Italie : révolte dans un centre de migrants

Mardi 3 Janvier 2017 - 18:14

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Le décès d’une Ivoirienne a provoqué la colère de migrants qui ont pris en otage le personnel d’un centre d’accueil près de Venise.

Prise d’un malaise en fin de matinée, Sandrine Bakayoko, une Ivoirienne de 25 ans, est décédée en début d’après-midi lundi. Les premiers constats indiquent que la jeune dame est morte d’une embolie pulmonaire foudroyante. Mais si les choses avaient été aussi simples et limpides, l’affaire n’occuperait pas la Une des journaux de l’Italie entière mardi. La mort d’une personne, surtout aussi jeune, est toujours un drame dans n’importe quel pays du monde, mais ici elle a acquis les dimensions d’une bourrasque.

Cette mort a mis en ébullition tout le centre d’accueil des migrants de Cona, près de Venise, au centre nord de l’Italie. Car pour les 1400 demandeurs d’asile qui y sont hébergés la mort de l’Ivoirienne serait la conséquence, dans une région totalement gagnée au parti xénophobe de la Ligue du Nord, à des relents racistes. Ils affirment que les secours ont mis très longtemps à venir  et que quand l’ambulance est arrivée, il n’y avait plus grand-chose à faire. « Faux ! », répondent les secouristes du 118, le numéro des urgences en Italie.

« Entre l’appel reçu à 12h48 et l’arrivée sur poste de l’ambulance et les premiers soins, il s’est très exactement écoulé 20 minutes », a dit le service des secours. Il affirme avoir trouvé la jeune femme déjà en arrêt cardiaque, ce qui a obligé au massage cardiaque et au recours à un masque à oxygène. Tout cela s’est révélé vain, soutiennent infirmiers, médecins et médecin-légiste ayant pratiqué l’autopsie plus tard. « Des bobards ! », ont répliqué les demandeurs d’asile déchaînés.

Ils s’en sont pris aux installations, ont séquestré le personnel et n’ont concédé à faire baisser la tension qu’après d’âpres négociations menées par les carabiniers (gendarmes). L’ébullition a donc été résorbée sur place, mais a gagné en ampleur dans la classe politique. « Reconduction immédiate aux frontières pour les meneurs !», a réclamé le président de la Ligue du Nord de la région, Luca Zaia. « Nous ne sommes plus chez nous, mais en Afrique », a protesté une habitante dénonçant la trop grande concentration des migrants dans un petit bourg.

Quant au maire éploré de Cona, il prend le monde à témoin, dénonçant une incurie politique qui ne profite à personne. « Il a fallu la mort d’une personne pour attirer l’attention sur notre situation ici », a dénoncé Alberto Panfilio. Comme d’habitude dans ce cas, il y a ceux qui veulent jeter de l’huile sur le feu et ceux qui prônent le recours au bon sens pour analyser une situation qui est d’abord humaine. « 190 habitants dans une localité accueillant 1400 demandeurs d’asile », c’est toute l’équation du problème à résoudre, font-ils noter.

Lucien Mpama

Notification: 

Non