Lire ou relire : « Eglise et engagement social au Congo-Brazzaville » de Barthel Christel Ganaov

Vendredi 18 Septembre 2020 - 13:30

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Prêtre congolais, l'abbé Bartel Christel Ganao est licencié en économie et organisation de l'entreprise de l'Université Marien-Ngouabi de Brazzaville et docteur en théologie morale de l’Academia Alfonsiana de Rome. Il a publié aux éditions L'Harmattan un ouvrage de 260 pages pour éclairer sur le rôle de l'église dans la société congolaise.

Le livre "Eglise et engagement social au Congo-Brazzaville" vient à point nommé dans un pays habité majoritairement de chrétiens. Dès la préface, Maurice Pivot dévoile le but de l'ouvrage, encourager l'adéquation de la vie de foi et l'agir social du chrétien, et en même temps promouvoir le service de la formation de l'être chrétien. Autrement, comment un chrétien doit se comporter dans la société, que ce soit dans sa famille, à son travail, à l'école, au quartier, en politique, dans la vie associative ou ailleurs.

L'auteur part du constat de Ilia Delio, auteur de L'humilité de Dieu, ''qu'une spiritualité qui ne prend pas en compte toutes les dimensions sociales de la foi est vaporeuse et désincarnée". Pour lui, il est possible de vivre une vie authentiquement chrétienne dans la mesure que le Christ, parole vivante de Dieu, est accueilli comme itinéraire et demeure. Le croyant prendrait donc par conviction Jésus-Christ, qui est passé sur terre en faisant le bien, pour modèle, et se référerait à lui pour se forger une conscience droite et une conduite intègre. 

La particularité de sa réflexion c'est qu'elle porte, comme le révèle déjà le titre du livre, sur l'engagement de l'Eglise en faveur de la société congolaise de Brazzaville. Christel Ganao met en évidence la question de l'identité chrétienne dans le microcosme congolais. A l'image du Sénégal où les chrétiens sont souvent considérés comme des gens honnêtes dans l’administration, le Congo rame-t-il dans le même sens?

L'auteur, lui, ne se place pas en juge. Il essaie d'explorer les différentes voies d'expression sociale de l'être chrétien, et propose les manières dignes de s'y prendre. Ainsi, face au phénomène de la pauvreté morale, intellectuelle et sociale, le manque d'initiative et la mauvaise gestion de la part du chrétien entrent dans le cadre des incohérences.

En tant qu'institution humano-divine, ayant  pour mission d'annoncer la parole du salut, l'Eglise, c'est-à-dire tous ses membres, doit toujours aspirer à la perfection de la charité par une conversion permanente. C'est au nom de cette charité qu'elle érige des établissements sanitaires et scolaires pour soigner les corps et éduquer les cœurs. ''Sans conversion, rapporte l’auteur, il n'y a pas de vie chrétienne et d'évangélisation".

Le défi consiste donc à ne pas contribuer aux injustices qui menacent la vie de l'homme sur terre ou l'harmonie sociale. D'où les appels incessants à la prise de conscience, à la solidarité, à la responsabilité ; et les interpellations de l'église contre la xénophobie, l'indifférence, la corruption, la guerre, le tribalisme, l'égocentrisme et la superficialité. Le chrétien, témoin de l'amour du Christ, doit fraterniser avec tout le genre humain et être artisan de paix, promoteur de la vie et du développement, dans la société où Dieu l'a placé et partout où il peut se trouver.

Face à la dégradation des conditions de vie et de la trame morale, l'église y oppose "une éthique de la réalisation du bien commun" et une aspiration profonde à la sainteté. Elle invite les laïcs à s'engager dans toutes les sphères d'intérêt social en y apportant le sel de la charité divine et la lumière de la sagesse éternelle. 

Aubin Banzouzi

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