Les souvenirs de la musique congolaise : biographie et œuvres de Tabu Ley Rochereau (1)

Jeudi 4 Avril 2024 - 20:40

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Parmi les artistes musiciens qui ont gratifié les mélomanes des deux rives du fleuve Congo et d’Afrique par des chansons remarquables, figure Tabu Ley Rochereau, une star de la musique congolaise.

Né le 13 novembre 1940 à Bagata, dans la région de Bandundu, en République démocratique du Congo, Pascal Emmanuel Sinamoy a grandi à Léopoldville (aujourd'hui Kinshasa) dans un univers baigné de musique. Il chantait à l’église et dans les chorales des établissements scolaires qu’il fréquentait. Ainsi, la chorale l’aide déjà à composer des chansons à cette époque. Ses camarades de classe l’attribuent par dérision le sobriquet de Rochereau, car il est le seul à trouver, au cours d’une leçon d’histoire, le nom du défenseur de la ville française de Belfort contre les Prussiens en 1870: le colonel Denfort Rochereau Pierre Philipe, et il finit par s’en accommoder.

Après ses études primaires et secondaires, il entame une carrière de fonctionnaire, d’abord comme secrétaire administratif, puis en tant que responsable administratif et financier à l’Athénée de Kalina (Actuel Institut de la Ngombé). Dès son jeune âge, il commence à composer des chansons au cours des années 1950. Le début de sa carrière musicale sera marqué par sa participation à une séance d’enregistrement avec Kabasele Grand Kallé. Il propose des chansons à l’African Jazz qui l’engage et prend alors son nom de scène Rochereau. Ses premiers titres « Kelya », « Adios Tété » et « Bonbon sucré » le font connaître du public et mettent en exergue son ampleur incontestable d'auteur compositeur. Marié à Georgette Mowana (Alias Tété), il a eu cinq enfants. Rochereau vécut également un amour idyllique avec la miss Zaïre 1969 avec qui il a eu six autres enfants.

En 1963 sous la férule de Nico, Rochereau et Roger Izeidi, sociétaires de l’African Jazz, contestent la gestion financière peu orthodoxe de Joseph Kabasele et quittent l’orchestre pour créer l’African Fiesta. En 1966, très gêné par la personnalité forte de Nico, leur union sacrée vole en éclats à la suite d’un conflit de leadership. Rochereau crée à son tour avec Roger Izeidi l’African Fiesta National (qui deviendra l’Afrisa après son passage à l’Olympia, à Paris) au sein duquel il déploie ses talents de compositeur et chanteur hors pair et permet aux jeunes chanteurs de faire carrière à côté de lui comme Sam Magwana, Ndombe Pepe, ou encore les sœurs Yondo qu’il va mettre sur le piédestal dans une chanson intitulée « L’éridé ».

Entre 1964 et 1968, Rochereau compose près de 200 chansons dont l’un des titres phares est « Mokolo na ko kufa », un tube qui a connu un succès immense dans le gotha musical du Pool Malebo. Au cours de la même période, l’African Fiesta se rend à Brazzaville, à Mont Réal au Canada à l’occasion de l’Exposition universelle de 1967, et à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Une épopée qui connaîtra un franc succès, mais ponctuée au retour de Montréal par un événement malheureux, notamment la défection du chanteur Sam Magwana et du guitariste soliste Guivano qui créent à leur tour le Festival des maquisards.

A la faveur de la politique du recours à l’authenticité décrétée par Mobutu en octobre 1971, il ajoute Ley au patronyme de son père Tabu pour devenir Tabu Ley. Son passage à l’Olympia à Paris, en 1970, est la consécration d’une carrière débutée sous la houlette de Kabasele dit grand Kallé qui lui mit le pied à l’étrier.  A suivre…

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Tabu Ley Rochereau/DR

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