Libye : l’envoyé spécial de l’ONU mis à la porte

Samedi 11 Février 2017 - 12:25

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Les efforts de l’Allemand Martin Kobler pour ramener la paix en Libye ont été jugés « insuffisants » comme ils le furent en RD Congo jadis.

Une fois de plus Martin Kobler semble faire l’unanimité contre lui. Après la République démocratique du Congo où il a fini par être déchargé de la plus grande mission de paix des Nations unies, la Monusco, l’Allemand semble ne pas avoir donné davantage satisfaction à ses employeurs comme envoyé spécial du secrétaire général en Libye. Celui-ci, Antonio Guettieres semble ne semble pas avoir fait une évaluation différente de celle de son prédécesseur le Sud-coréen Ban Ki-moon. Martin Kobler a été désaisi du dossier libyen. Selon toute vraissemblance, il sera remplacé par le Palestinien Salam Fayyad.

Le secrétaire général de l’ONU en a informé le Conseil de sécurité jeudi ainsi que les protagonistes libyens que M. Martin Kobler était censé amener à la paix autour d’une structure unitaire favorisant l’extinction des dissensions et des violences. Ils ne seront sans doute pas les plus mécontents de ce remplacement. Déjà le maréchal Khalifa Haftar affirmait à qui voulait l’entendre que Martin Kobler n’était pas aimé des Libyens; qu’il était « l’homme du diable ». Sévère point de vue de l’homme fort de l’est libyen, mais une opinion qui semble rejoindre celle de beaucoup autour de la crise libyenne.

Son remplaçant probable, Salam Fayyad, est un Palestinien de 65 ans qui a été le Premier ministre de l’Autorité palestinienne de 2007 à 2013. Il va prendre en charge un dossier délicat qui va exiger tout le doigté pour faire tenir l’accord politique chancelant autour duquel les Libyens sont en discussion depuis des semaines. Sauf à croire que Martin Kobler va partir en emportant avec lui les maigres résultats qu’il a obtenus sur ce terrain, les Libyens seraient sur le point d’annoncer la formation d’un gouvernement d’union de plus grande inclusion.

Le maréchal Haftar récuse l’autorité de Fayez al-Sarraj, actuel dirigeant à Tripoli, la capitale, d’un Gouvernement d’unité nationale (GAN) que soutient une partie de la communauté internationale. Il a exigé et semble avoir obtenu la constitution d’un autre gouvernement d’union qui lui reconnaîtrait un rôle plus important – de chef d’état-major de l’armée – pour que ses forces et ses moyens militaires non-indifférents quittent la région de Tobrouk (est libyen) et se fondent dans une structure nationale unitaire. Ce serait la condition pour que le gouvernement rival et le Parlement qui lui sont favorables dans cette partie du pays cessent de se poser en rivaux de ceux qui sont établis à Tripoli.

Le maréchal Haftar qui dispose d’avions de chasse et de tanks pour son armée a de quoi peser sur l’avenir de la Libye. C’est lui qui a chassé les djihadistes de Benghazi, la deuxième ville du pays. Il est soutenu par l’Egypte et par la Russie alors que M. Fayez al-Farraj est soutenu par les Occidentaux mais avec une autorité qui ne va pas au-delà de Tripoli. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Gutteres a donné jeudi deux jours aux membres du Conseil de sécurité pour accepter ou non sa décision de récuser Martin Kobler. Ce serait sa première nomination importante depuis son arrivée à la tête de l’ONU, le 1er janvier dernier.

Lucien Mpama

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