Le pape engage la réorganisation de l’Église

Jeudi 18 Juillet 2013 - 7:00

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De nouvelles normes judiciaires vont entrer en vigueur au Vatican. Elles punissent plus sévèrement les crimes et les délits et étendent leur éventail

Pour le moment, le pape commence par réformer la loi. Mais il entend résolument secouer le sommet de l’administration vaticane pour imposer les règles qu’il entend. Depuis des mois déjà, des voix déclarent, y compris sur la place publique, que la curie romaine a besoin d’un impérieux coup de toilette. Il s’y passe des choses en clair-obscur, ayant favorisé dans les derniers mois des scandales qui vont de la livraison à la presse de documents personnels du pape à la poursuite d’actes délictueux dans la gestion de l’Institut pour les œuvres de religion, l’IOR, considéré comme la banque officieuse du Vatican.

Le prédécesseur du pape actuel, Benoît XVI, avait pris la mesure de la gravité de la situation. Il avait dénoncé une « Église moisie par le péché », notamment à la suite des nombreux scandales de pédophilie pratiqués par des prêtres en Irlande, aux États-Unis, en Autriche et même en Amérique latine. Il avait, lui aussi, commencé à sentir l’odeur de roussi qui se dégageait de l’IOR décidant, dans les tout derniers jours de son pontificat, d’y nommer un nouveau directeur à poigne, un baron allemand.

Apparemment, le pape François entend accentuer le mouvement. Non seulement il a donné son accord pour que la double justice, italienne et vaticane, sévisse contre de hauts prélats soupçonnés de blanchiment d’argent au Vatican, mais il veut aussi afficher une tolérance zéro en matière de crimes de pédophilie dont les auteurs seraient des hommes ou femmes d’Église. C’est ainsi qu’il y a une semaine, il a signé un « motu proprio » ; un décret papal destiné à « ajuster » le système judiciaire du Saint-Siège « aux paramètres internationaux ».

Est particulièrement notable, dans ce sens, le désir de ne plus faire du Vatican un havre pour crimes et criminels de tous acabits, fussent-ils en soutane. Le nouveau code judiciaire introduit des notions jusqu’ici inconnues au Vatican comme la torture, le génocide, la discrimination raciale. Il définit et précise les peines pour les abus contre les mineurs, mais aussi « la vente, la prostitution, l'enrôlement et les violences sexuelles à leur encontre, la pédopornographie, la détention de matériel pédopornographique et les actes sexuels avec des mineurs ». Cette gamme de crimes et délits est désormais punie par des sanctions plus lourdes, tout comme le sont désormais la corruption et le blanchiment d’argent.

Autre innovation : le Saint-Siège se donne désormais la possibilité de juger les « atteintes à sa sécurité, ses intérêts fondamentaux et son patrimoine ». Et, sans surprise, on apprend que la divulgation d'informations confidentielles peut maintenant être punie de huit ans de prison. Les nouvelles normes entreront en vigueur en septembre, et s’appliqueront à tous les membres de la curie romaine. Une chance pour Paolo Gabriele, le majordome du pape Benoît XVI qui n’avait écopé que de dix-huit mois de prison en décembre dernier pour avoir volé les documents du souverain pontife.

Lucien Mpama