanimes sur le message du Chef de l’Etat car il a fait ressortir tout ce que le peuple vit au quotidien. Le président de la République a encore stigmatisé les comportements déviants, notamment la corruption et le détournement des deniers publics. D'ailleurs, après ce message, le procureur de la République a initié des enquêtes contre les détournements de fonds publics dans certaines administrations, cela constitue déjà un bon signe afin que les contrevenants répondent, parce qu’une société qui ne punit pas est en voie de disparition. Je soutiens totalement l’idée de punir les cadres qui pillent les deniers publics. Nous ne pouvons plus assister à la destruction du pays.

L.D.B.: Le Congo est présentement en négociations avec le Fonds monétaire international. Avez-vous un commentaire à propos?

R.M.S.Bien sûr que oui. Le Fonds monétaire international a été mis en place pour soutenir les économies en difficulté. Ce n’est pour la première fois que nous signons un accord avec cette institution et ce n’est que normal. La Grèce vient de signer le même programme avec cette institution, pourtant membre de l’Union européenne. Ce n’est pas une honte de signer un accord avec le Fonds monétaire international. Ce n’est pas seulement le Congo qui négocie un programme avec cette institution, tous les pays de la Cémac sont concernés pour essayer de rétablir les équilibres économiques. 

 

Propos recueillis par Firmin Oyé

Légendes et crédits photo : 

Rodrigue Malanda Samba, président de l'APC (photo adiac)

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