La mémoire de Jean-Félix Tchicaya évoquée à Pointe-Noire

Lundi 15 Juin 2015 - 17:45

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Une conférence-débat a été organisée le 13 Juin au Centre culturel Jean Baptiste Tati Loutard à Pointe-Noire pour rendre hommage à Jean-Félix Tchicaya, premier parlementaire congolais. Une activité différée de la 11e édition du festival des musiques et des arts N’Sangu Ndji Ndji.

L’activité prévue le 5 juin a finalement eu lieu que le samedi.  Les hommes de culture, les politiques, les intellectuels se sont donc retrouvés ce 13 Juin au Centre culturel Jean-Baptiste Tati Loutard pour évoquer la vie et l’œuvre de Jean-Félix Tchicaya, premier parlementaire congolais décédé le 16 janvier 1961.

Pépin Boulou, enseignant de lycée a exposé sur le thème : Jean-Félix Tchicaya et Emery Patrice Lumumba : Portraits parallèles tandis que Marcel Poaty, conseiller socio culturel du maire de la ville a fait l’analyse du rapport moral et d’orientation rédigé par Jean-Félix Tchicaya pour le Congrès territorial du Moyen Congo du Parti progressiste congolais tenu à Pointe-Noire du 28 au 30 mars 1958.

Si le militant indépendantiste du Congo-Kinshasa, qui devint le Premier  ministre de cet Etat connait une auréole certaine jusqu’à aujourd’hui avec la perpétuation de ses idées par un courant politique dit  les Lumumbistes,  Jean-Félix Tchicaya eut un parcours plus ou moins contrasté. Respecté et craint à l’étranger pour sa lucidité et son talent d’orateur comme premier parlementaire du Moyen Congo et du Gabon à l’Assemblée constituante française, le fondateur du Parti progressiste congolais (PPC) a pour sa part connu un passé post indépendance difficile. Trahi par les siens, fragilisé de l’extérieur, torpillé par une dissidence dans les rangs de son parti, Jean-Félix Tchicaya ne put s’imposer au pays comme un leader incontesté contrairement à ses pairs fondateurs du  RDA (Rassemblement démocratique congolais) comme Félix Houphouët-Boigny, Lamine Gueye, par exemple a regretté l'orateur « De 1945 à 1958, Jean- Félix Tchicaya va représenter brilament son pays au Palais Bourbon. En raison de son sens  de la mesure et de la pondération, il était très écouté. Ce qui lui valu d’être propulsé, vice-président de l’Assemblée nationale française. Cette chambre parlementaire comptait à peine neuf députés africains sur un total de 586 ». a dit Pepin Boulou.

L’analyse du rapport moral et d’orientation de Jean-Félix Tchicaya

Cette analyse a édifié l'auditoire sur  le combat de l’homme politique dont les traits dominants étaient la liberté, la dignité, l’égalité et l’anti colonialisme. Il rêvait d’une communauté franco-africaine basée sur ces vertus  sans lesquelles disait-il, on replongerait au néocolonialisme « Dans les premières lignes du rapport, Jean-Félix Tchicaya plante le décor de l’après première Guerre mondiale pour les africains en général et pour les Congolais en particulier. En d’autres termes, il définit les retombées pour les peuples colonisés de la victoire remportée sur le Nazisme par les puissances alliées. La principale de ces retombées sur laquelle Tchicaya insiste c’est la liberté que les Congolais comme les autres peuples africains ont confisqué d’après Jean-Félix Tchicaya sur les champs de bataille d’abord de la première Guerre mondiale, ensuite et surtout de la deuxième Guerre mondiale. Selon lui, en même temps que les peuples d’Afrique française aidaient les Français à se libérer du joug nazi, ils cédaient eux-mêmes à devenir libres. Pour  avoir combattu de toutes leurs forces aux côtés des Français ils estiment maintenant être en droit de revendiquer une certaine égalité vis-à-vis d’eux. Désormais, pour Jean-Félix Tchicaya, les Congolais comme les autres peuples noirs sont décomplexés et font ainsi leur entrée comme il le dit sur la grande scène de l’histoire » , a souligné Marcel Poaty.

Après échanges et débats, il s’avère impérieux de perpétuer la mémoire de Jean Félix Tchicaya par la construction d’un mausolée à son honneur où seront rassemblés le patrimoine matériel et immatériel de l’illustre parlementaire.

En clôturant la conférence-débat, Pierre-Claver Mabiala, directeur du festival N’Sangu Ndji Ndji a affirmé que l’organisation de cette activité entre dans le cadre du devoir de mémoire. Les générations actuelles et futures doivent connaitre les différents faits historiques du pays ainsi que les différentes personnalités de l’époque.  Les anciens ministres Aimée Mambou Gnali,  M. Makosso, les députés Mavoungou Zinga Mabio et Claude-Abraham Milandou et plusieurs autres personnalités ont également pris part à l’activité.

 

 

 

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Marcel Poaty pendant son exposé crédit photo"Adiac"

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