Italie : 1000 jours au pouvoir pour Matteo Renzi

Jeudi 17 Novembre 2016 - 16:43

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A un peu plus de deux semaines d’un référendum constitutionnel qui s’annonce mal, le Premier ministre est peu disposé à rester en place si le non devait l’emporter

Ce ne sera qu’un référendum constitutionnel. Le 4 décembre prochain, les Italiens sont appelés à se prononcer sur un nouveau projet de constitution qui devrait, en principe, simplifier le processus législatif et in fine, affirme le gouvernement, abaisser « le coût de la politique » avec une diminution des parlementaires. Un référendum constitutionnel donc, pas un vote pour ou contre le gouvernement, mais les choses s’annoncent mal. Et d’abord parce que, au plus fort des sondages alors, le Premier ministre pourtant crédité d’un bilan économique largement positif, avait lui-même « personnalisé » ce vote en annonçant : « si le ‘non’ l’emporte, je rentre à la maison ».

Cela a été du pain béni pour une opposition qui n’attendait que son heure pour littéralement clouer le bec à un jeune homme jugé présomptueux et arrogant, qui s’est engouffré sur la scène politique italienne en endossant le surnom de « rottamatore » (traduction possible : celui qui envoie à la casse) de la vieille classe politique. Avec une finesse de bulldozer, il avait envoyé tout le monde dans les choux : amis, alliés et adversaires politiques soit une belle fournée de gens voulant prendre leur revanche. Sur le thème de : « Le 4 décembre, renvoyons Renzi chez lui », éminentes personnalités de gauche comme de droite ont lancé une virulente campagne pour le ‘non’.

Avec pour conséquence un fléchissement net des sondages, malgré une série positive de bons résultats sur l’action du gouvernement en matière de déficits publics, de croissance économique (pour la première fois bien meilleure en Italie qu’en France et en Allemagne), sur le chômage et même en matière de réformes. L’opinion semble ne plus tellement adhérer à celui qui, aux élections européennes de mai 2014, avait raflé plus de 40% des suffrages pour son camp, une manière de record. Renzi, qui va compter ce vendredi 1000 jours de gouvernement stable, a également établi un record de durée, la plupart des premiers ministres précédents (à part Silvio Berlusconi, de droite) étant rarement restés au pouvoir plus d’un an.

le jeudi, un sondage publié par le journal du patronat Il Sole24Ore, donnait des chiffres alarmants : le ‘non’ au référendum obtiendrait 34% des voix, et le ‘oui’ seulement 29%. Mais, prédisent les instituts, plus de 37% des Italiens ne se sont pas encore formés une idée, ne sachant pas s’ils vont voter dans un sens ou dans l’autre, ou même seulement s’ils se rendront aux urnes le 4 décembre. Le front du ‘non’ bataille fort, même au sein du propre parti de M. Renzi, le Parti démocratique (PD) où un noyau dur s’est formé contre celui qui est en même temps Premier ministre et secrétaire du PD.

Au cours des dernières semaines celui-ci a semblé manger son chapeau, regrettant d’avoir lié son sort à l’issue du référendum. La volte-face semble ne pas lui être permise de la part de ceux qui l’ont toujours trouvé volontariste, une sorte de machine sans marche-arrière. Aussi a-t-il clarifié les choses jeudi, en disant qu’il confirmait son intention première de quitter le pouvoir si le ‘non’ l’emportait. « Je ne peux pas être celui qui se met d'accord avec les autres partis pour faire un gouvernement technique, en charge d'un seul objectif ». C’est-à-dire : réformer la loi électorale avant d'éventuelles élections anticipées.

« Je ne suis pas prêt à me cramponner à mon fauteuil. Je suis ici pour changer les choses », a dit celui qui fut maire de Florence (Toscane, centre-nord) avant de débouler à la tête du PD, et finalement à celle du gouvernement où il renversa, sans état d’âme, son ami Enrico Letta, fin lettré et francophone accompli aujourd’hui enseignant à la Sorbonne, à Paris. Depuis lors les anciens camarades de Matteo Rienzi fourbissent leurs armes, n’hésitant pas à soutenir que le succès est monté à la tête du jeune Matteo Renzi (41 ans).

Lucien Mpama

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