Livres : un essai sur « L’impact criminogène de la CPI en Afrique »

Mercredi 21 Novembre 2018 - 18:33

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Le nouvel ouvrage d’Eric Weber intitulé «L’impact criminogène de la CPI en Afrique » va certainement relancer, une fois de plus, le débat sur la justice internationale et, particulièrement, sur la Cour pénale internationale (CPI).

 L'essai apporte un aperçu relatif au fonctionnement et à l’opérationnalisation de cette Cour en Afrique. La méthodologie utilisée par l’auteur permet au lecteur de s’imprégner de l’évolution temporelle de l’objet poursuivi par cette institution internationale dont la mission principale vise la restauration de la véritable justice et la dissuasion des crimes futurs. Les études et analyses faites dans ce livre ont, pour entre autres finalités, de « proposer certaines réformes pouvant favoriser l’émergence d’un continent que les Africains souhaitent paisible ».

Au sujet de son rôle d’imposer les sentences pouvant rétablir la justice et dissuader les crimes futurs, indique Eric Weber, la CPI s’avère être un outil de justice indispensable pour l’Afrique, car personne n’a le droit de mettre fin à la vie de son prochain. Mais après la création de cette instance internationale, constate l’auteur, l’impartialité de la Cour concernant les dirigeants africains a commencé, au fil des temps, à se faire ressentir. Pour lui, la poursuite des génocidaires et autres individus ayant commis des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre est fortement entachée d’obligations morales et de devoir légal de la CPI. Cependant, l’approche criminologique de cet ouvrage se concentre sur l’évaluation de la Cour plutôt sur la base de ses résultats en Afrique. Ainsi, l’analyse passe donc de la justice basée sur le devoir moral à celle basée sur les résultats liés à la théorie de la dissuasion des crimes encrés dans l’objectif principal de la CPI.

L’auteur justifie l’impact criminogène de la CPI en Afrique en s’appuyant sur le conflit conceptuel qui existe entre les légalistes et les criminologues. Les premiers le définissent comme un acte rationnel, tandis que les seconds appréhendent le crime en prenant en compte ce qui a précédé le crime.  Ce qui explique qu’un acte criminel peut avoir -pour celui qui l’a commis- une signification importante et différente, en analysant les éléments déclencheurs pouvant faciliter cet acte.

Contrairement au jugement des crimes sur la base des définitions légales élaborées par les décideurs politiques pour subvenir à leurs agendas, l’approche criminologique empruntée tend à analyser l’état psychologique du «criminel» afin de démontrer le lien de causalité entre les poursuites de la CPI et la montée des crimes contre l’humanité en Afrique. Et Eric Weber l’explicite en épinglant deux indicateurs émotionnels latents dans le chef des dirigeants et dignitaires africains ciblés par la CPI. Ceux-ci les ressentent une fois arrivés aux termes fixés par la Constitution de leurs pays. Allusion faite ici à l’humiliation et à l’injustice, mais aussi à la peur qui comporte en elle la capacité de déclencher les prédispositions naturelles d’auto-défense pouvant engendrer le crime.

Quelques pays africains, dont les dirigeants ont modifié la Constitution où ont tenté de la modifier pour bénéficier de l’immunité perçue dans l’analyse de cet ouvrage comme moyen légal pour éviter les poursuites et l’incarcération à la CPI, sont la preuve indubitable des réactions contre l’humiliation, l’injustice mais aussi la peur ressenties par les concernés. C’est à ce stade qu’Éric Weber situe la source d’entraves d’une alternance et d’un avenir paisible dans bon nombre des pays africains où, selon lui, les accessions au pouvoir ont été précédées des rebellions entérinés par cette même communauté internationale. En conclusion, Eric Weber propose quelques recommandations pouvant conduire à la reforme impérative de la CPI au bénéfice d’une justice internationale, pour l’intérêt de la paix et d’une alternance pacifique en Afrique.

Martin Enyimo

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