Lubumbashi : deux associations dénoncent des abus majeurs des droits humains

Lundi 15 Octobre 2018 - 16:50

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

L’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) et l’Institut de recherche en droits humains (IRDH) ont fustigé des tirs à balles réelles en direction des militants de l'opposition, le 13 octobre, en marge de leur meeting dispersé et attendent d’ouvrir une enquête ainsi que des poursuites contre les policiers présumés auteurs. 

 

 

 

L'Acaj et l'IRDH ont relevé, dans un communiqué conjoint  du 14 octobre, quatre atteintes majeures aux droits de l’homme commises par les autorités lors de la manifestation publique qu'entendaient organiser, à Lubumbashi, des candidats de l’opposition à l’élection présidentielle du 23 décembre prochain. Ces deux organisations ont, en effet, rappelé que ces leaders devaient s’adresser à leurs membres et sympathisants sur les questions qui font l’objet de divergence avec la Commission électorale nationale indépendante (Céni), principalement « l’illégalité de l’usage de la machine à voter » et « le sort de plus de dix millions d’électeurs sans empreintes digitales ». Cependant, ont-elles fait remarquer, le jour du meeting, le représentant du regroupement politique « Ensemble pour le changement » pour le Grand Katanga, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, a été mis en résidence surveillée; la tenue de ce meeting a été obstruée ; l’écran géant et autres matériels électroniques de projection d’image ont été saisis, tout cela au mépris de la loi, sans oublier des tirs à balles réelles de la police, sans sommation préalable, dirigés contre un candidat à l’élection présidentielle, des sénateurs, députés et sympathisants de l’opposition.

La résidence surveillée imposée à Kyungu wa Kumwanza, dans sa propre parcelle du quartier Lac Kipopo, du 12 au 13 octobre, constitue, selon  l’IRDH et l’Acaj, une restriction illégale de liberté d’aller et venir, en  violation de l’article 9 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui dispose que nul ne pouvait être arbitrairement arrêté ni détenu, alors que l’article 17 de la Constitution de la République disposait que la liberté individuelle est garantie. 

Obstruction à une réunion publique

Les deux associations font également savoir que le 13 octobre, le maire par intérim de la ville de Lubumbashi, Laurianne Kalombo Mwewa, a illégalement empêché la tenue d'une réunion publique de l’opposition. Dans un communiqué officiel publié le 12 octobre, vers 21 h 30 mn, ont-elles souligné, le maire par intérim a écrit :  « Pour question d’harmonisation par les organisateurs et pour des raisons d’ordre sécuritaire, ladite manifestation est reportée à une date ultérieure ». Ce qui, ont-elles indiqué, était en contradiction avec la lettre du maire de Lubumbashi du 9 octobre, prenant acte de l’organisation de cette réunion. Aussi ont-elles souligné que le maire adjoint a évoqué des raisons d’ordre sécuritaire, sans les citer, au lieu de prendre des dispositions d’encadrement de la manifestation comme la loi l’exige et, enfin, elle a ordonné le report d’une réunion, sans en être organisatrice ni en avoir le pouvoir, sans préalablement ni conférer avec les organisateurs ni leur faire signifier sa décision dans les formes prescrites par la loi.

Les deux ONG ont regretté, en outre, que la police nationale congolaise ait procédé à la confiscation de l’écran géant préparé pour l’évènement, sans aucune décision de justice. Pour elles, la police a violé les règles de procédure pénale en matière de saisie des biens non employés à la commission d’une infraction et surtout l’article 34 alinéas 1, 2 et 5 qui dispose que « la propriété privée est sacrée. L’Etat garantit le droit à la propriété individuelle ou collective acquis conformément à la loi ou à la coutume. Nul ne peut être saisi en ses biens qu’en vertu d’une décision prise par une autorité judiciaire compétente ».

L'Acaj et l'IRDH ont signifié également que des agents de la police ont ouvert le feu, à balles réelles, en direction du candidat à l’élection présidentielle, le député Martin Fayulu, qu’accompagnaient certains sénateurs et députés. Un acte qu'ils ont vivement condamné, estimant qu'il a failli plonger le pays dans un cycle de violentes protestations,  au cas où une balle aurait fauché soit la vie de Martin Fayulu ou d’un des parlementaires qui étaient avec lui. 

Face à ces réalités, elles ont exhorté les parties prenantes au processus électoral, principalement le Front commun pour le Congo, la Céni, la Coalition des candidats de l’opposition ainsi que la société civile à se pencher, en toute urgence, sur le fonctionnement de la Commission technique chargée de résoudre les questions politiques liées au processus électoral. Elles attendent de l’auditeur supérieur de Lubumbashi l'ouverture d'une enquête et des poursuites contre les policiers présumés auteurs des tirs à balles réelles dans la direction du candidat Fayulu, la sénatrice Bazaïba et les députés nationaux.

Lucien Dianzenza

Notification: 

Non