JazzKif : la bonne fortune est au rendez-vous depuis une décennie

Mercredi 1 Juin 2016 - 17:23

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Mine de rien, le festival international de jazz ouvert le 1er juin avec Blick Bassy et Jafrozz en featuring avec Pierre Vaiana totalise dix ans alors qu’il a commencé comme par aventure avec un objectif bien ambitieux. Il a fallu, pour garder le cap, se donner certains atouts à commencer par l’affiche et se créer une identité particulière, quitte à offrir des concerts en pleine rue.

Ray Lema, au micro,à la conférence de presse tenue le 31 mai au Pullman Kinshasa Grand HôtelLa conférence de presse tenue à quelque vingt-quatre heures de l’ouverture au Pullman Kinshasa Grand Hôtel n’a pas servi qu’à confirmer la tenue de la dixième édition du prestigieux événement jazz de la ville. En effet, avec la présence de Ray Lema comme guest star, le JazzKif a prouvé qu’il avait toujours le meilleur à offrir. De plus, s’il faut considérer que ce sera véritablement le premier show public que livrera le musicien de notoriété internationale sur sa terre natale depuis 38 ans, Kinshasa devrait se réjouir de recevoir comme présent son concert, le 4 juin.

Pour le percussionniste Paul Ngoy, alias Paul le Perc, le plus dur à faire c’était de garder le cap. Ce n’était « pas facile », a-t-il dit aux Dépêches de Brazzaville, de tenir le festival chaque année sans discontinuer « pendant dix ans ». « Il y a eu de grands moments mais aussi des moments de souci. Surtout, ce n’était pas chose facile de faire accepter JazzKif au public congolais mais je crois que petit à petit l’objectif est en train d’être atteint. Mais la route est encore très longue », a-t-il affirmé avec objectivité.

En effet, pas très familier au jazz, le commun des Kinois plus habitué à la rumba et friand du sébène et du ndombolo plus à sa portée, a sa petite idée du JazzKIf. Aussi, il en est encore de ceux qui dans la ville pensent que le festival s’emploie à donner une vitrine à « l’autre musique » ou tout le moins celles qui s’en démarquent, notamment le genre Jean-Goubald ou encore Jacques Tshimankinda pour ne citer qu’eux. Promoteur du JazzKif, Paul le Perc que plusieurs identifient finalement à son groupe Jafrozz, contredit cette opinion. De souligner avec force : « le festival n’a qu’un objectif, c’est vraiment faire la promotion du jazz ». Et d’ajouter tout de suite  : « Mais nous en profitons aussi des fois pour programmer des artistes qui ne font pas du jazz mais une musique live de grande expression qui peut cadrer avec l’esprit de JazzKif. Car, même dans les grands festivals de ce type dans le monde, des fois sont invités des musiciens qui ne font pas le jazz. C’est une stratégie pour accrocher plus de mélomanes ».

Deux atouts

Dès lors, il est compréhensible que l’affiche du JazzKif ne se focalise pas sur des praticiens du jazz pur car, comme le dit Le Perc, « au Congo, il y a des amateurs de jazz mais beaucoup ne le connaissent pas ». Et donc, il renchérit : « Si on les bourre de jazz, plusieurs sont très vite lassés ». Aussi, l’organisation fait en sorte de diversifier son affiche, quitte à offrir «  de la musique très technique mais à côté et proposer des compositions simples pour faire en sorte que la majorité du public ne soit pas trop dépaysée ».

En plus de son affiche élaborée avec minutie, le JazzKif s’est donné un autre atout. « Nous avions initié quelque chose qui n’existait pas. Les gens savent que d’ordinaire les festivals s’organisent à la Halle, au Théâtre de Verdure par exemple, ils y sont habitués. Mais en pleine rue et dans le centre-ville, on n’en avait pas. Cela n’existait pas. C’était quelque chose de différent et il y a eu du répondant. Ça a marché et pour moi, c’est quelque chose de spécial ». Dès lors, nous a confié Le Perc : « La première édition à la septième sur la « Rue du jazz », sont pour moi les plus grands moments et bons souvenirs ». Mais, de convenir aussi que « c’est vrai, depuis, le festival se développe toujours un peu plus ». Ici, l’artiste a souligné qu’il n’est pas juste nostalgique. Le percussionniste est attaché à la version rue bien pour le simple fait que c’était une primeur ainsi qu’il a expliqué. Et d’ajouter alors cette observation qui passe bien pour un souhait : « À Kinshasa, on doit se battre pour avoir des espaces publics en cité pour accueillir des événements d’envergure. Un grand festival du genre JazzKif devrait s’organiser dans un lieu où l’on pourrait dresser trois à quatre podiums et c’est ce qui manque ».

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Ray Lema, au micro, à la conférence de presse tenue le 31 mai au Pullman Kinshasa Grand Hôtel

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