Libération des prisonniers politiques et d'opinion : les premiers signaux de décrispation sont là

Samedi 20 Août 2016 - 17:11

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Officiellement, vingt-quatre personnes devraient retrouver une liberté provisoire ou complète dans les prochains jours, selon une décision de l’autorité judicaire.

Lentement mais surement, le ciel politique est en train de s’éclaircir. La dernière décision prise par le gouvernement, le 19 août, via le ministre de la Justice, Alexis Thambwé Mwamba, visant la libération de vingt-quatre détenus politiques censés retrouver une liberté complète ou provisoire, tient toujours la une de l’actualité. Cette mesure de libération des prisonniers politiques ou d’opinion, décidée après concertation entre l’exécutif national et les différents services concernés, va dans le sens d’apaiser les tensions politiques à l’approche du dialogue national.

C’est de cette manière que le gouvernement justifie cette série de libération qui fait partie des mesures de décrispation sur lesquelles martelait encore hier l’opposition au point de les conditionner à sa participation au dialogue. C’est donc sur la base de la liste transmise au gouvernement par l’opposition pure et dure aujourd’hui incarnée par la plate-forme  « Rassemblement » par l’entremise de la délégation de l'Union européenne que cette option a finalement été levée. Pour le pouvoir, c'est une main tendue vers l'opposition dont les exigences sont rencontrées à travers ces libérations saluées par certains leaders politiques pendant que d’autres continuent d’émettre des réserves poussant le gouvernement à faire un peu plus.       

Dans le lot des prisonniers connus éligibles à cette libération imminente, l’on peut citer les deux activistes  Fred Bauma et Yves Makwambala respectivement membres des mouvements citoyens Lucha et Filimbi, arrêtés le 15 mars 2015 à Kinshasa lors d'une rencontre internationale sur la bonne gouvernance en Afrique. Le militant de la société civile, Christopher Ngoy Mutamba, arrêté en janvier 2015 dans la foulée des manifestations contre un troisième mandat de Joseph Kabila est aussi concerné par ces mesures, sans oublier Jean-Marie Kalonji, président du mouvement « Il est temps RDC-Quatrième voie ».

Cependant, deux opposants de renom ne figurent pas sur la liste des bénéficiaires de cette mesure de libération des détenus politiques. Il s’agit d’Eugène Diomi Ndongala arrêté en 2014 et de Jean Claude Muyambo arrêté lors des émeutes de janvier 2015 contre la révision de la loi électorale. Leurs noms auraient été enlevés sur la liste initiale de vingt-six noms transmise à qui de droit, apprend-on. Et pour cause ? À en croire le ministre de la Justice, les deux opposants dont l’un est proche d’étienne Tshisekedi et l’autre de Moïse Katumbi ne sont pas concernés par cette mesure pour la simple raison que la nature de leurs infractions (viol et escroquerie) n’entre pas dans le critérium tel que fixé. Il y aurait dans ces cas-là, d’après Alexis Thambwe Mwamba, plusieurs prétendants à l’élargissement et « cela pourrait choquer l'opinion publique ».

En attendant la réaction officielle du « Rassemblement » sur ce que l’on peut considérer comme un appel de pied du gouvernement à son endroit, certaines langues se délient déjà et pensent que ce n’est pas assez. Faisant fi des explications du ministre de la Justice, elles continuent d’exiger la libération d’Eugène Diomi Ndongala et de Jean Claude Muyambo tout en dénonçant le montage judiciaire grossier qui justifie leur incarcération. Bien plus, une autre frange de l’opposition continue d’attendre la réponse du gouvernement quant à sa revendication relative à la levée des poursuites contre l'un des principaux candidats à la présidentielle Moïse Katumbi, ex-gouverneur du Katanga. Cette opinion est d’avis que le gouvernement n’a pas du tout vidé le cahier des charges et les préalables de l’opposition.

Enfin, dans la foulée des mesures de décrispation prises par l’autorité judiciaire, il faudrait aussi ajouter la réouverture de deux médias de l’opposition, en l’occurrence Canal Kin-Télévision, proche de l'opposant Jean-Pierre Bemba, et de Canal Futur, proche de l'opposant Vital Kamerhe. L’on croit savoir qu’avec ces mesures, le gouvernement vient de répondre favorablement aux conditions posées par l’opposition quant à sa participation au dialogue. Pas sûr cependant que lesdites mesures suffisent à elles seules à débloquer l’impasse politique actuelle.

Alain Diasso

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