L’Europe veut expulser plus facilement les clandestins et déboutés

Jeudi 9 Février 2017 - 17:00

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Italie et Allemagne étudient des mesures pour renvoyer plus facilement les clandestins et les déboutés du droit d’asile vers leurs pays d’origine.

La question du refoulement des clandestins et surtout des déboutés du droit d’asile en Europe occupe bien des capitales. Elle est devenue une question de brûlante actualité et un enjeu de sécurité depuis que l’Allemagne a accueilli plus d’un million de réfugiés syriens parmi lesquels, affirme l’opposition à la chancelière Angela Merkel suspecte l’infiltration de quelques dangereux djihadistes. Ou tout simplement des candidats à l’émigration se faisant passer pour Syriens ou Afghans quand ils ne seraient que Marocains ou Egyptiens. Ou bien des Gambiens qui seraient en fait des Sénégalais.

Ainsi mercredi, à Rome, le gouvernement a présenté un plan pour mieux accueillir les demandeurs d'asile, mais tout en multipliant les efforts pour stopper les arrivées et expulser les déboutés. « Nous devons accueillir et intégrer qui y a droit et rapatrier les autres », a martelé le ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, en présentant les grandes lignes de ce plan devant une commission parlementaire. L’Italie a vu débarquer 500.000 migrants depuis 2014, et ses centres d’accueil sont débordés avec leurs 175.000 demandeurs d’asile.

Le plan préconise le versement chaque année d’un total de 100 millions d’euros aux communes et provinces qui accepteront l’accueil des migrants sur leurs territoires. La  question est au centre d’un bras de fer entre des élus récalcitrants, surtout de droite, et les autorités de Rome accusées de laxisme et de dangereux « bonnisme ». Parallèlement, le gouvernement italien cherche à nouer des accords de réadmission des refoulés avec des pays comme le Niger, l’Egypte, le Sénégal et le Nigéria, pays de provenance majeure ou de transit des migrants.

Dans ce sens, jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Angelino Alfano, et son homologue tunisien, Khemaies Jhinaoui, ont signé un accord de coopération renforcée prévoyant en particulier. L'Italie souhaite pouvoir accélérer les procédures d'expulsion, et presse particulièrement la Tunisie après la controverse sur le parcours d'Anis Amri, l'auteur présumé de l'attentat du marché de Noël le 19 décembre à Berlin, en Allemagne. Ce Tunisien, débarqué à Lampedusa, au sud de l’Italie, et condamné à quatre ans de prison pour violences, s'était converti à l'islam radical pendant sa détention en Sicile mais avait échappé à l'expulsion à sa libération. Et il avait tranquillement gagné l’Allemagne.

Ce pays qui a accueilli plus d'un million de migrants depuis 2015, veut lui aussi accélérer les expulsions des demandeurs d'asile déboutés à travers une batterie de mesures qui étaient en discussion jeudi à Berlin avec les représentants des Etats régionaux. Un débat secoue le pays à propos de l’expulsion des demandeurs d’asile afghans. Ceux qui soutiennent que l’Afghanistan n’est pas encore un pays pacifié et ceux qui affirment le contraire se divisent sur la question.

La tendance à resserrer encore plus l' avis pour contrer l’immigration clandestine est la conséquence directe en Europe et dans le monde de la montée en puissance des mouvements populistes. Et puis, en Allemagne mais aussi en France et en Italie, des élections cruciales se profilent où ces mouvements risquent de faire un tabac sur le thème de la souveraineté nationale, la méfiance de l’immigration musulmane et la guerre aux étrangers. Déjà, c’est sur ces thèmes que la planète s’est trouvé un président américain qui inquiète sur sa vision du monde.

La Commissaire européenne aux Affaires étrangères, l’Italienne Federica Mogherini, est un avis qui peut aller à contre-courant des tendances du moment : « Je pense que les Européens devraient comprendre que nous avons besoin de l'immigration pour nos économies. De son côté, l'Afrique devrait prendre en compte le coût du trafic d'êtres humains, les pertes en vies humaines. Les migrations ne peuvent être gérées que par la coopération et le partenariat ». Vision pragmatique ou vœux pieux ? Mme Mogherini qui doit rencontrer son homologue des Etats-Unis dans les prochaines heures aura l’occasion d’en convaincre le monde occidental.

Lucien Mpama

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