Lire ou relire : « Le spleen » de Théodore Mampinga

Dimanche 29 Avril 2018 - 20:35

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Le poète trépassé a longtemps enseigné la philosophie dans divers lycées de son pays, le Congo. Il est auteur de "Le spleen", recueil de soixante-quinze poèmes édité par l'Harmattan-Congo en 2014. Sa plume traduit, dans une tonalité épique et pathétique, une profonde aspiration à un monde plus radieux.

Sur quatre-vingt-quinze pages, Théodore Mampinga transporte le lecteur dans la mémoire du temps pour revisiter deux nobles personnages qui ont marqué l'histoire contemporaine de l'Afrique. Sankara et Mandela, dont la mémoire serait trahie par une génération qui n'a su tirer les leçons et prendre le relais. Le poète s'apitoie sur une société qui va du mal en pis.

Dans les bons soldats, le juste et la flamme, il magnifie toutes les personnes anonymes qui militent pour des causes justes à travers le monde. Pour lui, elles entrent dans l'ordre des immortels. Au même titre que le poète, ayant pour vocation d'être la voix des sans-voix, par la dénonciation habile des travers de l'existence. Suscitant des émotions de pitié et d'indignation devant l'expansion des laideurs.

Par ailleurs, l'auteur ne cache pas son attachement à la famille, au village et à la nature, restant marqué par les souvenirs de l'enfance. Le spleen est également cette évocation des réalités traditionnelles qui contrastent à certaines pratiques licencieuses du monde moderne. Dans le poème "Mon champ", il veut valoriser l'activité agricole qui assure le bonheur du paysan.

Cependant, on ne peut plus écologiste, le poète décrit la besogne du chasseur qui décime les espèces, en l'opposant à l’éleveur qui, par son travail, préserve la création. Théodore Mampinga est donc un admirateur du paysage. Il se livre tantôt à une peinture pittoresque des éléments de la nature. Les cataractes, les papillons, le soleil et la lune, le fleuve Niari..., sa plume nostalgique nous dévoile les sentiments que cela lui inspire.

Fin observateur de la société, il nous met à l'école de l'enfant, chez qui nous pouvons imiter l'innocence et la candeur. Chez le père de famille, il met en relief l'autorité fondée sur une sagesse pratique qui lui rend irréprochable. Et dans le même horizon, il exalte le cœur de mère très attentionné et avenant, modèle du véritable leadership.

Le spleen est en fin de compte une cogitation sur la mort, la condition humaine, le sens de la vie et toutes les questions y relatives. Comme remède au tableau insolite qu'offre le monde d'aujourd'hui, le poète suggère l'assainissement et la revalorisation de l'école. L'homme n'est plus mais sa pensée continue à nous parler à travers ses écrits.

 

Aubin Banzouzi

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