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L’analphabétisme, une pesanteur sociale à casser

Samedi 29 Septembre 2018 - 12:15

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Cette humeur nous a été inspirée par la campagne de vaccination contre la fièvre jaune, lancée le 26 septembre à Pointe-Noire. Avec regret, on a écouté, dans le quartier de la Base, non loin de l’école des Trois martyrs où se déroulait celle-ci, deux familles en train de se poser la question : « Qu’est-ce que le vaccin va nous apporter ? Au lieu que ce soit la nourriture, on nous emmène le vaccin ? ».

De tels propos, à première vue banals, sont l’expression d’un analphabétisme très déconcertant.  N’eussent été les efforts des voisins pour ramener ces familles à la raison, en leur expliquant le bien-fondé de la vaccination pour le corps humain, elles allaient refuser catégoriquement d’y aller. Pire encore, l’une de ces deux familles n’était même pas au courant qu’une épidémie de fièvre jaune s’était déclenchée à Pointe-Noire, le quartier dans lequel elles habitent n’étant pas encore « visité » par cette maladie.

Un tel comportement met à nu l’attitude de certains citoyens qui refusent à la fois des mesures préventives, voire curatives pour se mettre à l’abri des maladies. Et ce sont toujours les autres de la famille qui sont accusés de sorcellerie au cas où la maladie viendrait à attaquer l’un des membres. D’ailleurs, c’est ce qui était arrivé dans une contrée, quand l’épidémie du virus d’Ebola s’était déclarée il y a quelques années dans notre pays. Des gens rejetaient les affirmations scientifiques résultant des laboratoires, préférant jeter l’anathème sur des oncles, tantes et autres parents qu’ils indexaient de sorciers.

Toujours à propos de cette vaccination contre la fièvre jaune, on a aussi entendu certains déclarer, « la vaccination est faite pour les enfants, non pas pour nous des adultes ». Des paroles qui ont mis mal à l’aise le crieur public qui passait de rue en rue appelant la population à aller se faire vacciner. Outré, il était obligé de prendre son temps pour expliquer qu’« il y a des vaccins pour enfants pour certaines maladies, des vaccins pour tout le monde, des vaccins que l’on ne peut pas administrer ni aux enfants ni aux femmes enceintes, etc. ».

Ce genre de conception traduit à la fois l’analphabétisme et le manque de communication dans les localités où l’épidémie peut se déclencher. Car comment comprendre que des gens vivant dans une localité où la maladie s’est déclenchée, bien qu’habitant un arrondissement ou un quartier où les cas suspects ou confirmés n’ont pas encore été signalés, peuvent-ils avoir de telles réactions réfractaires vis-à-vis des mesures préventives ?

Aujourd’hui, il s’agit de Pointe-Noire, la ville où la maladie s’est déclenchée. Quelle serait alors l’attitude des habitants d’autres localités, où aucun cas, même virtuel de cette épidémie, n’est signalé ? Dans ces conditions, l’idée dominante serait le rejet catégorique de la campagne de vaccination, donnant plutôt libre cours à des interprétations sans queue ni tête, à cause des pesanteurs culturelles. 

Il est souhaitable qu’en plus des trois langues, le français, le lingala et le kituba, des communications pour ce type de campagne soient faites aussi en langue du terroir pour vite convaincre une catégorie des personnes réfractaires. La vaccination sauve des vies et  c’est le pays qui gagne.

 

Faustin Akono

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Édition Quotidienne (DB)

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