Journée nationale de l’arbre : que sont devenus les arbres anciennement plantés ?

Mercredi 5 Novembre 2014 - 13:15

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La tradition sera respectée ce 6 novembre 2014 car le gouvernement a mobilisé l'ensemble des administrations publiques, des entreprises privées et autres acteurs pour procéder au planting d'arbres. Le site retenu cette année n'est autre que Bambou-Mingali à quelque 50 kilomètres au nord de Brazzaville. La 28 ème Journée nationale de l'arbre oblige à jeter un regard sur les anciens plantings réalisés avec une question majeure : que sont devenus nos arbres anciennement plantés

Question légitime au regard des enjeux environnementaux de l'heure et de l'objectif premier assigné à la JNA : renforcer la couverture forestière et pérenniser la politique du développement durable au Congo. Depuis, ce sont des centaines d'hectares de forêts qui sont plantées comme on peut le constater à travers le territoire national. Pointe-Noire, PK Rouge (aujourd'hui Ignié), Brazzaville, Kintélé, etc. les sites sont nombreux où, avec le président de la République en tête, les Congolais ont accompli l'acte qui les engage alors même que les défis écologiques n'avaient pas l'importance qu'ils revêtent aujourd'hui. 

Quel constat aujourd'hui ?

Répondre à cette question suppose un état de lieux des différentes plantations. Boutures plantées et abandonnées par la suite, telle est l’image actuelle à retenir.  Ce constat ressort d’une série de descentes effectuées par les Dépêches de Brazzaville sur quelques sites. Il s’agit notamment du jardin planté devant l’hôpital de Mfilou, dans le 7e arrondissement de Brazzaville et  au domaine d’Ignié situé à 45 km de Brazzaville. En effet, en novembre dernier un jardin naturel a été planté devant le centre hospitalier de Mfilou. Lors de cette cérémonie, près de 800 plants de l’espèce Terminalia mentallis, une variété d’eucalyptus, ont été plantés, soit une densité de 400 plants par hectare. Une année après, aucune évolution ne se fait sentir, car tous les plans ont séché. Cet échec pourrait s'expliquer par le manque de suivi régulier de ces plantations. Ici, les responsabilités sont partagées même si, en premier, ce sont les services de l'économie forestière qu'il faut indexer. "Quel est le rôle du service national de reboisement  si ce n'est de s'occuper des arbres plantés à l'ocassion de la journée nationale ?", s'est intérrogé Nathalie, une étudiante surprise sous la forêt de kintélé. "Je pense que les maires et autres autorités locales ont ce devoir de veiller sur les arbres. C'est pareil pour la salubrité ou la sécurité. C'est une cause nationale" , pense Rodrigue, un agent des Eaux et forêts.

La place de l'éducation environnementale 

Ce rejet de responsabilités trahit l'ignorance par les citoyens et appelle à une meillure éducation environnementale. "Je pense qu'il faut instituer des cours d'éducation environnemantale dans les programmes scolaires afin de mieux sensibiliser les jeunes pour qu'ils s'approprient cette problématique", propose Dieudonné, directeur d'école. Et d'expliquer que les phénomènes d'erosion qui menacent nos villes sont la conséquence du manque d'informations. "Les gens n'hésitent pas de déforester à souhait dans le seul but de gagner des terrains, oubliant que ces sols laissés à nu annoncent des catastrophes naturelles. Prenez le cas de la forêt de la Tsiémé qui entouraient la cité des 17. Toute la zone est dévastée et la conséquence ce sont les erosions qui non seulement menacent les habitations qui sont construites mais surtout la route Moukondo-Nkombo", explique Dilantsi, un habitant du quartier Thomas Sankara à Brazzaville. "Contarirement à d'autres villes du pays, Brazzaville est construite sur du sable et au creux des collines au point qu'elle ne peut échapper ni à l'ensablement ni à l'erosion comme on le vit maintenant", ajoute-t-il en prenant des exemples sur des quartiers comme Ngamakosso, Domaine ou Faubourg - Petit-chose à Talangaï dans le 6è arrondissement. Ailleurs en effet, les villes bénéficient d'un sol dur comme l'argile ou la latérite. Ouesso, Sembé, Dolisie, etc. sont des exemples en la matière.

Notons que malgré l’importance du couvert forestier national qui représente 67% du territoire et sa richesse en biodiversité, le reboisement et le boisement constituent une niche d’activités variées et d’emplois décents et peut servir de moteur à l’émergence de l’économie verte en République du Congo. Ainsi, la Journée nationale de l’arbre représente une occasion de sensibilisation et de conscientisation des populations au rôle de l’arbre et de la forêt dans la vie. 

Lopelle Mboussa Gassia