Journée du 26 mai : Kinshasa a tourné au ralenti

Jeudi 26 Mai 2016 - 18:08

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Il est 14h, les activités ont repris timidement depuis quelques heures sur les principales artères de la capitale congolaise. Boulevard Lumumba, Boulevard Triomphal, boulevard du 30 Juin, avenue de la Libération (ex-24 Novembre théâtre des heurts entre policiers et manifestants plus tôt dans la journée), etc. sont de nouveau fréquentés par les usagers de la route qui restent tout de même très prudents.

« Je voulais monter vers le centre-ville l’après-midi mais on m’a déconseillé par ma famille après les échauffourées entre les éléments de la police anti-émeute et les manifestants », s’est exprimé une Kinoise contactée par la rédaction. Une preuve de la psychose qui s’est emparée de la ville en cette journée du 26 mai choisie par des milliers de manifestants (source indépendante) pour s’opposer à la violation de la Constitution et aux massacres de Beni, au Nord-Kivu. L’on a compté quelques figures marquantes de l’opposition dont Martin Fayulu, Gilbert Kiakwama, Vital Kamerhe, Gabriel Mokia, etc.

À chaque mouvement de l’opposition principalement, les Kinois s’inquiètent toujours des risques de débordement. Bien entendu, dans une ville qui a connu les pillages et les troubles aux effets dévastateurs sur l’économie, les accès de colère de la population ne sont pas vus de bon œil. Et cela se ressent sur toutes les activités, même sportives. « Les supporters de Daring club Motema pembe ont fait nombreux le déplacement du stade des Martyrs ce 26 mai 2016. Mais en raison des manifestations politiques, le stade d’une capacité de 80 000 places est vide à 80 % », a fait le point un chroniqueur sportif juste deux minutes après le coup d’envoi du match opposant le Daring club Motema Pembe à l’équipe luchoise Lupopo. La présence massive des forces de l’ordre dans les artères de la ville a fini par dissuader plus d’un sportif à se rendre au stade. « Aux environs du boulevard Triomphal, vers la rivière Kalamu, j’ai vu une jeep des éléments de la police anti-émeute démarrer brutalement pour foncer vers un petit groupe qui se formait. Mais c’était une fausse alerte. Je peux vous dire que nous avons craint le pire pendant un moment », raconte un autre Kinois.

Selon les informations en notre possession, la police a chargé sur la foule en réponse à « une provocation ». Elle a dispersé la marche au niveau de la maison Schengen sur l’avenue de la Libération (ex-24 novembre). S’exprimant sur une radio de la capitale, son porte-parole a déploré le fait que les manifestants, qui faisaient face à la police, aient essayé de franchir le barrage. « Ce n’est pas l’itinéraire convenu, c’est de la provocation. Dans ces cas-là, rien à faire. On n’a pas à négocier, on disperse ». Parti bien au-delà de 10h, le cortège qui n’a fait que grossir progressivement s’était éloigné de son itinéraire au moment de l’intervention policière vers 12 H. L’on signale qu’une partie du cortège a respecté le tracé mais aurait été rejoint par un groupe de marcheurs qui a violé l’itinéraire. Dans la confusion qui s’est créée, la seule alternative était de disperser la foule.

Le bilan disponible à la mi-journée était de 35 policiers blessés et de nombreux engins endommagés (source Top Congo interrogeant le commissaire supérieur principal Mwana-Mputu). Des témoins ont confirmé des tirs de grenade lacrymogène des forces de l’ordre et une pluie de pierres lancées de la foule vers les policiers. Finalement, l’ordre de dispersion a mis fin à cette manifestation. Il faut signaler l’interdiction d’une marche à Lubumbashi et Goma. Par contre, à Bukavu, la marche a été un succès.

Laurent Essolomwa

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