Justin Gourna Nzacko : « la Déclaration de Brazzaville va rendre effective et réelle l’interconnexion des Etats »

Lundi 28 Novembre 2016 - 17:00

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Brazzaville a abrité le 24 novembre dernier le Conseil des ministres des Télécommunications/TIC de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC). Dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, le ministre centrafricain des Télécommunications, Justin Gourna Nzacko, a salué un processus d’intégration et un engagement d'endiguer la cybercriminalité, et évoqué les liens de coopération avec la République du Congo. 

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Monsieur le ministre, vous avez pris part au Conseil des ministres des Télécommunications/TIC ayant abouti à l'adoption de la Déclaration de Brazzaville. Que représente pour vous ce processus d’intégration sous-régionale ?

Justin Gourna Nzacko (JGNz) : Comme vous le savez, nous sommes ici à Brazzaville à l’invitation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale qui a initié les projets de loi types pouvant régir la communauté en ce qui concerne la cybersécurité, cybercriminalité, la protection des données à caractère personnel...

Ce processus ayant abouti à son terme, nous voici à Brazzaville pour adopter ces lois types. Il s’agit de faire en sorte que nous puissions harmoniser nos lois nationales avec les législations communautaires, ainsi que de faciliter l’interconnexion des Etats.

C’est une initiative heureuse que le Congo a bien voulu abriter. C’est ici l’occasion de féliciter mon collègue de la République du Congo qui a tout fait pour que cette réunion se tienne aujourd’hui, afin de relancer le processus d’intégration en matière des TIC.

LDB : Les TIC étant un domaine vaste, quels sont les mécanismes que vous avez préconisés au niveau national et régional pour permettre la mise en œuvre de cette Déclaration ?

JGNz : Effectivement, c’est un domaine très vaste, diversifié et qui a une accélération beaucoup plus rapide que les autres domaines. C’est dans ce sens que nos chefs d’Etat ont réfléchi sur des actions communes. Si chacun au niveau de la sous-région doit partir individuellement, nous n’arrivons pas à endiguer le phénomène de la cybercriminalité.

Je vous informe que j’étais ici en 2008 à l’initiative de la Cémac pour adopter des mesures que nous avons appelé les Directives de la Cémac en vue de réglementer le secteur des TIC au sein des six Etats membres.

Je suis aussi heureux de vous annoncer que j’ai élaboré deux importants projets de loi : le premier texte s’appelle la loi sur les communications électroniques et le deuxième porte sur la réforme du secteur postal. Ces projets de loi se trouvent en ce moment à l’Assemblée nationale de mon pays en attendant le vote. 

La cybercriminalité, un phénomène préoccupant : outre la violation des données relevant de la vie privée, il y a des gens qui développent leur intelligence tout le long de la journée pour arnaquer les autres. Il faut donc combattre ces mauvais utilisateurs, ceux qui piratent les réseaux ou les cartes bancaires.

Les Etats sont engagés à mener des campagnes de sensibilisation à l'endroit des populations sur le phénomène de cybercriminalité; à mettre l'accent sur la formation et le renforcement des capacités des agents des services compétents, des auxilliaires de justice et fonctionnaires de l'Etat.   

Par ailleurs, nous allons entreprendre des actions destinées à encourager ceux qui développent le secteur de l’économie numérique, la monnaie électronique et les services ; lesquels contribuent à la croissance et à la création d’emplois.            

LDB : Le processus de mise en oeuvre d’un cadre de référence d’interconnexion frontalière par le biais de la fibre optique s'accélère dans les autres pays dont le Congo. Qu’en est-il de votre pays? 

JGNz : vu la position géographique de la RCA, située au cœur du continent africain et entièrement enclavée, le projet Cab (Central african backbone) de la fibre optique est une opportunité. En même temps que nous pouvons facilement nous connecter aux autres pays voisins, nous pouvons servir de zone de transit pour l’interconnexion des pays et régions. Il nous appartient aujourd’hui de faire assez d’efforts pour tirer l’avantage de cet atout.

Je reviens sur le projet Cab initié en avril 2007. Ce projet avait une conception sous-régionale, cependant au niveau de la réalisation chaque pays voulait aller tout seul c’est ce qui a un peu ralenti le projet. Les dirigeants ont compris que les pays ne peuvent se passer les uns des autres, grâce à la réunion que nous venons de tenir à Brazzaville, l’interconnexion va être effective et réelle.         

LDB: La République Centrafricaine et la République du Congo entretiennent d’excellentes relations, avez –vous l’intention de développer une coopération en matière des TIC ?

JGNz : En gros, vous savez que la RCA fait face depuis 2013 à un conflit fratricide sans précédent. Pendant cette épouvantable épreuve que nous avons connue, - des tensions persistent-, nous avons reconnu nos vrais amis parmi lesquels le peuple congolais. Le président Denis Sassou N’Guesso a été le médiateur international dans cette crise, nous en sommes reconnaissants de cette amitié et de l’appui financier qu’il n’a hésité d'apporter à la RCA.

A propos de la coopération, nous avons déjà envisagé dans notre plan d’action de créer deux voies d'interconnexion Congo-RCA. La première voie se trouve à Ouesso où se situe une zone tripartite Cameroun-Centrafrique-Congo. La deuxième voie de connexion se trouve à Bétou pour lier Mongoumba côté RCA.

LDB : Monsieur le ministre, un dernier mot ?

JGNz : Je remercie très sincèrement le président Denis Sassou N’Guesso pour avoir compris très tôt que l’avenir et le développement de tous se trouvent dans les TIC. Il a réussi à mobiliser les organisations sous-régionales (Cééac et Cémac) aux fins de convaincre les pays parties à entrer dans ce processus.

L’économie numérique est un levier irréversible. C’est pourquoi, il faut en parler aux universitaires, aux paysans, aux jeunes. Aller très vite dans nos écoles pour former les enfants pour que parmi eux sortent des génies, des chefs d’entreprise etc.          

 

 

       

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

Le ministre centrafricain, Justin Gourna Nzacko

Notification: 

Non