Interview. Roga Roga : « Après l’IFC, un concert en faveur des sinistrés du Pool »

Vendredi 26 Janvier 2018 - 18:15

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Le leader du groupe Extra musica livre ce soir un concert inédit à l’Institut français du Congo (IFC), avant de se consacrer à ses deux grands rendez-vous : le concert à l’endroit des sinistrés du département du Pool et celui du Bataclan, en France.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : Plus de vingt ans se sont écoulés sans que vous ne montiez sur scène à l’IFC, ex-CCF, l’une des plateformes phares de la culture. Pourquoi ?

Roga Roga (R.R.) : Depuis notre concert de 1996, nous n’avons plus été sollicité pour prester à l’IFC. Cette année, avec l’arrivée de Marie Audigier, directrice déléguée de ladite structure, nous nommes de nouveau conviés et heureux de jouer sur cette scène qui épaule le brassage entre les cultures congolaise et française.

L.D.B.: Ce concert sera-t-il spécial, avec de nouvelles chansons, une nouvelle formation ?

R.R. : Nous proposerons effectivement une nouvelle chanson dénichée dans le répertoire de notre prochain album, une symbiose de divers styles musicaux. Ce sera aussi la première expérience du groupe Extra-Musica au côté d’un orchestre de violonistes congolais, sollicité pour l’occasion.

L.D.B. : A propos de votre prochain opus, pouvez-vous nous en dire plus ?

R.R. : Il sera intitulé « 242 » et apportera son lot de nouveautés au niveau artistique du groupe. Nous allons, à travers cet opus, retracer le parcours d’Extra-Musica, en mettant en exergue les styles musicaux de nos débuts à aujourd’hui.  Les fans de différentes générations seront comblés. Il y en aura pour tous les âges et les goûts. « 242 » ne sera pas seulement enrichi par les anciens et nouveaux succès du groupe, mais aussi par la participation d’un talentueux artiste congolais de la diaspora avec qui nous sommes en pourparlers.

L.D.B.: Que pensez-vous justement des artistes de la diaspora congolaise qui cartonnent en France comme Dadju ou Niska ? Suivez-vous leur carrière ?

R.R. : Ce sont de talentueux artistes dont je suis les carrières. Savoir qu’ils sont au top est une grande fierté, car j’ai connu la France et je sais que le marché musical de ce pays, pour les artistes d’origine africaine, n’est pas un acquis. Il n’est pas facile de se faire une place au sein de cette grande industrie, c’est donc grandiose de voir que les albums des artistes comme Me Gims, Dadju, Niska rencontrent un franc succès en France.

L.D.B.: Quels évènements se profilent à l’horizon du groupe Extra-Musica ?

R.R.: Après l’IFC, nous serons à Paris, en France, autour du 5 février. Sur place, nous réaliserons des « lives » avec des chaînes de médias françaises comme "France24", "RFI", ou encore "Ubiznews". Toujours dans la capitale française, nous aurons un moment de retrouvailles avec la diaspora congolaise, en perspective du concert que nous donnerons au Bataclan au cours du même mois.  De retour à Brazzaville, le 20 ou le 21 février, nous rencontrerons l’animateur de radio et de télévision française, Claudy Siar, avec qui nous ficellerons un programme soutenu par l’IFC. En mars, nous donnerons un concert en faveur des sinistrés du Pool. Les recettes de ce spectacle seront au bénéfice de ces derniers, qui sont nos frères et sœurs dans le besoin. Les organismes comme le Pnud, la Croix-Rouge, mais aussi des mécènes, sponsors, particuliers, entreprises peuvent prêter main forte à cette initiative.

L.D.B.:Comment se porte l’industrie musicale congolaise ?

R.R. : Son décalage par rapport aux autres est considérable, elle n’est toujours pas adaptée aux standards actuels du marché, c’est-à-dire passer de l’analogie au numérique. La fibre optique promise n’est toujours pas fonctionnelle et ce désagrément n’aide pas l’industrie. Aujourd’hui, les artistes vendent leurs œuvres en ligne, mais cette réalité reste étrangère aux artistes congolais, internet demeure un luxe. J’espère que cette année, l’accès facile à internet au Congo fera partie des priorités du ministère chargé de cette question, pour que les choses changent.

L.D.B.:Nzongo Soul, l’un des pionniers de la musique congolaise vient de mourir, qu’est-ce que ce nom vous évoque ?

R.R. : C’est pour moi l’un des vaillants guerriers de la musique congolaise, il a apporté au registre sa touche musicale particulière au goût du rythme traditionnel de son terroir. Nzongo a réussi à vendre le « walla », cette culture ancestrale, au marché international. C’était un artiste authentique, courageux et remarquable. J’ai, d’ailleurs, écrit une chanson « Elombe » en sa mémoire, que je vais jouer lors de ce concert à l’IFC.

L.D.B. : Vous avez plus de vingt ans de carrière. La longévité est ce qu’il y a de plus dur dans votre métier, quelles sont les difficultés que vous avez dû surmonter pour en arriver là ?

R.R. : J’ai dû faire face à diverses formes d’obstacles, mais la plus difficile que j’ai croisée au début de ma carrière et qui reste encore d’actualité à ce jour, s’appelle manque de structures culturelles adéquates dans mon pays. Nous continuons à travailler comme des cascadeurs, sans mesures d’accompagnement véritables. Il est difficile de se produire en dehors du Congo, il faut de grandes sollicitations pour y arriver, alors que nos confrères nigérians y parviennent facilement. Nous n’avons même pas de salles de productions, de grands studios d’enregistrement, qui répondent aux normes artistiques actuelles. Ça pince le cœur de savoir que si j’étais un artiste français ou américain, je serais certainement plus avancé dans ma carrière.

 

Propos recueillis par Durly Emilia Gankama

Légendes et crédits photo : 

L'artiste musicien Roga Roga

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