Les immortelles chansons d’Afrique : « Yéké Yéké » de Mory Kanté

Jeudi 21 Mai 2020 - 17:15

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« Yéké Yéké » a propulsé Mory Kanté vers le statut de star africaine mondialement connu. Avec cette chanson, l’artiste reçoit un disque d’or, une victoire de la musique et de nombreuses distinctions honorifiques. Plus de trente ans après, ce titre résiste toujours à l’usure du temps.

La première version de ce morceau sort en 1984. L’album s’intitule « Mory Kanté à Paris ». Ce disque scelle la carrière de l’artiste avec la ville lumière. La chanson connaîtra néanmoins un maigre succès. C’est finalement dans l’album « Akwaba Beach », paru en 1987 que ce morceau va grimper sur les titres des grands noms de l’écosystème musical mondial.

« Yéké Yéké » est, en effet, l’adaptation d’une danse festive traditionnelle, au rythme appuyé, pratiquée dans le village de Mory Kanté. Ce titre va bénéficier, dans sa nouvelle version, d’une production Dance Pop soignée. Ici, la section cuivre est pleinement déployée, les accords de la kora électrique et la voix  perçante et puissante de l’artiste apportent à cette chanson  un nouveau genre musical. Les bases de la World Musique sont alors jetées.

Pendant que ce titre fait le buzz, les gardiens puristes du Saint Graal de la musique africaine s’écrièrent aussitôt que la musique du continent noir aurait été trop adaptée aux habitudes auditives des consommateurs occidentaux. Toutefois, ils ignoraient que Mory Kanté venait là de  soumettre le public occidental à un cours magistral en matière de musique ethnique.

Il faut dire que Mory Kanté a colonisé une grande partie du globe avec « Yéké Yéké »,  plus d’un million de 45 tours et plus de cinq cent mille 33 tours vendus. Le griot a vu l’interprétation de  sa chanson en anglais, espagnole, hébreux, arabe, chinois, portugais. La chanson a également été transformée en sonnerie de téléphone et certains festivals en Europe portent le nom de « Yéké Yéké » en l’honneur à l’Afrique. En 2000, un remix de ce tube va être enregistré pour la bande originale du film « The beach » de l’acteur Léonard Di Caprio.

« Enfant, j’ai connu trois écoles : celle des Blancs, jusqu’au collège ; celle du Coran ; et celle de la tradition orale, qui passait par beaucoup de contes et m’a permis d’apprendre les chants du répertoire, la pratique des instruments (balafon, guitare, tambour tama, kora…) et l’histoire du pays mandingue», expliquait Mory Kanté. C’est sans doute la résultante de ces trois écoles qui justifie la réussite de ce griot hors pairs sur l’échiquier international.

C’est en 1950 que Mory Kanté voit le jour dans un petit village au sud de la Guinée. A 21 ans, il intègre le Rail Band de Bamako où il retrouvera Salif Keita au chant qu’il remplacera deux ans plus tard. En 1978, il s’installe à Abidjan,  quitte le Rail Band et connaitra d’autres musiciens. C’est de là qu’il va allier les sonorités africaines à celles occidentales. Il interprète les sons de Barry White en y mêlant le flow traditionnel. Ce style va commencer à intéresser les grands noms de la scène musicale internationale. C’est à Los Angeles, en 1981 que Mory Kanté enregistrera son premier album « Courougnégné ». 

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

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