Ituri : la situation humanitaire toujours catastrophique

Lundi 26 Mars 2018 - 13:00

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 Le constat sur le terrain est déplorable, selon une délégation de Cartitas Congo qui vient de conduire récemment une mission dans la province.

 

 Composée de l’abbé Eric Abedilembe,  premier secrétaire exécutif adjoint de Caritas Congo, et d'Emmanuel Mbuna, coordonnateur national du service de promotion du partage et de solidarité/Urgences, la délégation devrait accompagner les Caritas Bunia et Mahagi-Nioka  à pouvoir définir ensemble un plan de réponse du réseau Caritas, en s’accordant sur les besoins urgents des personnes déplacées et exprimer la solidarité de Caritas Congo aux évêques de Bunia et de Mahagi-Nioka face à la crise humanitaire dans la province de l’Ituri.

Au regard de la réalité sur le terrain, la délégation a conclu que la situation humanitaire est déplorable. «La question de la situation humanitaire dans le territoire de Djugu mérite bien d’être posée. Au vu des dégâts enregistrés, il faut dire que la situation est catastrophique : environ trois cent vingt personnes tuées, plusieurs villages brûlés, plusieurs écoles fermées, des églises vandalisées, des hôpitaux, centres de santé et champs détruits, la circulation routière entre Bunia et Mahagi coupée, les élèves n’étudient plus , a affirmé l’abbé Eric Abedilembe.

Il convient, a-t-il expliqué, d’affirmer haut et fort que la situation humanitaire à Djugu, Mahagi et Aru est plus que dramatique et préoccupante. Autant les violences n’ont pas encore dit leur dernier mot, autant la population continue à se déplacer sans espoir du lendemain car ils sont sur plusieurs axes, a-t-il poursuivi.  Un nombre important de déplacés se retrouve dans la ville de Bunia qui compte aujourd’hui deux sites, dont l’un est installé près de l’hôpital général avec 1 049 ménages, soit 6  294 personnes, et l’autre près de la Procure de Bunia avec 350 ménages, soit 2 100 personnes, a souligné le premier secrétaire exécutif adjoint de Caritas, précisant que la majorité de ces déplacés est constituée des femmes et enfants.

Parlant des besoins de ces déplacés, l’abbé Eric Abedilembe les catégorise en deux.  Dans un premier temps, a-t-il fait savoir,  il s’agit des besoins humanitaires. « Les personnes déplacées dorment à la belle étoile. Elles n’ont rien à manger et vivent dans des conditions hygiéniques infrahumaines. Elles ont donc besoin d’une assistance humanitaire en matière de vivres, d'articles ménagers essentiels, d'abris, d'installations sanitaires et autres du même genre », a-t-il indiqué. Dans un second temps, a-t-il ajouté, il s’agit des besoins sécuritaires. De fait, toutes ces personnes ne demandent qu’une seule chose : être sécurisées pour retourner dans leurs villages et continuer à vaquer à leurs activités quotidiennes. « Il se dégage donc que le besoin sécuritaire est plus qu’urgent au stade actuel pour permettre à la population de retourner dans ses différents villages », a insisté l’abbé.

Pour ce qui est de la réponse humanitaire, l'abbé Eric Abedilembe reconnaît qu’elle s’organise déjà localement pour parer à cette crise humanitaire qui sévit en Ituri et plus particulièrement à Bunia. Dans cette ville, la Caritas diocésaine et les autres acteurs humanitaires sont mis en contribution pour une prise en charge des déplacés vivant dans les sites. Parmi ces organisations, certaines ont la responsabilité de gérer les sites  à l’exemple de Caritas Bunia, d’autres y apportent des bâches pour la construction des abris de fortune, d’autres enfin  des vivres et de l’eau. « Il faut dire qu’en ville de Bunia, les acteurs humanitaires sont bien mobilisés pour assister tant soit peu les déplacés. Mais le problème humanitaire et sécuritaire se pose à un titre particulier pour les déplacés se trouvant à l’intérieur du territoire de Djugu où l’accessibilité n’est pas possible ainsi que pour ceux se trouvant sur les territoires de Mahagi, de Aru et pour ceux qui sont réfugiés en Uganda. Ces catégories ne reçoivent jusque-là aucune assistance », a annoncé le secrétaire exécutif adjoint de Caritas Congo.

Aline Nzuzi

Légendes et crédits photo : 

L'abbé Eric Abedilembe

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