Les immortelles chansons d’Afrique : « Asimbonanga » de Johnny Clegg

Jeudi 28 Mai 2020 - 19:11

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« Asimbonanga » a été l’outil de communication par excellence de la lutte contre l’Apartheid. Avec cette chanson, Johnny Clegg a fait valser les tendances du racisme en Afrique du Sud et a fait tanguer le navire de l’Apartheid avant qu’il n’accoste au port de la liberté.

Extrait de l’album « Thirld World child », enfants du tiers-monde, ce titre est une ode à Nelson Mandela, alors prisonnier à  Robben Island à Cape Town, pour son opposition frontale à la ségrégation raciale. Quand Johnny Clegg crée son groupe « Savuka », nom qui signifie « nous sommes débout », quelques militants anti-Apartheid sont déjà assassinés, notamment Steve Biko, le 12 septembre 1977, Victoria Mxengen, le 1er août 1985 et Neil Aggett, le 5 février 1982. L’unique figure de la résistance supposé être en vie est Nelson Mandela, personne n’avait de ses nouvelles. C’est dans ce contexte qu’est né le morceau « Asimbonanga » qui, en langue Zoulou, signifie  « nous ne l’avons pas vu ».

Le refrain est chanté en Zoulou, les couplets sont en anglais. La polyphonie ainsi que les percussions appartiennent à la musique africaine, tandis que la guitare électrique, la basse ou la batterie sont des instruments Pop Rock de la culture  anglo-saxonne.

« Asimbonanga, asimbonang’u Mandela ithina, laph’ekhona, laph’ehleli khona », « nous ne l’avons pas vu, nous ne voyons pas nous-mêmes Mandela, le voilà, c’est là qu’il est assis ». Tel un prophète, le chanteur voyait Mandela assis sur un trône.  Il estimait que même si l’eau de la mer était brulante, on finirait par la traverser le moment venu pour rencontrer Mandela. Son rêve était de voir le silence être brisé.

Enregistré en 1986, l’album sera victime d’une censure en Afrique du Sud puis deviendra une véritable arme de combat contre le régime de Pretoria. Ce  morceau politiquement engagé fera accéder le « Zoulou Blanc » à une notoriété internationale à partir de 1987. Il jouera une quarantaine de concerts dans l’hexagone, dont sept à guichet fermé,  au Zénith de Paris en 1988. Le 11 juin de la même année, lors du 70e anniversaire de Madiba,  plusieurs stars du monde de la musique, à savoir Stévie Wonder, Withney Houston, Peter Gabriel, Sting, Georges Michael, Eric Clapton, etc, avaient réclamé sa libération à travers cette chanson, au stade Wembley de Londres. « La musique a une puissance qui défie la politique », affirmait Mandela à sa sortie de la prison.

Si Johnny Clegg a pu vaincre l’apartheid et ses valets par le biais de la musique, il succombera cependant au cancer du pancréas le 16 juillet 2019, après avoir totalisé 66 ans de vie. L’artiste a laissé une veuve, Jenny et deux enfants, Jaron et Jessy. Jonathan Clegg, à l’état civil, est né le 7 juin 1953 en Angleterre. A 7 ans, il s’installe à Johannesburg avec sa mère. Il contactera le virus de la chanson à 15 ans et va apprendre les rudiments de la culture Zoulou. En 1979, avec le guitariste Sipho, il crée le groupe Juluka. En 1991, il est fait chevalier de l’ordre des arts et des lettres.

 

   

 

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

Johnny Clegg et Nelson Mandela

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