Lire ou relire: « La blessure » de Fatou Fanny Cissé

Vendredi 7 Septembre 2018 - 20:21

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Paru aux Editions Ceda, l'ouvrage que l’on compte parmi les meilleurs de l'auteur est un roman réaliste qui plonge le lecteur dans un univers traditionnel africain.

L'auteure relate dans un style non pas complexe mais simple et limpide les événements dramatiques dont sera victime Mariéta, l’héroïne éponyme, fille unique de la famille Diakhité, habitants du village Gbinimandzou en pays Mahouka (Côte d'Ivoire).

Mariéta vient d’être pubère et doit commencer une nouvelle vie qui la dispose à l’excision d’une part et au mariage d’autre part. Deux grands événements qui dépassent son entendement. A partir de ces deux centres d’intérêt qui dominent toute l’œuvre, Fatou Fanny Cissé dénonce certaines pratiques encouragées par la tradition et qui causent tant de blessures psychologiques et physiques.

Au nombre de ces pratiques, on compte l’excision, le mariage forcé, les grossesses précoces, etc. Marietta va être excisée, donnée en mariage. Après le mariage, elle sera forcée à donner naissance. Par de multiples essais, elle tentera de convaincre sa mère mais en vain. « Mais maman, les grossesses avant l’âge adulte sont interdites », lit-on.

L’excision vient en premier de toutes ces pratiques sur lesquelles Fatou Fanny Cissé jette son désaveu. Elle consiste à couper, à l’aide d’une lame, l’organe sexuel de la jeune fille afin que celle-ci maîtrise son corps.

Après l’excision, Marietta connaîtra un véritable cauchemar.  Elle devient stérile et vit désormais son mariage difficilement. Sa belle famille veut qu’elle leur donne un petit fils. Mais l’empathie du Dr Adou lui donnera confiance à la vie. C’est lui qui ouvrira les trompes de Marieta bouchées par la substance faite à base de feuille des plantes dont se sert Koumba, l’exciseuse pour cicatriser et désinfecter la plaie.

Ce roman met en opposition la tradition ancestrale et la modernité représentée par la médecine moderne qui sera un véritable remède et l’école. L’école symbolise l’ouverture de l’esprit. Parce que Marieta va à l'école, elle peut dorénavant faire une autre lecture de sa société et juger les us et coutumes. L’école devient, dès lors, son seul recours pour tenter de faire changer l’avis de sa mère, véritable garante des valeurs sociétales. Mais face à un monde qui ne connaît ni l’école ni la transformation qu’opère l’école sur le sujet, la cause de Marieta l’emportera-t-elle ?

Fatou Fanny Cissé, à l’état civil Fatoumata Touré Cissé, est née en Côte d’Ivoire en 1971. Elle est maître de conférences à l’université Houphouët-Boigny de Cocody, en Côte d’Ivoire.

Aubin Banzouzi

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