Les efforts de l’Italie payent: Guebuza et Dhlakama se sont serré la main !

Lundi 8 Septembre 2014 - 13:46

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Grâce à l’implication diplomatique et religieuse de l’Italie, les deux leaders du Mozambique ont enterré la hache de guerre vendredi à Maputo

Chez les experts en stratégie, on appelle cela une « guerre de faible intensité », mais elle n’en fait pas moins des morts ! Car comme toutes les autres typologies de guerres, le conflit du Mozambique a paralysé des secteurs de la vie d’une nation que tous les indicateurs signalent comme promis à un futur aux meilleurs atours. Pendant deux ans, l’ancien mouvement de guérilla de la Renamo (Résistance nationale du Mozambique) a multiplié attaques et escarmouches pour signaler son mécontentement. Et pendant deux ans, le Frelimo (Front de libération du Mozambique) au pouvoir, lui a répondu par les contre-attaques de l’armée nationale.

Cette situation ne pouvait durer. C’est ce qu’ont compris les médiateurs italiens qui, avec une délégation de haut niveau dépêchée dans la forêt de Gorongosa, fief d’Affonso Dhlakama le chef de la Renamo, ont pu assurer le retour de celui-ci à Maputo. Il est rentré en grande pompes jeudi dans la capitale, le vice-ministre italien au développement économique Carlo Calenda et deux autres plénipotentiaires italiens lui servant en quelque sorte de bouclier contre ses craintes d’un attentat éventuel. Pour sortir l’ancien guérillero de sa forêt, l’Italie n’a pas lésiné sur les moyens.

Des élections législatives couplées à la présidentielle sont prévues au Mozambique le 15 octobre prochain. Les sautes d’humeur de Dhlakama accusant ses rivaux au pouvoir de tout accaparer et de régner par la corruption, menaçaient la bonne tenue de cette échéance. C’est pourquoi l’Italie a dépêché auprès de lui cette délégation de haut-niveau qui comprenait, outre le vice-ministre, l’ambassadeur d’Italie à Maputo, Roberto Vellano et un archevêque du Vatican, Mgr Matteo Zuppi, en sa qualité surtout de membre de la communauté catholique Sant’Egidio.

Cette association proche du Vatican mais ne dépendant pas de lui est très active dans les processus de paix et de réconciliation. C’est à son siège déjà que fut signé en 1992 l’accord qui mit fin à la désastreuse guerre civile qui ravagea le Mozambique dès l’indépendance de 1975 acquise. Le Mozambique est par ailleurs devenu une véritable vitrine pour Sant’Egidio qui y mène une expérience catholique originale de lutte contre le Sida grâce à un projet dénommé « Dream ».

La rencontre et la poignée de mains entre le président mozambicain Armando Guebuza et son rival Affonso Dhlakama vendredi à Maputo scelle aussi par ailleurs un cessez-le-feu conclu le 24 août, toujours avec l’implication de la médiation italienne. Dhlakama a souhaité que l’entente actuelle marque l’avènement d’« une meilleure redistribution de la richesse ». De son côté, le chef de l’État a convenu que le peuple du Mozambique a longtemps attendu cet instant « sachant que les solutions à nos problèmes passeraient par le dialogue ».

Grâce au groupe pétrolier italien ENI notamment, le Mozambique est entré dans une phase de prospérité virtuelle, de récentes et importantes découvertes de charbon et de gaz nourrissant l’espoir d’un rapide développement. Selon les experts, en effet, ce pays pourrait se hisser au rang de géant chez les exportateurs mondiaux de gaz si ses gisements entrent en phase d’exploitation. L’Italie estime d’ores et déjà que le Mozambique pourrait garantir ses besoins en gaz pour les 30 prochaines années. Ces perspectives alléchantes seraient pour beaucoup dans la reprise des attaques par la Renamo, soulignent les observateurs.

Lucien Mpama