Jour du dépassement 2017 : l'humanité vit désormais à crédit

Vendredi 25 Août 2017 - 16:52

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Depuis le 2 août, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en une année. Ce jour arrive de plus en plus tôt dans le calendrier.

Chaque année, l'ONG canadienne Global Footprint Network détermine le jour à partir duquel l'humanité vit au-delà de son « budget écologique ». Le jour du dépassement symbolise le moment où l'humanité a épuisé les capacités régénératrices de la Terre : du stockage du CO2, de l'absorption des pollutions et déchets à la production de matières premières pour la nourriture. À partir de ce jour, nous subvenons à nos besoins en entamant le capital naturel de notre planète via l'extraction de ressources qui ne sont pas renouvelables, la génération de déchets et l'émission de dioxyde de carbone qui s'accumule dans l'atmosphère sans être absorbés par les écosystèmes.

En clair, quand la demande dépasse l’offre, nous atteignons le « jour du dépassement » : l'humanité dilapide alors les ressources naturelles plus vite qu'elles ne peuvent se régénérer. Nous vivons désormais sur une dette qui s'accumule d'année en année. Cela signifie qu'en sept mois, nous avons émis plus de carbone que ce que les océans et les forêts ne pouvaient absorber en un an, nous avons pêché plus de poissons, coupé plus d'arbres, fait plus de récoltes que ce que la Terre pouvait produire sur cette même période. Pour subvenir à nos besoins, nous avons aujourd'hui besoin de l'équivalent de 1,7 planète.

Le coût de cette surconsommation est déjà visible : pénuries en eau, désertification, érosion des sols, chute de la productivité agricole et des stocks de poissons, déforestation, disparition des espèces. Or, vivre à crédit ne peut être que provisoire parce que la nature n'est pas un gisement dans lequel nous pouvons puiser indéfiniment. « Vivre selon les moyens que nous accordent notre planète est technologiquement possible, financièrement bénéfique et notre seule chance pour un avenir prospère. Tout l'enjeu est de faire reculer la date de la Journée du dépassement mondial. L'empreinte carbone de l'humanité a plus que doublé depuis le début des années 1970 et reste le moteur le plus puissant creusant l'écart entre l'empreinte écologique et la biocapacité de la planète », a déclaré Mathis Wackernagel, PDG du Global Footprint Network.

Le principal levier d'action concerne nos émissions de gaz à effet de serre qui représentent à elles-seules 60% de notre empreinte écologique mondiale. S’il semble maintenant illusoire de maintenir la hausse de la température planétaire en-dessous de 2°C d'ici la fin du siècle - objectif inscrit dans l'Accord de Paris - cela ne doit pas nous empêcher d'agir pour éviter un scénario encore bien plus dramatique. Les solutions sont connues. Limiter notre empreinte écologique implique aussi de limiter notre empreinte alimentaire. Pour cela, il est indispensable de stopper la déforestation, de diminuer notre consommation de viande ou encore de lutter contre le gaspillage alimentaire et les pertes de récolte. Si solutions il y a, la fatalité n'existe pas. Il est simplement question d'œuvrer pour éveiller la conscience collective sur les défis environnementaux.

Josiane Mambou Loukoula

Légendes et crédits photo : 

La Terre (DR)

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