Littérature : des écrivaines congolaises publient l’anthologie Sirène des sables

Mardi 10 Mars 2015 - 15:00

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Elles sont onze écrivaines de la République du Congo qui se sont réunies pour écrire cette anthologie de nouvelles, de 208 pages, intitulée Sirènes des sables, dont le thème porte sur la sorcellerie, un sujet d’actualité qui ne cesse d’inonder les esprits dans le pays et en Afrique, « un sujet qui fait partie aujourd’hui des sujets les plus chauds qu’on ne saurait éluder».

Parue aux éditions l’Harmattan en France en janvier dernier, l’œuvre qui a été préfacée par le professeur Arlette Chemain-Degrange de l’université de Nice Sophia-Antipolis, militante de la littérature comparative et féminine. Elle a été rédigée par : Marie Léontine Tchibinda, Lydia Evoni, Assia-Printemps Gibirila, Liss Kinindou, Binéka Danièle Lissouba, Evelyne Mankou, Péneloppe-Nathacha Mavoungou-Pemba, Marie-Françoise Moulady Ibovi, Gilda Rosemonde Moutsara-Gambou, Huguette Nganga Massanga et Jussie Nsana.

Sirène des sables est une initiative de Marie-Léontine Tchibinda, bien connue au niveau international, et de Marie Françoise Moulady Ibovi. Le livre a bénéficié du soutien de Péneloppe-Nathacha Mavoungou-Pemba. C’est sur le réseau social que les 11 talentueuses écrivaines se sont rencontrées et ont commencé à échanger et rêver d’un projet d’écriture qui a abouti à cette Anthologie, ont  confié Marie-Françoise Moulady Ibovi,  Huguette Nganga Massanga et Jussie Nsana, trois d'entre elles que les Dépêches de Brazzaville ont rencontré à Pointe-Noire. Sirène des sables, c’est onze nouvelles dont une en bande dessinée, réalisée par la bédéiste Jussie N’sana. Des nouvelles à la fois drôles, dramatiques, éblouissantes, troublantes, bouleversantes, jamais ennuyeuses. Les faits se déroulent au Congo, en France et aussi au Canada.

 Il s’agit de : Le mystère d’Afouma de Lydia Evoni, Albina Kitoko d’Assia Printemps-Gibrila, Sorcière! de Liss Kihindou, Les six doigts de Koumba de Binéka  Danièle Lissouba,  splendeurs et misères de Fifi d’Eveline Mankou, Leshkah et le mystérieux héritage de Pénélope-Natacha Mavoungou Pemba, Oless, l’enfant soi-disant sorcier de Marie Françoise Moulady Ibovi,  L’écrin des retrouvailles de Gilda Rosemonde Moutsara-Gambou, Virtuose d’Huguette Nganga Massanga,  Lady Kimpa V. de Marie-Léontine Tchibinda et l’épilogue de Jussie Nsana intitulée Lukaya.

Dans cette  anthologie les écrivaines ont abordé le thème de la sorcellerie de façon diverse, chaque nouvelle traitant d’un aspect précis et des faits bien particuliers. De ceux qui se livrent à la sorcellerie, à ceux qui s’y retrouvent involontairement, en passant par ceux qui sont accusés à tort de sorciers, de nombreux enseignements et leçons sont à tirer desdites nouvelles. Dans Virtuose par exemple, Huguette Nganga Massanga relate l’histoire d’une femme à la recherche d’un mariage et qui se confie à son pasteur. Ce dernier ayant promis monts et merveilles à plusieurs de ses fidèles, femmes bien sûr, et voulant démontrer ses capacités de pasteur, organise un scénario qui tourne mal. Après cet échec, la femme voulant à tout prix avoir chaussure à son pied, va se livrer à des manigances, des plans machiavéliques qui vont finalement causer sa chute. Une des leçons à tirer de cette nouvelle, a indiqué Huguette Nganga Massanga est qu’ « il ne faut pas penser que les églises doivent apporter toutes les solutions à tous nos problèmes. Il faut savoir être patient dans la vie et ne pas vouloir à tout prix avoir tout ce que l'on veut et tout de suite.»

Comme l’indique son titre, Oless, l’enfant soi-disant sorcier est une nouvelle qui parle des enfants souvent accusés de sorcier du fait qu’ils sont physiquement différents des autres. C’est le cas d’Oless qui est considéré comme un sorcier du fait qu’il est né avec un bec de lièvre.  Pour Marie Françoise Moulady Ibovi,  auteure de cette nouvelle, « ce n’est pas parce qu’on n’arrive pas à expliquer certaines choses tout de suite qu’on doit conclure que c’est de la sorcellerie». Et Lukaya ( la feuille) bande déssinée de Jussie Nsana, c'est l'histoire d’un beau père qui accuse sa belle fille de vouloir le tuer avec une feuille qu'il découvre dans le repas qu'elle lui a servi. Une feuille, pourtant régulièrement utilisée par les femmes en cuisine, mais qu'il ne reconnaît pas.  Comme quoi lorsqu’on ne connaît pas il faut se renseigner et ne pas tirer des conclusions hâtives, souligne Jussie N’sana.

Notons que les fonds qui seront recueillis de la vente de cette anthologie serviront à soutenir des œuvres et des actions culturelles et artistiques dans le pays. De ce fait, Huguette Nganga Massanga a lancé un appel : « J’invite les lecteurs et public congolais à acheter cette Anthologie pour contribuer au développement de l’art et de la culture du pays. C’est pour cette raison que nous avons écrit cette œuvre.»

L’Anthologie Sirène des sables est déjà en vente sur internet, notamment sur le site de l’Harmatan.  

Lucie Prisca Condhet N’Zinga

Légendes et crédits photo : 

-L'ontologie Sirène des sables -De gauche à droite: Jussie N'sana, Marie-Françoise Moulady Ibovi, Huguette Nganga Massanga