Liberté de la presse : la RDC en net recul

Mercredi 3 Mai 2017 - 16:00

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Dans un communiqué publié en marge de la journée internationale de la presse, Amnesty international dénonce le musèlement de la presse congolaise et la tendance à garder la population dans l’ignorance, en particulier dans le contexte de la crise politique et sécuritaire qui sévit actuellement au pays.  

La liberté de la presse en RDC est en net recul. Ce constat a été fait mercredi 3 mai à la faveur de la célébration de la journée internationale de la presse par diverses structures liées à la corporation journalistique. Cette année 2017, le pays régresse en effet de deux places au classement de Reporters sans frontières. La RDC pointe à la 154ème position sur 180 pays, son mauvais score depuis 2002, fait remarquer Amnesty International. De nombreuses organisations professionnelles du secteur sont montées au créneau pour stigmatiser la tendance au musèlement de la presse congolaise, à l’instar de Journaliste en danger (JED).

Cette organisation note que depuis 2001, aucun geste, ni politique, ni législatif, ni juridique n’a été posé en faveur des journalistes et de la liberté de la presse par les différents gouvernements qui se sont succédé. Une situation qui traduit, d’après cette ONG, le peu d’intérêt que l’Etat accorde à l'évolution et à l’épanouissement socioprofessionnel des médias en RDC. Les statistiques brandies par JED, partant de fin 2016, ne sont pas du tout encourageantes et n’incitent guère à l’optimisme. « 87 cas d’attaques directes et diverses contre la presse » ont été recensés fin 2016 et au moins 69 autres cas d’atteintes à la liberté de la presse répertoriés depuis le début de l’année 2017. Ce qui constitue une régression par rapport à l’année passée lorsqu’on sait qu’à la même période, soit de janvier à mai 2016, seuls 41 cas d’atteintes à la liberté de la presse ont été enregistrés.

Enfonçant le clou, Amnesty international a dénoncé dans un communiqué, les conditions difficiles dans lesquelles œuvrent les professionnels des médias « régulièrement arrêtés arbitrairement, tabassés, humiliés, leur matériel saisi ». À cela s’ajoutent la fermeture fréquente des médias proches de l‘opposition et la mise en place des mesures administratives restrictives pour la presse. Les autorités congolaises se seraient particulièrement illustrées par ces pratiques entre 2015 et 2016, à en croire cette ONG internationale qui cite, entre autres, la fermeture de la radiotélévision Jua de l’opposant Jean-Claude Muyambo ainsi que de Nyota et Mapendo, deux médias appartenant à l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi.  Et de rappeler également qu’à cette période, « Internet a été coupé et filtré dans le pays à au moins deux reprises et le signal de deux des radios les plus écoutées brouillé ou interrompu. Cas de Radio France internationale (RFI), dont le signal radio a été coupé depuis le 4 novembre 2016.

Alors que d’aucuns s’attendaient à ce que les médias fermés reprennent du service après les mesures de « décrispation politique » fixées par l’accord politique du 31 décembre 2016, force est de constater que la plupart sont toujours interdits de diffusion. Plus grave, la diffusion en continu des médias étrangers en RDC est dorénavant soumise, selon un décret signé par le ministre de la Communication et des médias, à une prise de contrôle par des Congolais de leur entreprise. À défaut, ils sont astreints à conclure un partenariat avec une radio privée congolaise et accepter de n’émettre que par intermittence. Ceux des médias qui ne se sont pas conformés à cet arrêté ministériel, endéans les quarante-cinq jours requis, étaient menacés de coupure de fréquence ou d’antenne.    

Pour Amnesty international, il s’agit là ni plus ni moins d’un musèlement de la presse en RDC. « Les médias jouent un rôle primordial pour informer la population et permettre un débat démocratique. Les attaques contre eux et les journalistes doivent cesser. Les autorités devraient comprendre qu’il est dans leur intérêt d’encourager et protéger une presse libre et indépendante qui rapporte les faits », fait observer Amnesty international plus que jamais préoccupé par le sort des médias et des journalistes en RDC.   

Alain Diasso

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