L’Italie très critique face au futur mur anti-migrant franco-britannique de Calais

Jeudi 8 Septembre 2016 - 18:18

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

La peur d’une invasion des étrangers fait que l’Europe est désormais traversée de murs de part en part. Grande-Bretagne et France annoncent le leur.  

L’Europe n’est plus que murs désormais. L’écroulement, en 1989, de celui de Berlin qui entraîna la réunification de l’Allemagne, n’a pas fait d’émules. Au contraire : en Macédoine, en Hongrie, en Slovénie, en Turquie et en Grèce, en Bulgarie, des murs ont surgi de terre. L’Espagne, la première, s’était entourée d’un mur d’enceinte dans l’enclave maroco-algérienne de Ceuta et de Melilla. Paris et Londres viennent d’officialiser un projet de mur à partir de Calais.

Les travaux de ce mur destiné à empêcher les migrants de grimper sur les camions à destination du Royaume-Uni vont démarrer prochainement, a déclaré mercredi le ministère britannique de l'Intérieur. Le mur sera haut de quatre mètres et long d’un kilomètre, sur la route nationale française qui conduit au port de Calais. Il coûtera, détail assez dérisoire au vu de la fonction de l’ouvrage, 2,7millions d’euros et devrait s’achever avant fin décembre.

Aux abords de Calais a poussé un camp informel de clandestins, appelé "La Jungle", que les autorités françaises disent vouloir démanteler pour éparpiller sur leur territoire les 6000 à 9000 migrants qui y vivotent. Donc, un nouveau mur va être érigé en Europe, solution jugée efficace pour endiguer les vagues de clandestins qui affluent chaque jour par mer et par voie terrestre pour fuir guerres et misères. Il s’agit de sauvegarder le bien-être que ces hordes de pauvres hères sont soupçonnées de vouloir venir perturber en Occident.

Mais l’Italie, un des pays européens (avec la Grèce) à continuer de subir une forte pression migratoire, se montre sceptique. « La solution, c’est investir en Afrique ; résoudre des crises comme celle en Syrie, et partager le poids de l’immigration au niveau européen. Penser à ériger des murs, chacun chez soi, ne nous conduit nulle part », a réagi le ministre it des Affaires étrangères Paolo Gentiloni, qui se trouvait à Londres justement à l’annonce de cette mesure.

« Il y a eu le projet (abandonné) d’un mur autrichien au tunnel du Brenner, et maintenant ce mur à Calais : une telle manière de voir ne doit pas passer, parce que s’il y a des murs, c’est l’Europe qui disparaît », a souligné son ministre de la Justice, Andrea Orlando. D’une manière générale, le mur de Calais provoque de l’irritation dans la classe politique  de la péninsule: « c’est franchement, à défaut d’autres mots, une honte », s’est insurgée l’ancienne ministre des Affaires étrangères et membre du parti radical italien, Emma Bonino, une parfaite polyglotte connue aussi pour son franc-parler.

Pour le Mouvement 5 Etoiles (M5S), la formation politique eurosceptique qui monte en Italie, un mur à Calais « c’est la énième illustration de la faillite des politiques européennes en matière de gestion des flux migratoires ». Par un communiqué  conjoint, les députés Giuseppe Brescia, Vega Colonnese et Marialucia Lorefice n’y vont pas par quatre chemins : « Tout ceci entretient un faux sens de sécurité qui devient non seulement inutile mais même dangereux, parce que le problème n’est pas abordé de manière structurelle ». Ces élus M5S accusent même leur propre pays, l’Italie, de participer à l’hypocrisie générale.

Lucien Mpama

Notification: 

Non