Kivu : la Cojeunak dénonce une asphyxie politique et socio-économique totale et délibérée

Samedi 9 Septembre 2017 - 15:55

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Pour cette association, ce constat est devenu très perceptible à travers des indicateurs au rouge qu’elle a étalés et vus comme un mode silencieux d’extermination de tout un peuple.

 

Dans un appel urgent du 8 septembre, signé par Bahati Batwana Musabao, son porte-parole, la Coordination de la jeunesse Nande de Kinshasa (Cojeunak) a prévenu sur la détérioration, sous la barbe des autorités tant provinciales que nationales de la RDC, de la situation socio-économique et politique dans la province du Nord-Kivu. Ce regroupement a particulièrement pointé la partie dite Grand Nord.

La Cojeunak a, en effet, dit, dans son appel, amèrement constater la résurgence de l’insécurité récurrente couplée d’une dégradation avancée des infrastructures routières tant principales que de desserte agricole observée au sommet par le bourbier infranchissable sur l’axe Butembo-Beni. Pour cette ASBL, cela constitue une « preuve d’une volonté politique délibérée d’asphyxier ce coin stratégique du pays. Ce constat devient très visible à travers des indicateurs au rouge que la Cojeunak étale comme mode silencieux d’extermination de tout un peuple », a dit cette organisation de la jeunesse de ce coin du pays vivant dans la capitale.

Des preuves palpables

La Cojeunak a noté, sur le plan politique, que la communauté nande, forte de plus de 7 millions d’habitants, n’est pas valablement représentée dans les structures étatiques et non étatiques telles le gouvernement (un seul ministre), les entreprises publiques (un seul directeur général), l’administration publique (un seul secrétaire général). La structure a identifié un seul général nande en fonction dans l’armée et aucun dans la police, alors qu’elle n’a relevé aucun membre de cette communauté comme responsable dans les structures pilotant les partis politiques que ce soit du pouvoir ou de l’opposition.

Sur le plan socio-économique, la Cojeunak a noté l’impraticabilité des voies de communication, la cherté de la douane à Kasindi ainsi que la multiplicité des taxes qui brisent, selon cette ASBL, la dynamique économique de la région. Cette coordination a relevé, en guise d’exemple, que sur 1634 km des routes, à peine une dizaine asphaltées, avec 15 mille dollars américains pour le dédouanement avec AV Bivac d’un conteneur 40 pieds. « Kasindi culmine au sommet de la douane la plus chère en RDC pour une région sinistrée », a dénoncé la Cojeunak.

bourbier sur l'axe Butembo-Beni/photo Vusolo.De l’avis de cette association, en dépit de sa quatrième position en mobilisation des recettes, soit 5,13%, le Nord-Kivu bénéficie moins en termes d’investissements en infrastructures pro-croissances (eau, électricité, routes…). Ce qui l’amené à tirer la sonnette d’alarme et a exhorté les autorités civiles et militaires notamment d’organiser une conférence internationale sur la sécurité et le développement du Grand Nord-Kivu dans les villes, victimes de l’insécurité (Goma, Beni et Butembo). Cela permettra, selon cette association, de trouver les pistes de solution à cette crise sécuritaire, véritable frein au développement de la contrée. Cette ASBL attend également de ces autorités de tenir compte du poids démographique et géopolitiques régionaux couplés de méritocratie dans le choix des responsables au sein de différentes institutions et structures tant nationales que provinciales; de déployer urgemment des équipes techniques (Office des routes, OVD) pour procéder à l’asphaltage, selon les règles modernes, des routes en vue de mettre fin au bourbier de la honte sur l’axe Butembo-Beni, ainsi que d’autres routes de dessertes agricoles destinées à l’évacuation des produits agricoles qui périssent dans les villages. La Cojeunak leur recommande aussi de procéder à la construction rapide d’un nouveau pont sur la Semliki répondant aux normes techniques exigées capable de supporter plus de 60 tonnes/véhicule car, la réhabilitation de ce pont vétuste demeure un risque potentiel d’effondrement. Cette association les exhorte également à procéder à l’audit des différents contrats signés par Sopeco, CREC7 et Foner, des sociétés censées entretenir et réhabilitées ces routes en contrepartie de récupération de 150000 USD mensuels ; et à la restitution de la gestion du péage route à leurs initiateurs pour permettre à la FEC et l’Acco de poursuivre leur but vue l’inefficacité du Fonds d’entretien routier.

À la communauté nande, en particulier et congolaise,  en général, la Cojeunak appelle à la sensibilisation des jeunes à se désolidariser des groupes armés qui écument la région, et les invite plutôt à s’enrôler massivement dans les Forces armées de la RDC pour mieux défendre la contrée et le pays; à s’impliquer davantage dans les organes de décision des structures étatiques et non étatiques en faisant valoir la compétitivité, la compétence et le savoir-faire du peuple nande et à rester unis, solidaires et se rapprocher d’autres communautés congolaises pour faire obstacles aux comploteurs de la balkanisation de notre pays à partir de l’Est. La Cojeunak appelle, par ailleurs, la communauté Internationale à renforcer son appui sur le plan sécuritaire et de développement à travers les accords bilatéraux en se rapprochant plus du peuple.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Bourbier sur l'axe Butembo-Beni /photo Vusolo

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