Interview : Rosalie Biangana Vouka: " Notre souci est de réhabiliter l’ancien collège normal de Mouyondzi"

Lundi 26 Mars 2018 - 13:45

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Regroupées au sein de l’association dénommée La Mouyondzienne, les anciennes élèves du collège normal de jeunes filles de Mouyondzi souhaitent que leur ancien établissement, transformé actuellement en lycée, retrouve son image d’entan. Dans une interview exclusive avec Les Dépêches de Brazzaville, la vice-présidente de cette association, section Brazzaville, Rosalie Biangana Vouka, lance un cri de secours.

 

Les Dépêches de Brazzaville  (L.D.B.): Que veut dire la Mouyondzienne ?

Rosalie Biangana Vouka (R.B.V.) : La Mouyondzienne est une ONG qui regroupe en son sein les anciennes élèves sorties du collège normal de Mouyondzi. Au départ, l’établissement était réservé uniquement aux hommes, qu’on appelait les normaliens. Quelques années plus tard, ils ont été envoyés à Mbounda, dans le département du Niari, sur décision d’un gouverneur de l’époque, J. Cedille. L’école était maintenant composée uniquement de jeunes filles. Notre objectif s’articule autour de l’entraide, l’assistance morale et matérielle aux membres. Cet espace féminin est un cadre de concertation, de réflexion et de discussion sur des questions liées à la femme. Nous nous intéressons aussi aux problèmes de paix, à l’unité nationale et la culture de paix. Nous organisons aussi les activités culturelles et éducatives.

L.B.B. : Parlez-nous de l’organisation au sein de votre association

R.B.V.: La Mouyondzienne comprend trois sections : la section de Brazzaville, de Pointe-Noire et celle de Dolisie. Avant, Brazzaville comptait près d’une centaine de membres. Nous avons enregistré aussi beaucoup de décès, et au fur et à mesure, l’effectif diminue. Dans l'ensemble du pays, actuellement l’association compte près de deux cents membres.

L.B.B .: Depuis la création de la Mouyondzienne en 1975, avez-vous déjà eu l’occasion de vous retrouver au grand complet ?

R.B.V.: Toutes les trois sections se sont déjà retrouvées autour de notre présidente d’honneur, l’épouse du chef de l’Etat, Antoinette Sassou N’Guesso, également Mouyondzienne. Lors de la célébration du centenaire des pays de Mouyondzi, toutes les sections étaient présentes, en dehors de celles qui sont à l’étranger.

L.B.B. : La Mouyondzienne est-t-elle réservée uniquement aux anciennes du collège normal de Mouyondzi ?

R.B.V. : Nous pensons qu’il faut s’ouvrir aux autres sœurs qui souhaitent intégrer notre association, mais à condition qu’elles s’informent et appliquent le règlement intérieur. Car nous avons aussi notre culture, celle de Mouyondzi à préserver, sans oublier nos habitudes, notre slogan et notre vocabulaire à respecter. Nous l'avons déjà ouverte à nos enfants, malheureusement, elles n’arrivent pas à s’adapter dans le milieu.

L.D.B. : Vous êtes peu visibles sur le terrain…

R.B.V. : Nous sommes visibles car nous avons déjà organisé des causeries-débats. Dernièrement, La Mouyondzienne a fait des dons aux personnes âgées et la presse en a fait écho. Nous avons organisé maintes fois des opérations de salubrité dans la ville. Nous avons envisagé ouvrir un parc d’attraction pour enfants, malheureusement, le projet n’a pu aboutir.

L.D.B.: Le collège de Mouyondzi se trouve actuellement dans un état piteux. Que comptez-vous faire pour le réhabiliter ?

R.B.V. : La Mouyondzienne ne peut réhabiliter seule cet établissement, raison pour laquelle nous sommes à la recherche d’un financement. Nos regards sont tournés vers les opérateurs économiques, les hommes d’affaires, les grandes personnalités du pays et surtout vers les originaires de Mouyondzi qui peuvent nous aider à réhabiliter cet établissement. Aujourd’hui, le collège de Mouyondzi n’existe plus. Il a été transformé en lycée. Donc, le ministère concerné peut également apporter sa pierre à l’édifice. Le souci de La Mouyondzienne est de refaire cet établissement un peu à l’image d’entan, c'est-à-dire enseigner à la jeune fille les notions du mariage et l’économie domestique. Le niveau n’est plus le même puisque nous partions là-bas avec le niveau de la sixième. Toutefois, on peut rehausser le niveau des jeunes filles ayant obtenu le baccalauréat pour leur faire bénéficier d'une formation dans n’importe quel domaine. Une fois réhabilité, beaucoup de choses changeront comme les programmes, les critères d’accès et le niveau scolaire.

L.D.B .: Avez-vous déjà visité cet établissement depuis qu’il a été transformé en lycée ?

R.B.V. : Un échantillon du groupe l’avait déjà visité dans sa nouvelle version. Nous avons remarqué que l’établissement a complètement changé. Ce n’est plus l’établissement que nous avons connu. Nous avons interpellé les jeunes filles internes à assurer la propriété. A notre époque, nous faisions nous mêmes le ménage. A tour de rôle, nous entretenions les classes, la cour, etc.

L.D.B. : Un appel à lancer pour la réhabilitation de ce collège qui faisait la fierté du Congo ?

R.B.V .: Le collège normal de Mouyondzi fut un bijou. C’est vrai que les bâtiments ont complètement vieilli, mais il y a encore de l’espace pour construire d'autres plus modernes. Notre souhait serait que les bâtiments qui servaient de dortoirs restent comme un musée. Nous lançons un appel aux opérateurs économiques, et particulièrement aux originaires du département de la Bouenza, et à tous ceux qui ont fréquenté cet établissement, car Mouyondzi a formé beaucoup de cadres. Nous sommes disponibles à rencontrer toute personne de bonne volonté qui souhaiterait contribuer pour la construction de cet établissement.

L.D.B. : Votre association vient d’initier une session d’apprentissage aux NTIC. Comment allez-vous procéder pour faire en sorte que ces femmes gardent les premières notions acquises ?

R.B.V. : Les Mouyondziennes réclamaient cette formation. Elles s’intéressaient déjà aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), surtout, en ce qui concerne l’utilisation du téléphone qui leur permet de lire et d’envoyer des messages. Maintenant que nous venons d’organiser la première conférence sur les NTIC, nous souhaitons organiser, dans les plus brefs délais, une série de formations pour leur permettre de garder les notions déjà acquises.

 

Propos recueillis par Yvette Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

Rosalie Biangana Vouka ( crédit photo Adiac)

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