L’opposition radicale poursuit-elle son plan de déstabilisation ?

Lundi 4 Avril 2016 - 15:45

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L’attaque armée dans la nuit du 3 au 4 avril des commissariats de Police des quartiers sud de Brazzaville par des hommes armés participe-t-elle du plan de déstabilisation des institutions de la République concocté de longue date par l’opposition radicale ? En attendant d’avoir des informations plus détaillées sur le cours de ces événements violents, quelques faits assez troublants rapprochent de cette hypothèse. Voici comment.

Au lendemain de la proclamation des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 20 mars qui donnent le président sortant vainqueur, avec 60,39% cinq des neuf candidats les ont collectivement contestés. Agissant tous au nom de leurs plateformes politiques, l’IDC et le FROCAD, Jean-Marie Michel Mokoko, Guy-Brice Parfait Kolélas, André Okombi Salissa et Claudine Munari, sans en référer à la Cour constitutionnelle, juge du contentieux électoral, demandaient à la population d’être «  à l’écoute de leurs mots d’ordre ». Ils appelaient ensuite à des opérations « villes mortes » sur l’étendue du territoire national.

La journée du 29 mars choisie pour ces opérations n’a pas emporté le succès escompté par les initiateurs. A leurs yeux, cette tentative devait être poursuivie par d’autres, sous diverses formes comme ils le promettaient. En tous points de vue, cette posture plaçait les intéressés dans une logique de dénie des lois de la République dictée sans doute par une volonté d’en découdre par tous les moyens. C’est dans le même but de décrédibiliser les institutions établies que l’IDC-FROCAD a rendu publics, le 2 avril, ce qu’il a appelé, « les vrais  résultats » du scrutin du 20 mars.

Résultats électoraux à sens unique

Ceux-ci porteraient sur 80% du corps électoral mais n’y ont été révélés que les suffrages récoltés par deux candidats des deux groupements. Ainsi, Guy-Brice Parfait Kolélas serait arrivé en tête avec 30,1 % et Jean-Marie Michel Mokoko, avec 28, 6 %. Il n’y a aucune ligne sur les chiffres réalisés par les sept autres candidats, quand bien même, les signataires du document assuraient qu’un deuxième tour serait « irréversible » entre Kolélas et Mokoko.

Quand pourrait-il être organisé, et par quelle institution ?, rien de bien précis n’est écrit là-dessus en dehors de la promesse faite par la commission électorale de l’opposition de parachever la publication de ses résultats notamment les 20% restants.  On peut tout de même relever une contradiction flagrante dans cette façon de faire de l’opposition radicale dès lors que l’un de ses candidats, en l’occurrence Guy-Brice Parfait Kolélas, arrivé deuxième d’après les résultats du ministère de l’Intérieur a déposé un recours en annulation devant la Cour constitutionnelle.

Volonté d’en découdre

Les assaillants dont certains seraient habillés en uniformes militaires et porteraient des kalachnikovs neuves qui sont passés à l’acte le 4 avril, d’où viennent-ils ? D’après les premières informations, il n’y a pas de doute, ils émargeraient dans les effectifs de l’ex-chef rebelle Frédéric Bintsamou, alias Pasteur Ntoumi. Devenu depuis 2009 délégué général chargé de la réparation des séquelles de guerre au cabinet du président de la République, le pasteur Ntoumi vit retranché dans le Pool où il disait occupé à faire prospérer des activités agricoles et d’élevage. Mais il n’a presque jamais désarmé.

L’on se souvient que le 16 mars dernier, des incidents armés graves avaient manqué de se produire lorsque Ntoumi, allié de Guy-Brice Parfait Kolélas, venait soutenir la campagne de ce dernier à Brazzaville bardé d’hommes armés. Interdits de passer un barrage aux portes de la capitale, ses hommes avaient créé une forte agitation qui s’était soldée par quelques blessés dans les rangs de la force publique.

Dans l’attaque du 4 avril, évidemment ils ont  donné la mort aux éléments de la force publique qui se trouvaient à leur poste de travail à Mayanga, dans le 8e arrondissement de Brazzaville, Madibou.  Ils ont également incendié la mairie de Makélékéle, et certains commissariats de Police de la zone sud de Brazzaville. Cela rappelle les événements du 20 octobre 2015 où les mêmes édifices publics avaient été pris pour cibles par les partisans de l’opposition qui manifestaient contre le référendum constitutionnel.

La population civile exposée

La logique de la déstabilisation est peut-être le moyen trouvé par l’IDC-FROCAD pour parvenir à ses fins. Le fait est que, comme il y a vingt ans, lorsque le Congo était plongé dans un cycle de violences inouïes, les populations civiles étaient les premières à en payer le lourd tribut. Depuis la nuit du 4 avril, l’errance a commencé pour les habitants des quartiers sud de la capitale, alors que comme les autres populations du Congo, ils ne demandent qu’à vivre en paix.

Et même s’ils ne déclarent pas encore officiellement soutenir la terreur instaurée par les ninjas, les dirigeants de l’opposition radicale, qui ont appelé à la désobéissance civile et à l’insurrection pourront difficilement se disculper devant l’ampleur que prendront les violences dans le pays. A moins qu’ils choisissent le plus rapidement possible de prendre leurs distances avec ces assaillants, dont on dit que certains d’entre eux seraient des étrangers, donc des mercenaires.

 

 

 

 

Les Dépêches de Brazzaville

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