Les dessous de la marche du 19 septembre : le schéma machiavélique de l’opposition

Dimanche 2 Octobre 2016 - 16:42

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Les différends discours populistes et incendiaires tenus par moult acteurs politiques de l’opposition se sont finalement traduits en actes, estime Kajepa Molobi, auteur d’une analyse pertinente sur les évènements ayant ensanglanté Kinshasa, le 19 septembre. Pour cet intellectuel averti, l’intention réelle du « Rassemblement de forces politiques et sociales » de l'opposition, à travers sa marche hypocritement qualifiée de « pacifique », était de soulever le peuple contre les institutions à partir de Kinshasa.

Connu pour ses analyses pertinentes, le Congolais Kajepa Molobi vient de récidiver avec une réflexion parvenue aux Dépêches de Brazzaville sur les violences du 19 septembre ayant entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. L’analyse de cette crise, écrit-il, démontre que celle-ci n’a pas procédé d’un concours hasardeux des circonstances, il s’est plutôt agi de l’aboutissement d’un complot politique ourdi et préparé de longue date. Malgré les dénégations de certains, tout porte à croire qu’en arrière-fond de ces turbulences, d’il y a une semaine, se sont dessinées des velléités insurrectionnelles nettes qui prouvent à suffisance que le coup a été prémédité et bien monté, se convainc-t-il.    

Sans ambages, Kajepa Molobi fait porter la responsabilité des dérapages ayant émaillé la marche du 19 septembre aux organisateurs. « L’envie d’en découdre avec un pouvoir qui a été jeté en pâture à la population afin de dresser celle-ci contre lui aura dicté aux manifestants, visiblement instrumentalisés, des agissements inciviques dans le dessein de conquête du pouvoir par des voies peu démocratiques. L’intention manifeste était de faire croire au souverain primaire que ses droits étaient violés et que le soulèvement était sa dernière planche de salut pour prétendre à un mieux-être », écrit-il.

Entre paix et violence

Et l’analyste de poursuivre : « Obnubilés par les appétences du pouvoir et n’écoutant que la voix de leur propre raison, les organisateurs de la marche ont donc délibérément occulté les vraies réalités techniques d’une bonne élection crédible et transparente pour vendre à leurs affidés l’illusion de la tenue de la présidentielle en novembre 2016 là où tous les experts s’accordent sur la nécessité d’une rallonge par rapport au délai constitutionnel réputé intenable. Tout porte donc à croire que l’objectif visé par cette marche prétendument pacifique était de plonger le pays dans le chaos et de faire tomber les institutions ».

L’analyste politique invite le peuple congolais aujourd’hui, écartelé dans l'alternative, à faire le choix, soit qu’il s’inscrit dans la logique de la paix en s’armant de patience pour espérer aller aux élections dans la quiétude et se choisir librement ses futurs dirigeants, soit qu’il adhère de manière aveugle au schéma de la terre brulée prôné par une certaine opposition avec tous ses corollaires en termes de destruction méchante et de pillage systématique de ce qu’il en reste encore de la République. Cette deuxième option qu’il considère comme « du pur et simple machiavélisme que toute personne censée ne peut soutenir », paraît à ses yeux comme suicidaire. Et il tire, d’ores et déjà, la sonnette d’alarme en invitant ses compatriotes à penser déjà à l’infiltration de notre jeunesse par les éléments du « balai citoyen » du Sénégal et « Y en a marre » du Burkina Faso, sans oublier les rencontres de l’Ile de Gorée et de Genval/Bruxelles.

Des signaux qui ne trompent pas  

Le dessein macabre, avec un soubassement insurrectionnel, qu’avait nourri l’opposition lors de la marche du 19 septembre, apparaît au travers d’un certain nombre des faits que Kajepa Molobi égrène dans sa réflexion. En voici les grands traits : 1. Depuis un certain temps déjà, plusieurs débatteurs de l’opposition congolaise revenaient sans cesse, à la télévision, sur les menaces de chasser le pouvoir en place par la violence. 2. Dans le même ordre d’idées, leurs différends intervenants sur les plateaux de télévision ont, pendant longtemps, ressassé l’exemple de la force de la rue au Burkina Faso dans le but d’inculquer cette logique à la jeunesse congolaise pour renverser le pouvoir en place. 3. Les organisateurs n’ont pas respecté les consignes édictées la veille par l’autorité urbaine auxquelles eux-mêmes avaient souscrits quant à l’itinéraire de la marche. 4. La veille de la manifestation, des tracts séditieux ont été distribués dissuadant les élèves à ne pas se rendre à l’école avec, à la clé, la mise à contribution des réseaux sociaux dans le but de faire adhérer une large couche de la population kinoise à ce dessein macabre.  5. Alors que le point de rassemblement était fixé à l’échangeur de Limete où devraient converger les manifestants, ces derniers ont préféré emprunter d’autres voies en multipliant des points de ralliement sous l’œil complice des organisateurs. 6. Deux heures avant l’organisation de la marche, plusieurs quartiers de la ville étaient déjà livrés à la merci des manifestants qui se sont illustrés par des actes de vandalisme et de pillages de biens des particuliers. À grand renfort des chants et slogans hostiles au régime en place, les manifestants cherchaient à s’offrir, via cette provocation, un prétexte pour justifier les troubles que pouvait impérativement générer une réaction musclée des forces de l‘ordre et, de la sorte, s’adjuger gratuitement le statut de victimes. 7. Poussant l’outrecuidance à l‘extrême, ces manifestants bien identifiés, à la solde des leaders de l’opposition, s’en sont pris sans respect aux symboles du pouvoir, jusqu’à détruire des biens publics tels que la stèle érigée au Pont Matete, des écoles publiques, le monument Lumumba etc.  8. La destruction méchante des sièges des partis politiques proches de la Majorité et surtout, la récupération d’armes et munitions dans certains commissariats de police ne laisse aucun doute sur la volonté de créer une situation chaotique susceptible de déstabiliser les institutions en place.

Du bourreau à la victime

Au-delà, les destructions ciblées des symboles de l’État en l’occurrence les écoles, les commissariats et les bâtiments de justice saccagés, brûlés, montrent que l’opération visait l’anéantissement prompt de l’État, se convainc Kajepa Molobi.   Cependant et malheureusement, constate-t-il, « dans une large portion de l’opinion tant nationale qu’internationale, la tendance est de stigmatiser les forces de l’ordre qui auraient tiré à balles réelles sur les manifestants oubliant que certains policiers isolés dans le cadre de l’exécution de leurs missions ainsi que des vigiles avec autorisation de port d’armes ont été pris au dépourvu, désarmés, tabassés et, pour certains, assassinés ». Réduits à la défensive face à la horde des manifestants munis d’armes blanches, ces éléments de police, note-t-il, n’ont utilisé leur arme qu’en ultime recours après plusieurs sommations. Et l’analyste de trancher : « De toute évidence donc, c’est des manifestants qu’est venue la provocation, ou mieux le brin d’huile qui a allumé le feu ». Il est d’avis que l’opinion largement partagée tendant à faire passer le bourreau pour la victime dessert le gouvernement. Il l’exhorte à envisager comment y apporter la contradiction nécessaire afin que toute la lumière soit faite sur ces tristes événements et que les responsabilités des uns et des autres soient clairement établies. « C’est vraiment immoral, à la lumière de ce qui précède et tenant compte du bilan macabre de ces évènements qui  ont jeté l’émoi dans la population, de voir et de tolérer que malgré l’évidence des faits, l’opposition semble réussir son jeu en occultant son rôle de bourreau sous un faux statut de victime », conclut-il.   

 

Alain Diasso

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