Les réalités des unités piscicoles et agropastorales du Congo

Mercredi 15 Juin 2016 - 19:30

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Les questions de financement sont au cœur des difficultés que rencontrent diverses structures publiques des secteurs agricole, d’élevage et de la pisciculture. Ainsi l’a constaté le ministre de tutelle, Henri Djombo, au cours de la visite qu’il a effectuée, le 14 juin, en compagnie de ses collaborateurs dans plusieurs unités du département du Pool. Visite ponctuée d’entretiens avec les responsables des lieux.

Qu’il s’agisse de la station piscicole de Dzoumouna, du Centre de vulgarisation des techniques agricoles, du Centre de vulgarisation des techniques d’élevage qui jouxte le Centre de démonstration des techniques agricoles à Kombé, les besoins exprimés par les cadres et techniciens sont à quelques différences près les mêmes :  il y a lieu que le gouvernement mette la main à la poche pour permettre à ces unités de s’équiper ou d’être réhabilitées dans l’objectif affiché de contribuer à la baisse des coûts d’importation des produits alimentaires de base.

Dzoumouna

Pour ce qui est de la station piscicole de Dzoumouna, le premier constat est celui de son quasi-abandon rendu visible par la montée des herbes, l’assèchement des étangs,  22 seulement sont viables sur les 44 qu’elle dispose ; le vieillissement des conduites d’eau, des équipements de traitement des aliments de poissons, la précarité du cheptel porcin, l’absence d’électricité, de moyens roulants, la vétusté des bâtiments, l’intrusion des cambrioleurs sur le site. A quoi s’ajoute le manque de personnel qualifié.

D’après le directeur du Centre pour le développement des pêches et de l’Aquaculture, les problèmes qui se posent aux installations du secteur dans le Pool le sont dans la presque totalité de celles qui existent à travers le Congo. André Bitoumba croit néanmoins qu’il est possible, pour le cas précis de Dzoumouna, d’apporter des solutions adéquates et parvenir aux meilleurs résultats. Ceci passe, a-t-il déclaré, par une réhabilitation totale de la station, la construction d’un mur d’enceinte, la formation du personnel. Celui-ci devra habiter sur les lieux de sorte à maintenir le fonctionnement optimal de la station. D’où effectivement, le besoin en logements.

Partenariats

Les échanges qui ont suivi l’intervention du DCDPA ont permis de noter que des dispositions sont prises au niveau du ministère pour réhabiliter Dzoumouna à partir du budget de fonctionnement 2016 prévu pour toutes les stations domaniales du pays, mais également du budget d’investissement de l’année en cours, dans lequel la priorité est accordée, selon le directeur de cabinet du ministre, à cette station. En même temps, le Projet de développement agricole et de réhabilitation des pistes rurales (PADRP) partenaire du gouvernement dans l’expérience de Dzoumouna a, par la voix de son coordonnateur, émis le souhait que les deux parties travaillent en symbiose pour éviter tout doublon dans l’engagement éventuel de fonds. La Banque mondiale, a-t-il expliqué, prépare une nouvelle intervention dans le secteur et il serait mieux, à son avis, d’opter pour une solution durable à Dzoumouna.

A son tour, le ministre a salué l’appui des partenaires en parlant de « belles promesses à travers le budget d’investissement de l’Etat et les projets que le Congo développe avec la Banque mondiale, la coopération japonaise et le FIDA (Fonds international de développement agricole -Ndlr-) ».

Un exemple de réussite

On peut le dire de l’expérience de la société « Alpha 8 » installée non-loin de la station piscicole de Dzoumouna. Un site visité par Henri Djombo, qui n’a pas manqué de compliments pour cet opérateur privé qui réussit dans un secteur où les initiatives publiques battent de l’aile : variété d’espèces de poissons élevés, entretien plus que soutenu des étangs et de l’environnement puis, cela peut couler de source, un bon rendement ! Alpha 8 poursuit son activité en espérant mieux.  

La réussite, c’est peut-être aussi ce qu’il faut relever de la visite du Centre de vulgarisation des techniques agricoles, malgré deux soucis : l’approvisionnement en eau ainsi qu’un besoin pressant de machines agricoles. Le directeur du Centre, André Michel Nzaou se montre tout de même confiant, en déclarant que si des solutions sont trouvées aux doléances du centre qui doit, pour ses travaux, louer un machine à 90 000 l’hectare, les résultats seraient encore plus élogieux.

D’un centre à l’autre, Henri Djombo s’est rendu ensuite à celui dédié à la vulgarisation des techniques d’élevage. Il se partage le même site avec le centre de démonstration des techniques agricoles où œuvrent aussi des partenaires chinois. «  Il n’y a pas assez d’argent pour faire ce que l’on devrait faire », avoue l’un des responsables qui témoigne que depuis le lancement du projet en 2014, le centre n’a reçu le financement qu’une seule fois. Résultat : la modicité des statistiques qu’il présente en comparaison de celles relevant de l’expérience chinoise : « Nos amis Chinois ont trois bâtiments de cinq mille pondeuses chacun, soit un total de quinze mille pondeuses, et nous un seul de cinq-cents pondeuses. De plus leurs bêtes (des porcs essentiellement) sont dodues, les nôtres décharnées et en petit nombre ». Et de garder néanmoins l’espoir : «  Si le ministre peut nous aider, cela sera profitable pour le centre ».

Qu’en dit Henri Djombo ?

« Nous pouvons, dans le secteur public atteindre les mêmes performances que ce que nous avons vu chez le privé. Il faut pour cela corriger très rapidement les erreurs qui ont été commises et apporter des solutions durables aux problèmes qui se posent », déclarait le ministre à la fin de sa ronde. Henri Djombo se dit conscient que le manque de financement met à l’abandon certaines structures. Il estime que les budgets nécessaires seront disponibles d’année en année pour appuyer «  l’essor agricole, l’essor halieutique, l’essor du bétail dans notre pays ».

L’espoir, a conclu le ministre d’Etat réside dans le fait que le gouvernement place l’agriculture, la pêche et l’élevage parmi ses priorités. On peut le mesurer à l’aune de la préséance dans l’équipe que dirige le Premier ministre, chef du gouvernement, Clément Mouamba.

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1- Henri Djombo lors de la visite des sites 2- Des plants de bananiers au Centre de vulgarisation des techniques agricoles

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