Le Cavour rentre au port

Mardi 8 Avril 2014 - 17:29

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Après cinq mois d’un tour maritime humanitaire d’Afrique, les bâtiments de la trentième flotte maritime italienne reviennent à Civitavecchia

Le contraste est frappant : le porte-avions Le Cavour revient au port de départ de Civitavecchia salué par les vivats alors que son départ avait suscité des suspicions tonitruantes. Près de cinq mois après son départ, le bâtiment vaisseau-amiral du programme appelé « Système pays en mouvement » a mouillé dans les principaux ports d’Afrique y donnant à voir le savoir-faire italien en matière d’assistance humanitaire, de médecine mobile, de coopération et de business aussi.

C’est en novembre que cette flotte de quatre bâtiments a entamé son périple, s’arrêtant sur la façade méditerranéenne de l’Afrique (à l’allée comme au retour, côté est et côté ouest), dans l’océan Indien et dans l’océan Atlantique. Partout, son équipage, composé de médecins de plusieurs nationalités encadrés par des spécialistes italiens et par une équipe de volontaires, a prodigué des soins, assuré des consultations, apporté gratuitement des compléments alimentaires contre les carences physiques à des centaines de personnes venues à la rencontre de ce qui est devenu un hôpital flottant.

Opérations chirurgicales et consultations ophtalmologiques ont constitué le travail au quotidien de cette équipée assez particulière qui, au Mozambique par exemple, effectuait jusqu’à trois cents consultations par jour. L’opération a également apporté de l’aide médicale et de l’appareillage technique à des structures de santé locales. En République du Congo, Le Cavour a pu être vu le mois dernier par les populations de Pointe-Noire, qui se sont ruées en masse vers sa structure de santé embarquée pour bénéficier des soins qu’elle offrait.

Ce mardi, une conférence de presse a été organisée à bord du principal bâtiment à Civitavecchia, port à l'ouest de Rome. L’amiral Giuseppe De Giorgi, chef d’état-major de la Marine militaire italienne, a pu laisser éclater sa totale satisfaction. « La synthèse de cette mission est que le système Italie a obtenu des résultats très positifs, démontrant que lorsque les Italiens veulent bien travailler ensemble, que nous nous mettons à faire ce que nous savons faire de mieux, les résultats se font voir. »

L’opération n’a pas consisté seulement à aller promener en mer quatre bateaux et l’orgueil d’une nation, en effet. L’équipe à bord a travaillé en synergie pour que les humanitaires, notamment ceux de l’opération « One Smile » (un sourire), les médecins spécialistes, les civils et les militaires soient par leur efficacité les porte-étendards d’un savoir-faire qui n’est pas visible dans sa plénitude partout et par tous. Cette « multidimensionnalité » est d’ailleurs ce qui a nourri chez certaines organisations humanitaires le soupçon que Le Cavour masquait peut-être une opération de vente d’armes à l’Afrique.

Le Cavour, le ravitailleur Etna, la frégate Bergamini et le patrouilleur Borsini avaient quitté l’Italie à la mi-novembre de l’an dernier. Ils avaient reçu les encouragements enthousiastes de la ministre italienne des Affaires étrangères d’alors, Emma Bonino, grande militante de la cause humanitaire mondiale. Ils rentrent en Italie alors que la Farnesina, le ministère des Affaires étrangères, a changé de patronne et que la primature italienne est assumée non pas par Enrico Letta, mais par le jeune (30 ans) et fougueux Matteo Renzi. Dans la logique de sa mission, l’opération a laissé le Borsini au Mozambique en vertu d’un accord de coopération conclu auparavant.

Ce périple humanitaire de l’Afrique a comptabilisé vingt escales dans autant de nations du continent. Des opérations de formation à la sécurité maritime, aux opérations anti-piraterie, à la coopération, au soutien des marines des pays visités et à l’appui à la politique étrangère de l’Italie ont été menées. Les humanitaires ont adhéré à cette démarche : l’ONG One Smile, la Fondation Francesca Rava, l’Association des infirmiers volontaires d’Italie, le corps militaire de la Croix-Rouge et, last but no least, un groupe d’entrepreneurs, ont fait partie de cette équipée.

Lucien Mpama